Paris – Écosse en train : grand confort avec Eurostar et Caledonian Sleeper

​​Je suis allé de Paris à l’île de Skye, en Écosse, entièrement en train. Pour ce trajet, j’ai choisi les options les plus confortables proposées par Eurostar, de Paris à Londres, puis par le Caledonian Sleeper, de Londres jusqu’en Écosse.

Cela valait-il le coup ? Vous le découvrirez à la lecture du récit de mon voyage !

De Paris à l’Écosse : un voyage de neuf jours en train et ferry, sans avion et presque sans voiture

En mars 2025, j’ai décidé de visiter l’Écosse sans prendre l’avion, en privilégiant des moyens de transport confortables… et surtout qui me donnent du plaisir !

Pour le voyage aller, j’ai tout fait en train : de Paris à Londres avec l’Eurostar, puis de Londres à Fort William en voiture-lits à bord du Caledonian Sleeper. Un trajet original et réussi, que je raconte dans ce premier article de cette série dédiée à mon voyage en Écosse en quatre temps :

Une fois sur place, j’ai choisi de découvrir deux lieux emblématiques : l’île de Skye, célèbre pour ses paysages grandioses, et Édimbourg, capitale historique pleine de charme et d’activités. J’ai relié les deux en train, un excellent moyen de profiter des splendeurs des Highlands. C’est le sujet du deuxième article : L’île de Skye, un train au cœur des Highlands et Édimbourg : le meilleur de l’Écosse

Pour le retour à Paris, j’ai opté pour une combinaison train + ferry, via Newcastle et Amsterdam. Un itinéraire peu commun qui m’a presque donné l’impression de partir en croisière. C’est le troisième et dernier article de cette série : Retour d’Écosse à Paris via Amsterdam en train et ferry : un voyage dépaysant

Dans ce dernier article, je vous donne également des conseils pratiques et des liens pour organiser votre voyage.

Paris Ecosse en train et ferry

Tous les textes en couleur corail indiquent un lien interne ou externe que je vous invite à cliquer.

Paris 12 h 02 — Londres 13 h 30 avec Eurostar

Je vais emprunter deux compagnies ferroviaires successives pour aller de Paris en Écosse en train. D’abord Eurostar jusqu’à Londres puis Caledonian Sleeper, en train de nuit, jusqu’à Fort William au fin fond de l’Écosse.

Un voyage avec les options les plus confortables

Dans le deux cas je choisi l’option de voyage la plus confortable. Le prix est un peu plus élevé mais je souhaite voir si cela vaut le coup en termes d’expérience de voyage.

Pour commencer je m’offre un voyage en Eurostar Premier. C’est ce que la compagnie ferroviaire Eurostar propose de plus haut de gamme.

Rapide passage de frontières à la Gare du Nord grâce à un coupe-file efficace

Il est 11h du matin et mon départ pour Londres commence à la Gare du Nord, dans un espace dédié aux passagers de l’Eurostar. Contrairement aux trains classiques en Europe continentale, l’embarquement passe par plusieurs étapes, car il faut passer par des contrôles de frontière en gare.

Grâce à un accord entre la France et le Royaume-Uni, les formalités – police et douane – sont centralisées avant le départ, ce qui simplifie l’arrivée à destination. Depuis le 1er avril, les voyageurs européens doivent en plus obtenir une autorisation électronique (ETA), disponible en ligne ou sur mobile. Une nouveauté, pas très sympa, à la suite du Brexit !

Une autre spécificité de ce trajet : pour des raisons de sécurité les bagages sont scannés, comme à l’aéroport, en raison du passage sous la Manche.

Voyageant en Eurostar Premier, je profite d’un coupe-file rapide et d’un élégant salon d’attente. Cette fluidité peut faire gagner jusqu’à une heure selon l’affluence — un vrai plus pour un trajet aussi court.

Filtres gare du nord

Le salon Eurostar tout en élégance parisienne

Ayant accompli mes formalités en un rien de temps, je peux me détendre au salon en attendant le départ de mon train prévu à 12 h 02. Le plaisir du voyage commence vraiment !

Le salon Eurostar à Paris est sans aucun doute ce qu’il y a de mieux, actuellement, en Europe, dans le domaine du transport ferroviaire. Avec ses moulures au plafond et son parquet en point de Hongrie, on se croirait dans un bel appartement haussmannien soigneusement rénové.

Les différents espaces sont très bien conçus, que ce soit pour s’isoler, se réunir en petits groupes ou profiter d’un moment de restauration. Les prestations sont à la hauteur, avec une large offre de boissons et de snacks, qui varie selon l’heure de la journée.

Depuis les fenêtres, j’ai une superbe vue sur la grande verrière du XIXᵉ siècle de la Gare du Nord et, côté rue, sur les immeubles haussmanniens de Paris

Eurostar a eu la bonne idée de conserver une offre de magazines et de journaux papier, comme autrefois. Je fais ma sélection pour le voyage.

Salon Eurostar Premier Gare du Nord

Une montée à bord fluide et bien orchestrée

Une discrète annonce me prévient que mon train est prêt pour le départ.

Avant de descendre sur le quai, je traverse la zone d’attente des autres classes de voyage. Elle est plutôt plaisante, avec ses boutiques duty free qui évoquent une ambiance aéroportuaire. Le jour de mon voyage, en milieu de journée au mois de mars, il n’y a pas foule, et chaque voyageur semble pouvoir trouver un endroit pour s’asseoir en attendant son train. Mais aux heures de pointe ou au moment des départs en vacances, je me demande si la zone n’est pas sous-dimensionnée. C’est le défi que rencontrent les transporteurs ferroviaires : partir d’une gare historique en plein centre-ville, où l’espace n’est pas extensible à l’infini.

Salle embarquement Eurostar Gare du Nord

Je rejoins le quai par un long tapis roulant. La rame Eurostar semble interminable avec ses 400 mètres de long. Contrairement aux TGV, constitués de deux rames, l’Eurostar conserve toujours cette longueur, imposée par la traversée du tunnel sous la Manche. En cas d’urgence, cela permet en effet aux voyageurs de rejoindre les sorties de secours, espacées régulièrement sous le tunnel.

Embarquement Eurostar gare du nord

Je suis accueilli sur le quai par un steward, qui vérifie mon billet et m’indique où se trouve mon siège.

Seat 61 : un simple numéro devenu légende

Le hasard a fait que, lors de ma réservation, je me suis vu attribuer le siège 61. Il est devenu mythique grâce à Mark Smith, un célèbre blogueur de voyages ferroviaires, qui a créé le site Seat61.com. Ce n’est peut-être pas le site le plus joli, mais il est très complet, au point d’être aujourd’hui une référence sur toutes les possibilités de voyage à travers le monde. Quand je veux partir quelque part en train, mon premier réflexe est de le consulter.

Et pourquoi le siège 61 ? Comme Mark l’explique lui-même, c’est son siège préféré sur l’Eurostar, celui qu’il choisit systématiquement, et qui est devenu le nom de son blog : The Man in Seat 61.

The man in 61

Quand le train adopte les codes de l’aviation

Je suis surpris de constater qu’un voyage en Eurostar reprend de nombreux codes du transport aérien. Mon expérience en gare m’a rappelé les contrôles de sécurité et les salons d’aéroport.

En montant dans mon train, j’ai tout à fait le sