Voyage de Marseille à Tahiti en 1951 : carnet de bord
En 1951, à l’âge de 18 ans, ma mère, Colette, voyagea de Marseille à Tahiti à bord du Changchow, un navire de la compagnie des Messageries Maritimes. Elle raconta son voyage dans un journal de bord.
Le journal de bord de Colette
En 1951, Colette, ma mère, est partie pendant un an à Tahiti en tant que fille au pair pour accompagner des amis.
Elle est partie en bateau depuis Marseille et a raconté sa traversée grâce à un journal de bord très détaillé avec des photos et des documents qu’elle a glanées au fil de la navigation.
Aller à Tahiti en 2023 reste un voyage exceptionnel que peu de gens font. Alors, vous vous doutez que cela était encore bien plus vrai en 1951 !
J’ai ressenti une certaine émotion à la lecture de son carnet de bord car il a maintenant une valeur historique. Dans cet article de mon blog, j’ai donc tenté de restituer l’esprit de cette traversée sur le Changchow tel qu’elle a pu le vivre à l’époque !
Ce voyage hors norme a nourri notre imaginaire d’enfant à ma sœur et moi-même lorsque notre mère nous le racontait. Il explique en partie pourquoi nous avons tant voulu partir à la découverte de notre planète comme je le raconte dans « mon histoire ».
Colette a aujourd’hui près de 90 ans. Elle avait tout juste 18 ans quand elle est allée à Tahiti.
Tous les textes en couleur corail indiquent un lien interne ou externe.
Une opportunité de voyage à Tahiti pour ma future mère
En 1951, Colette vient tout juste d’avoir 18 ans et son amie Kiki lui propose de partir avec elle à Tahiti, comme fille au pair, car son mari, Gérard Pellé, vient d’être nommé à la représentation des Messageries Maritimes
Colette habite encore chez ses parents en région parisienne, aussi, même si l’aventure lui fait un peu peur, elle n’hésite pas longtemps pour répondre favorablement à son amie.
La compagnie des Messageries Maritimes est une des plus prestigieuses compagnies maritimes françaises comme l’annonce le descriptif retrouvé dans une revue interne de l’armateur en 1951. (source : Frenchlines.com)
Convaincre les parents de Colette (mes grand-parents !)
Le plus difficile fut de convaincre les parents de Colette de voir s’en aller leur fille à l’autre bout de la planète.
Il faut se remettre dans le contexte de l’époque. La Seconde Guerre mondiale ne s’est arrêtée que six ans avant. L’Europe a enclenché une grande reconstruction, mais les stigmates du conflit sont bien présents. La vie de tous les jours est très compliquée pour tout le monde.
Mes grands-parents savent que le seul moyen de communiquer avec leur fille sera de rares lettres qui mettront de nombreuses semaines à arriver. Pas de téléphone et encore moins d’internet ! Ils sont inquiets de voir partir leur fille aussi loin. De plus, à cette époque, la majorité n’est qu’à 21 ans, les femmes n’ont le droit de vote que depuis sept ans et une demoiselle de 18 ans est à peine mieux considérée qu’une enfant !
Mais Kiki est persuasive et le projet de voyage peut se réaliser. Colette sera pendant un an fille au pair pour aider Kiki avec ses enfants Brigitte, deux ans, et Catherine, trois mois.
En 1951 : pas d’aéroport à Tahiti ! On y va en bateau pour un mois de navigation.
Le bateau est le seul moyen d’aller à Tahiti en 1951.
Aller en avion est tout simplement impossible, car il n’y a pas d’aéroport ! Celui de Papeete ne sera inauguré qu’en 1960 avec l’arrivée d’un DC7 de la compagnie TAI. Il faudra donc un mois de voyage pour Kiki, Gérard et Colette pour se rendre à destination !
Depuis Paris, ils devront d’abord rejoindre, en train, leur navire à Marseille. Ensuite, le bateau fera escale à Alger avant la traversée de l’Atlantique jusqu’aux Antilles. Des escales sont prévues en Guadeloupe, en Martinique et aux Antilles néerlandaises. Puis, ce sera le passage du canal de Panama avant une longue navigation dans l’océan Pacifique. Partis de Paris le 26 juillet, ils n’atteindront Papeete à Tahiti que le 29 août !
Comme le navire offre un service mixte, même si on leur promet que le bateau est confortable, ils savent que le fret sera prioritaire sur les passagers. Ce qui veut dire que les escales sont prévues pour le chargement et le déchargement des marchandises et non pour les distraire. Ils devront s’adapter !
Un départ de la Gare de Lyon à Paris qui fait bien ordinaire pour un voyage extraordinaire !
Vendredi 27 juillet 1951 — Le soir du grand départ pour ce voyage exceptionnel arrive ! Mes grands-parents emmènent Colette, Kiki et Gérard à la gare de Lyon à Paris. Les adieux sont émouvants, mais aussi étranges, car personne ne réalise que nos voyageurs s’en vont à l’autre bout du monde ! Accompagner des proches à la gare est quelque chose de bien banal dans les années 50.
En 1951, les moyens de transport sont encore faits de bric et de broc avec du matériel qui a pu échapper à la guerre. C’est vrai pour les trains, comme les bateaux ou les avions.
Laroche-Migennes et ses locomotives à vapeur
De Paris à Marseille, la ligne n’est électrifiée que jusqu’à Laroche-Migennes. C’est une gare située au milieu de la Bourgogne que tout le monde a oubliée de nos jours, mais qui était bien connue à l’époque comme un important dépôt ferroviaire qui a employé près de 1500 cheminots. De Laroche-Migennes à Marseille, la traction se fait ensuite à la vapeur !
Il faut donc presque 10 heures à nos amis pour rejoindre la cité phocéenne. Au milieu de l’été, dans de vieux wagons non climatisés, le trajet est éprouvant. Ils voyagent en voiture de places assises en seconde classe, car il n’y avait plus de couchettes disponibles.
Les photos sont issues des archives de la SNCF.
Marseille : déjà un parfum d’exotisme
De bon matin, c’est bien fatigués que Kiki, Gérard et Colette arrivent à la gare de Marseille Saint Charles après une nuit de voyage bien éprouvante.
Mais dans la fougue de leur jeunesse et l’excitation du voyage, ils vont quand même à la découverte de Marseille avant de rejoindre leur bateau qui doit partir en fin d’après-midi.
Ils sont tout de suite séduits par son cadre grandiose grâce à la large ouverture de sa baie vers la mer et les iles du Frioul.
La ville est très animée avec un nombre incroyable de nationalités. Dans la France du début des années 50, ce côté cosmopolite est encore rare.
Colette, Kiki et Gérard déjeunent sur une terrasse du Vieux-Port. Devant eux, c’est un défilé incessant de vendeurs ambulants et de saltimbanques de tous les pays de la Méditerranée. Ils trouvent ça très folklorique par rapport à Paris.
Puis, passage obligé, ils montent jusqu’à la Bonne-Mère pour faire bénir leur traversée. De là, ils ont une vue extraordinaire sur tout le port qui s’étend sur de nombreux kilomètres au nord de la ville.
Au loin, ils aperçoivent le Changchow, à quai, qui les attend pour leur périple d’un mois qui les emmènera à Tahiti.
Embarquement et découverte du Changchow
Colette, Kiki et Gérard prennent ensuite un taxi pour se rendre au port et embarquer. Les formalités administratives de départ se font sans difficulté et ils se retrouvent vite à bord du Changchow.
Le Changchow est un navire anglais qui était prévu pour desservir la Chine, mais avec la révolution communiste il ne peut plus le faire. Aussi, il a été affrété par la compagnie des Messageries Maritimes pour naviguer entre la France et le Pacifique en attendant la réception de nouveaux bateaux, car la grande majorité de sa flotte a été détruite pendant la guerre.
Le Changchow est un navire mixte, cargo et passagers, flambant neuf, plutôt petit avec ses 140 m de long et d’apparence racée grâce à une ligne de flottaison basse. On y trouve quatre ponts seulement.
Le bateau n’offre que deux types de cabines :
- la Première classe réservée à 48 privilégiés.
- la Troisième classe qui accueille 200 passagers qui sont surtout des migrants qui ont l’espoir de refaire leur vie ailleurs.
Curieusement pour nous aujourd’hui, il n’existe pas de Deuxième classe sur le Changchow, car après-guerre, les classes intermédiaires ne voyagent encore que très peu.
L’équipage du Changchow est cosmopolite. Les officiers sont anglais, les matelots chinois et le personnel commercial est français.
Gérard étant un cadre des Messageries Maritimes, nos amis ont la chance de pouvoir voyager en première classe.
Colette doit partager sa cabine avec une célibataire d’une soixantaine d’années au comportement un peu étrange. Une pipelette qui n’en laissera pas placer une à ses compagnons de traversée et colportera les moindres ragots pendant le mois que va durer le trajet jusqu’à Tahiti. Elle utilise un pendule pour vérifier si le broc d’eau apporté par le steward est bien potable ! Un vrai personnage de roman. Colette la surnomme très vite « la médium » !
Le Changchow quitte Marseille pour Alger, première escale de son long voyage vers le Pacifique
Nous sommes samedi 28 juillet 1951 à 16 h 45. Une première sirène retentit pour informer tous les accompagnants qu’ils doivent descendre du bateau. C’est le grand départ pour Colette vers une nouvelle vie !
Elle examine pensivement le programme de la navigation qui semble interminable. Et pourtant en s’arrêtant à Papeete le voyage du Changchow sera loin d’être terminé jusqu’à sa dernière destination : Sydney. Le navire ne reviendra à Marseille que fin novembre après presque quatre mois de navigation !
Le Changchow quitte avec majesté la magnifique rade de Marseille.
Comme le veut la tradition, une rumeur court à bord qu’un passager clandestin serait à bord ! Cette information, non démentie, sera vite oubliée.
Malheureusement, Colette se rendra bientôt compte que le bateau roule beaucoup et provoque un mal de mer chez de nombreux passagers, dont elle. La raison est que ses cales sont très chargées et lourdes avec le fret alors que les ponts supérieurs réservés aux passagers sont trop légers. Le Changchow est rapide, mais pas très confortable.
Les haut-parleurs demandent aux passagers de retarder leur montre d’une demi-heure pour se mettre à l’heure de la première escale : Alger.
Découverte de la cabine de la Première classe du Changchow : un confort sans luxe
Une fois le bateau en mer, Colette passe en revue le nouvel environnement de sa cabine et c’est une bonne surprise, car le navire est presque neuf.
Un très joli bois de cerisier recouvre les murs des couloirs et des cabines. Le plastique n’a pas encore envahi l’ambiance des bateaux. Deux lits simples sont séparés d’une coiffeuse qui sert aussi de commode. Sur l’un des murs, une fenêtre, ou plutôt un sabord, protégé par une moustiquaire et des persiennes, ouvre sur le pont.
Une grande nouveauté : la climatisation
Comme dans tout le navire, des bouches d’air froid localisées au-dessus des couchettes ventilent les cabines. La climatisation est encore tout à fait inhabituelle et crée la surprise parmi les passagers.
À côté des lits, on trouve un fauteuil et un tabouret en rotin tendus de toile verte et blanche. Un moelleux tapis vert recouvre le sol en linoléum. L’ensemble est plutôt élégant.
En face des lits se situent un lavabo et un broc d’eau potable que remplira chaque jour le steward attitré. Même en Première, les douches ou baignoires et les WC sont à l’extérieur pour un usage commun.
Une vaste armoire complète l’aménagement. À l’intérieur, Colette repère les gilets de sauvetage qui ne la rassurent pas, car cela lui rappelle qu’un bateau peut faire naufrage.
Les photos intérieures du bateau sont celles du MS Taiyuan qui a été construit à la même époque et par le même constructeur. Elles donnent une bonne idée de ce qu’était le Changchow (source : ssmaritime.com)
Première escale à Alger la blanche
Le Changchow atteint sa première escale, Alger, après une nuit et une petite journée de navigation. L’Algérie est une florissante colonie française et on ne parle pas encore d’indépendance.
Le bateau va rester à quai pendant près de trois jours pour embarquer sa cargaison de vin, papier, légumes, fruits et viande à destination de Tahiti, Nouvelle-Calédonie et Australie.
À la descente du bateau, nos trois amis reçoivent un télégramme de bienvenue du père de Colette adressé depuis Paris. Ce sera le seul contact avec sa famille pendant tout le voyage.
Alger la blanche s’étend autour d’une rade. Mais derrière la façade de belles rues à l’architecture Haussmannienne et des arcades bien entretenues avec des succursales de magasins parisiens, Colette découvre des quartiers plus pauvres et sales qui se cachent. C’est l’envers du décor de la colonisation dont on parle peu en métropole.
Un ami de Gérard, un général de l’armée française, amène Colette, Kiki et Gérard en voiture sur la colline qui surplombe Alger d’où la perspective sur la rade est magnifique. La promenade s’achève au cercle militaire qui est un joli bâtiment de style mauresque avec des jardins intérieurs dans des cours qui ressemblent à des cloitres.
Le deuxième jour, Colette, Kiki et Gérard vont visiter la Casbah avec ses nombreuses boutiques où les marchandises s’étalent autant à l’intérieur que dans les rues. Colette se sent oppressée par la foule bigarrée qui se bouscule. Paris semble bien loin…
Les photos, ci-dessous, ont été prises par Gérard.
La découverte d’Alger se termine par la cathédrale Notre-Dame d’Afrique du style romano-Byzantin un peu particulier, mais qui, de son parvis, offre une magnifique vue sur la mer.
Mais le troisième jour est vite arrivé et il faut déjà rembarquer pour la traversée de l’Atlantique.
Jusqu’au départ, les vendeurs à la sauvette cherchent à vendre aux passagers des tapis, bijoux, foulards ou autres pacotilles. Même après qu’ils aient dû quitter le bateau, ils lancent leurs marchandises attachées à des cordes sur le pont. Leurs clients leur retournent l’argent de pareille façon ! Le spectacle amuse Colette.
Le rocher de Gibraltar avant les dix jours de traversée de l’Atlantique
Colette, Kiki et Gérard se retrouvent pour leur second diner à la salle à manger des Premières classes. Dans une jolie pièce spacieuse et lumineuse, les convives sont regroupés autour de sept tables rondes (rectangulaires sur le MS Taiyuan). La vue vers l’avant du bateau est spectaculaire.
Des cercles en bois entourent les tables pour pouvoir être relevés lorsque la mer est agitée et éviter que la vaisselle glisse par terre. En cas de forte tempête, il est même prévu de fixer les chaises à une chaîne !
L’essentiel des provisions a été embarqué à Marseille et stocké dans une immense armoire froide. Le ravitaillement en escale ne sera que d’appoint comme pour le poisson qui ne peut être conservé le temps de la traversée.
L’équipement très moderne de la cuisine surprend Colette, car en 1951 les particuliers ne disposent pas encore de réfrigérateur, de mixer, de plaques chauffantes électriques ou de machine à moudre le café.
Les repas sont excellents et copieux. Comme l’écrira malicieusement Colette « Les visages s’arrondiront au fur et à mesure du voyage ! ». Les restrictions de la guerre qui ne s’est achevée que six ans auparavant semblent déjà loin.
Le Changchow passe près de Gibraltar avec son fameux rocher qui surplombe le détroit tel une énorme et sombre sentinelle qui monte une garde farouche.
Puis c’est la longue traversée de l’Atlantique jusqu’à Pointe-à-Pitre. Ce sont dix jours de mer qui vont se ressembler. Avec la chaleur de l’été, une certaine langueur va s’installer parmi les passagers.
Seuls les repas rythment le voyage. Ils sont servis chaque jour à des heures fixes : de 7 h à 9 h pour le petit-déjeuner, à midi pour le déjeuner et à 19 h pour le diner. Un thé sera également proposé à 16 h.
Les enfants ne mangent pas avec les adultes et sont conviés à des services dédiés pour eux à 11 h et 18 h. J’imagine la surprise des parents d’aujourd’hui si on leur suggérait une telle organisation !
Tous les deux ou trois jours, les horloges sont avancées sur un nouveau fuseau horaire. L’adaptation est très progressive et le sentiment de « jet lag » encore inconnu !
De rares distractions à bord
L’ennui est certainement la forme de distraction la plus répandue chez les passagers !
Le Changchow est un navire mixte et l’animation n’est pas la première préoccupation de l’équipage. Le personnel chargé du confort des passagers est sous l’autorité d’un commissaire de bord pas très accommodant. Il sera surnommé « Pisse-vinaigre » par Colette !
En effet, il n’organisera que deux soirées dansantes pendant tout le trajet au grand dam de Colette et à la grande déception de tous, il ne marquera même pas le franchissement de l’équateur d’un événement particulier.
Chaque jour Colette reçoit un petit carton qui lui indique la situation du Changchow et sa vitesse de navigation. Ainsi le 2 août le navire avance à 15,02 noeuds soit environ 28 km / heure.
Le pont extérieur n’est pas très vaste et Colette en réalise vite le tour. Des chaises longues sont disposées un peu partout pour se reposer et rêver en regardant la mer à condition que les enfants ne les dérangent pas. En effet, ces derniers n’ont pas d’espace pour eux et aucun jeu adapté. Comme l’écrit Colette dans son journal de bord « ils ennuient les grandes personnes et celles-ci gênent leurs ébats ».
Il est possible de pratiquer le jeu de palet qui consiste soit à lancer des petits disques dans des carrés numérotés ou à les pousser avec une sorte de râteau.
Bien sûr, à cette époque, pas de cinéma ou de télévision sur le navire. Il vaut mieux pour les passagers d’avoir prévu d’emmener une bonne provision de livres avec eux-mêmes si la bibliothèque de bord est bien fournie.
Le salon et la salle de jeux de la Première classe : « adult only »
Le salon est cosy dans un style très British avec ses fauteuils en cuir et en rotin. Des boissons peuvent être commandées au barman qui inscrit les consommations sur une petite fiche que le client réglera à la fin du voyage.
Deux jolis bureaux permettent aux passagers d’écrire leur correspondance.
La salle de jeux consiste en quatre tables de bridge où se retrouveront les passionnés pour d’interminables parties de cartes.
L’accès des deux est strictement interdit aux enfants !
Voyager en Troisième classe à bord du Changchow : promiscuité !
De la Troisième classe, Colette n’en apercevra que le pont extérieur où les voyageurs ont leurs chaises longues entassées les unes contre les autres sans espace pour se dégourdir les jambes.
Les mondes des Première et Troisième classes ne se mélangent pas. Chaque classe a sa propre salle à manger, son salon et son pont extérieur qu’elle ne partage pas avec l’autre classe.
Voyager en Troisième classe sur le Changchow est très spartiate. Les passagers sont regroupés dans des cabines de six ou huit passagers avec des lits superposés.
Les repas sont copieux mais bien moins élaborés qu’en Première classe.
Les espaces sanitaires sont communs, mais proportionnellement en plus petit nombre qu’en Première classe.
Un voyage avec de telles conditions de promiscuité n’était certainement pas évident.
Le carnet de bord de ma mère ne mentionne aucun Leonardo di Caprio qui serait venu la rejoindre clandestinement !
Après l’Atlantique, arrivée aux Antilles, en Guadeloupe
Après dix jours de navigation, ce n’est qu’avec une heure et demie de retard que le Changchow arrive à l’escale de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe.
Le bateau se faufile jusqu’au port entre l’imposant volcan de la Soufrière situé à Basse-Terre et la ville de Pointe-à-Pitre. Colette découvre, pour la première fois de sa vie, des cocotiers.
Des barques de pêcheurs viennent à la rencontre du Changchow. Après dix jours de mer, elle raconte que cela fait du bien de voir de nouvelles têtes !
La première impression de Colette de Pointe-à-Pitre est une petite ville avec des maisons en bois sans étage qui semblent mal entretenues et prêtes à s’écrouler et la saleté est malheureusement très courante avec des rues jonchées de détritus.
Une fois descendus du bateau, les passagers se rendent au marché de Pointe-à-Pitre chatoyant et typique. C’est la découverte des nombreux fruits tropicaux comme les bananes ou les ananas encore peu présents en métropole. Les femmes sont joliment habillées de longues jupes avec en dessous de magnifiques jupons en dentelle et des couleurs vives. Elles portent sur la tête des madras.
Colette tombe sur une procession de femmes avec des paniers remplis de fruits où sont accrochés des ustensiles de cuisine pour poupées ! Le cortège se dirige vers l’église Saint-Pierre et Saint-Paul pour célébrer la fête des cuisinières. Une fête qui existe toujours aujourd’hui !
Quand le voyage de Colette a failli tourner court !
Pendant l’escale, Colette souhaite reprendre contact avec une ancienne camarade d’école qui était partie vivre en Guadeloupe avec sa famille.
Sans téléphone portable, ce n’était pas évident qu’elles se retrouvent ! Par chance, un employé local des Messageries Maritimes connaissait le père de son amie qui, prévenu, vient la chercher en voiture pour l’emmener, chez eux, à la jolie ville du Gosier située à une dizaine de kilomètres du port.
En route, Colette découvre pour la première fois de la canne à sucre qui lui fait penser à de gros roseaux. Comme les moyens de communication étaient encore peu développés au début des années 50, tout semble plus extraordinaire et nouveau.
Les tropiques sont un monde que Colette n’avait pu imaginer qu’à travers les livres et quelques mauvaises représentations en noir et blanc. Son impression de dépaysement est bien plus vive que ce que nous vivons de nos jours avec la saturation des images.
Le Changchow est parti de Pointe-à-Pitre sans Colette !
Après quelques heures passées avec son amie, le père la ramène au port et c’est avec effroi qu’elle voit le Changchow déjà s’éloigner vers la mer !
Au même moment, sur le navire, Kiki et Gérard sont fous d’inquiétude, car Colette, à 18 ans, est encore une mineure et le prochain bateau pour Tahiti n’est programmé que deux mois plus tard ! Ils ont essayé d’obtenir du capitaine de retarder le départ, mais il ne veut rien entendre et ils sont paniqués à l’idée de devoir envoyer un télégramme aux parents de Colette pour les informer de la situation.
Heureusement, tout s’arrange avec une navette qui permet à Colette de rejoindre le bateau et de monter par une échelle sur le Changchow de façon rocambolesque ! On se croirait dans une bande dessinée de Tintin !
Une fois à bord et après que les émotions de chacun se soient apaisées, on comprendra que la mésaventure a eu lieu à cause d’un malentendu entre le capitaine et le père de l’ami de Colette sur l’horaire du départ du Changchow ! En effet, le capitaine avait décidé d’avancer l’heure du départ à 17 h 30, mais le père de l’amie de Colette avait compris 19 h 30.
Deuxième étape aux Antilles en Martinique à Fort-de-France
Le trajet en bateau entre les deux villes des Antilles françaises ne prend que 11 heures, car la distance à parcourir est seulement de deux cents kilomètres environ. Le Changchow arrive dans la nuit à Fort-de-France.
C’est au réveil que nos amis découvrent Fort-de-France qui semble plus importante et jolie, car noyée dans la verdure, que Point-à-Pitre.
Le matin, puisque nous sommes dimanche et les obligations religieuses encore bien respectées, Colette, Kiki et Gérard vont à la grand-messe de la Cathédrale Saint-Louis. En sortant sur le parvis, ils admirent la vue vers le port qui, de nos jours, est cachée par des habitations.
Ensuite, le petit groupe d’amis se rend en taxi à la plage du Lido, aujourd’hui appelée Anse Collat, pour déjeuner dans un restaurant qui la surplombe. La route à travers la végétation et les échappées vers la mer sont splendides.
Les photos proviennent du site Potomitan.info avec une page dédiée à la Martinique des années 50.
Gérard immortalise, de gauche à droite, Colette, Brigitte et Kiki sur ce cliché !
Au retour, ils assistent au départ d’un paquebot appartenant à la Compagnie Générale Transatlantique, concurrente des Messageries Maritimes, à destination de la métropole. En effet, le bateau était encore le moyen principal et les services aériens étaient balbutiants. L’aéroport de Fort-de-France n’avait été inauguré qu’un an auparavant, en 1950.
Dernière escale aux Caraïbes à Curaçao
Le Changchow continue ensuite sa route à travers la mer des Caraïbes dont la couleur bleue contraste avec le gris de l’Atlantique. Il commence à faire vraiment chaud à bord.
L’escale à Curaçao, aux Antilles néerlandaises, a seulement pour objectif de refaire le plein de mazout. L’ile n’est qu’à 60 km du Venezuela et de ses riches réserves de pétrole.
Le port, Caracas-Bay, se situe à 15 km de la capitale Willemstad. Le paysage de l’ile est aride avec ses cactus et n’a rien à voir avec l’opulente végétation des Antilles françaises.
Willemstad est une très jolie ville où il fait bon déambuler. L’influence hollandaise est très visible avec des maisons du XVIIe siècle.
Des touristes encore rares aux Antilles Néerlandaises
À cette époque, les touristes sont encore peu nombreux et la capitale fait très authentique. La preuve est que Colette raconte qu’elle a un mal fou à trouver de simples cartes postales pour en adresser à sa famille ! Mais elle réussit et dans son carnet de bord, j’ai retrouvé une carte postale envoyée à son frère ainé, Yves.
Le cachet de la poste indique qu’elle ne mettra que trois jours pour arriver grâce à l’avion ! L’aéropostale était encore plus développée que le transport des passagers.
Le clou de la promenade est le pont flottant que Colette a la chance de voir s’ouvrir pour laisser passer un gros bateau. Pas très loin, elle visite le marché flottant avec ses nombreux bibelots en provenance du Venezuela. Enfin, la balade se termine par Fort-Amsterdam qui est composé d’anciens bâtiments fortifiés qui protégeaient l’entrée du port. L’endroit est très joli.
Les photos sont des collages de revues et brochures locales dans le carnet de bord de Colette.
Le canal de Panama : l’apogée du voyage !
Quittant la mer des Caraïbes, les passagers sont excités, car arrive le moment que tout le monde attend : le passage du fameux canal de Panama !
Une escale était prévue à Cristobal, le port de la ville de Colón, sur la côte Caraïbes de Panama en cas d’affluence pour emprunter le fameux canal de Panama. Mais comme la voie est libre, le Changchow peut se rendre immédiatement vers les écluses de Gatún. Tant mieux !
À 12 h 40, le bateau atteint la première des trois écluses. Six énormes engins motorisés assistent le Changchow en le tirant et le dirigeant pour bien le positionner. Ensuite, il faut neuf minutes pour remplir l’écluse avant de l’ouvrir pour passer à la suivante. L’opération va se répéter trois fois. Colette est assez impressionnée par cette démonstration de technologie.
Puis le Changchow continue son chemin à travers le lac Gatún à 26 m d’altitude et d’une superficie de 425 km2 qui en fait l’un des plus grands lacs artificiels du monde.
Le paysage est très beau avec de multiples iles couvertes de forêt tropicale. Avec les jumelles Colette aperçoit même des singes qui sautent d’un arbre à l’autre. Les oiseaux sont nombreux et rendent la traversée joyeuse avec leurs chants.
Nos amis appréhendaient la chaleur panaméenne, mais c’est la saison des pluies et les averses fréquentes font que l’atmosphère est plutôt respirable.
Le bateau se faufile ensuite dans l’étroite tranchée Gaillard que parcourt en permanence une dragueuse pour retirer le limon qui s’y accumule. Enfin à 17 h 30, le Changchow atteint la première des trois écluses qui vont lui permettre de redescendre au niveau de la mer et de rejoindre le Pacifique.
Sur internet, j’ai trouvé sur Periscopefilm.com une chouette vidéo “This World Of Ours” réalisée par Dudley Pictures dans les années 50 sur Panama. La traversée du canal commence à 4’29.
Les photos, ci-dessus, sont extraites du film et donnent une bonne idée de ce que Colette a pu voir à bord du Changchow.
Panama City : une escale un peu frustrante avant le Pacifique
Le Changchow accoste à Balboa, le port de Panama City, à 19 h. Il aura fallu six heures pour franchir le canal et ses six écluses.
Tous les passagers ont envie d’aller à terre pour se dégourdir les jambes et visiter la ville, mais le Commissaire de bord annonce que seuls les passagers ayant un passeport et un certificat de vaccination dans les règles peuvent descendre.
Les voyageurs allemands sont encore interdits au Panama
De plus, les passagers de nationalité allemande ont l’obligation de rester à bord bien que le pays ne représente plus de danger pour la paix mondiale. Le Panama, officiellement indépendant, est encore sous l’emprise américaine. La zone du canal étant considérée comme stratégique, les mouvements de personnes sont très contrôlés.
Le bateau repartant dès le lendemain matin tôt, Colette, Kiki et Gérard n’ont que la soirée pour découvrir la ville. Ils se contentent d’une balade dans les rues commerçantes puis ils assistent à un spectacle dans un café. Ils se sentent frustrés de ne pouvoir visiter la vieille ville qui est, paraît-il, très jolie.
Comme sur l’ensemble du voyage, les escales sont faites pour les marchandises et non les passagers. Les Messageries Maritimes n’organisent aucune excursion et le tourisme est encore un concept bien abstrait !
Le Pacifique pas calme et un passage de l’équateur un peu raté
Dernière étape de la navigation : la traversée du Pacifique jusqu’à Tahiti avec 13 jours de mer. Après déjà 21 jours de voyage, la lassitude gagne Colette et les autres passagers.
Surtout que les premiers jours dans le Pacifique, le temps se dégrade fortement avec beaucoup de pluie. Les passagers ressortent leurs affaires de laine, car il n’a jamais fait autant froid de tout le voyage alors que nous sommes presque à l’équateur !!!
C’est la tempête !
Le samedi 18 août, c’est carrément la tempête. Dans la salle à manger, les cercles autour des tables sont remontés pour éviter que toute la vaisselle tombe par terre. Les bouteilles ne tiennent plus debout et même un enfant chute de sa chaise haute, heureusement sans trop se faire mal.
Une fois la zone de mauvais temps traversée c’est le commissaire de bord, « Pisse-vinaigre », qui refuse de faire une fête au passage de l’équateur au grand dam des passagers. Il prend comme prétexte qu’il y a trop de réfugiés étrangers en Troisième classe et que cela ne peut que dégénérer.
La mer est devenue d’huile et les jours de navigation se ressemblent tous avec de l’eau, que de l’eau, à perte de vue… La seule distraction est de regarder les centaines de poissons volants et les bandes de thons qui nagent autour du navire.
La photo est issue des archives de RobJ
Le lundi 20 août, un événement inattendu vient rompre cependant la monotonie du voyage. Un goéland s’échoue sur le pont avec un poisson dans le bec. La femme qui partage la cabine avec Colette, la fameuse « medium », vient s’occuper de lui avec son pendule. Elle reste de nombreuses heures aux côtés de l’oiseau et Colette s’inquiète qu’elle décide de ramener le goéland dans leur cabine ! Heureusement il n’en sera rien.
Cette traversée du Pacifique est vraiment longue et Colette s’ennuie de plus en plus. Son journal de bord devient plus laconique.
Colette s’adonne à la lecture pendant ces journées interminables et elle en profite pour lire la biographie extraordinaire de Philibert Commerson que « Pisse-Vinaigre » lui avait dénichée dans la bibliothèque de bord.
Sur les traces de Philibert Commerson, l’ancêtre de Colette
Avant le départ, le père de Colette lui raconta que l’un de ses ancêtres, Philibert Commerson, un célèbre et talentueux botaniste français du XVIIIe siècle avait déjà été à Tahiti !
Philibert était destiné à une vie plus tranquille lorsqu’il épousa Antoinette Beau, mais sa femme décéda à l’accouchement de leur fils Anne-François. Fou de douleur, il confia son fils à son beau-frère, curé, et embarqua en 1766 pour un voyage d’exploration autour du monde avec Louis-Antoine de Bougainville.
Il emmena avec lui son valet qui était en réalité sa nouvelle compagne du nom de Jeanne Baret déguisée en homme ! En effet, en ce temps là, les femmes étaient interdites à bord de ce type d’expédition et c’est le seul moyen qu’ils trouvèrent pour partir ensemble.
Leur voyage les conduisit à Tahiti où la supercherie fut découverte ! Pendant son bref séjour sur l’ile, Philibert Commerson fut séduit par les Tahitiens et leur mode de vie très libre et joyeux.
L’histoire était suffisamment romanesque et belle pour que Colette rêve de ce lointain aïeul, allongée dans sa chaise longue sur un pont du Changchow !
L’illustration de droite, de Philibert et Jeanne, a été réalisée par Marc Bourgne et Cyril Leriche.
Enfin Tahiti et son accueil légendaire
Enfin, Tahiti ! Après un mois de navigation, Colette, Kiki et Gérard sont parvenus à leur destination, ou presque !
Une vedette s’approche du navire avec à son bord des vahinés, nom donné aux femmes de Tahiti, qui apportent de nombreuses couronnes de fleurs à distribuer aux passagers descendant à Papeete en signe de bienvenue. L’odeur si particulière de la fleur de Tiaré confère tout de suite cette impression d’arriver au Paradis !
Nos amis se réjouissent de retrouver la terre ferme, mais le représentant des Messageries Maritimes communique une mauvaise nouvelle : aucun hébergement n’est disponible à Papeete !
En effet, en 1951, il n’existe que très peu d’hôtels à Tahiti, car seuls de rares touristes s’aventurent en Polynésie qui n’est accessible qu’après une longue traversée en bateau. Colette, Kiki et Gérard doivent donc, à leur grand regret, rester à bord du Changchow deux nuits supplémentaires pendant le temps de l’escale.
Un bungalow s’étant enfin libéré à l’hôtel des Tropiques, nos amis peuvent quitter le Changchow pour commencer leur nouvelle vie à Tahiti. Colette tombe tout de suite sous le charme de l’ile avec sa végétation luxuriante et la beauté de son lagon. La France en pleine reconstruction d’après-guerre semble bien lointaine.
Pour le Changchow, Papeete n’est qu’une escale et il repart vers Sydney, sa destination finale, avec des escales à Port-Vila et Nouméa. Cela nécessitera trois semaines supplémentaires de voyage !
Le concept de « slow travel » que l’on cherche à réhabiliter de nos jours était à l’époque une vraie réalité. C’était il y a seulement soixante-dix ans en arrière !
Colette restera un an à Tahiti et fera le chemin inverse vers Marseille en 1952.
La navigation avec les Messageries Maritimes dans les yeux d’un académicien de l’époque
En cherchant des archives sur Internet pour illustrer le voyage de Colette je suis tombé sur ce récit de Georges Lecomte, membre de l’Académie française, qui raconte son voyage sur un navire des Messageries Maritimes. Source : Revue interne de l’armateur en 1951.
J’ai trouvé intéressant de partager, en bonus, un extrait de son récit qui donne une vision romantique de la navigation maritime dans les années 50 avec un style un peu surrané !
George Lecomte semble déjà être un influenceur car il termine par une subtile référence aux Messageries Maritimes, dont on se doute, qu’il a du négocier le prix de son voyage en échange de cet article élogieux ! Les millenials n’ont pas tout inventé 🙂
Bravo pour ce magnifique reportage qui nous a particulièrement intéressés en tant que frère , belle soeur de Colette , amis de Kiki et Gérard .
De plus il nous a permis de faire un beau voyage et de retrouver Philibert Commerson que nous aimons découvrir grâce à différentes sources …..même à l’hôtel de la marine grâce à Jeanne Baret ….
C’est avec beaucoup de plaisir et d’intérêt que nous suivrons ton blog ….
Merci Geneviève !
Merci Jacques pour ce beau témoignage que je lis en gare de Lyon avant de vous rejoindre.
L’escale à pointe à pitre fut bien rocambolesque !!!! J’imagine l’inquiètude de Kiki et Gérard !!!😅
merci et ravie de refaire le voyage bcp d’années avant les miens vers Tahiti FDC
Merci pour ce beau récit, un souvenir inoubliable pour Colette! Étant marin dans les années 70, j’aurais rêvé de naviguer direction la Polynésie. Par contre, j’ai eu la chance d’y aller en avion avec ma famille et j’ai fait de belles rencontres avec des familles à Moorea qui sont devenues des amis. Avec mes meilleures pensées.
Christian
Merci Jan Christian !
Eléve Officier au Long Cours , en 1966, j’ ai embarqué sur le TAHITIEN des Messageries Maritimes, pour la ligne du Pacifique Sud jusqu’ à Sydney et retour sur Marseille en 4 mois, soit une partie du voyage de Colette.
J’ ai retrouvé dans ce récit une partie de mes souvenirs et j’ ai continué pour poursuivre pendant 30 ans ma carriére de Capitaine au Long Cours.
Merci de participer à la mémoire des Messageries Maritimes de cette époque.
Bonjour,
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le carnet de bord sur le Changchow de votre mère. D’autant plus que mon père a fait le voyage dans l’autre sens, de Papeete vers Marseille sur ce même cargo en juillet 1952. Ils étaient plusieurs Polynésiens à quitter le fenua pour faire leurs études en France. Il n’a pas parlé d’escale à Pointe à Pitre ni Fort de France (serait-ce un oubli de sa part?), et avant d’arriver à Marseille, l’escale était à Madère au lieu d’Alger. Il était également impressionné par les techniques de fonctionnement des écluses. En plus des singes qui se balançaient sur les arbres, il a eu la chance de voir des crocodiles sur les berges.
Véronique
Bonjour,
Merci Véronique.Il est possible que le Changchow est adapté ses escales sur le voyage retour en fonction des marchandises qu’il transportait. Dans le carnet de bord de ma mère j’ai noté qu’à l’escale d’Alger ils ont embarqué beaucoup de fret. Au retour, il n’y avait peut-être aucun fret à débarquer ou embarquer.
Est ce que votre père avait pris des photos de son voyage ?
Jacques
bonjour ,vous m’avez fait revivre ma vie de steward aux messageries maritimes 16 ans de bord , en 1951 j’étais a l’école maritime du frioul ( marseille) j’ais embarqué en 1953 sur le maréchal joffre ( madagascar ) puis en 1955 le tahitien qui m’a permis de découvrir la ligne du paçifique ensuite fait le calédonien , mélanésien jusqu’en 1967.allez sur le site des amis des méssageries maritimes sur vidéos j’ai posté 4 films de mes voyages sonorisés sauf celui de tahiti que face de bouc a coupé le son ,que je pourrais vous envoyer en weetransfer .une anecdote j’ai connu le commissaire pisse vinaigre ( de son nom ROUX LACROIX) au cour de ma navigation .cordt reboul andré
Bonjour André,
Merci pour ce retour. Quelle époque ! Je vais aller sur le site pour voir vos vidéos. Je serai bien sur intéressé par votre vidéo sur le voyage à Tahiti. Mon mail est jacques@travels-of-life.com.
Cordialement
Jacques
agé de 75 ans je me satisfaisais de vivre mon époque contrairement a ce que l’on vit aujourd’hui….mais je me rends compte que la génération précédente a pu vivre des aventures que j’aurai bien aimé connaitre….j’ai été 6 fois en polynésie et cela représente une des plus belle partie de ma vie..
merci de ce reportage qui m’a passionné
Merci Dominique !
Embarqué comme novice pont sur le « Tahitien des MM » en 1970 juilllet j’ai pratiquement fait la même croisière que Colette. Le récit de Colette m’a fait chaud au cœur et m’a fait repenser à mon super voyage avec des souvenirs inoubliables.
Merci !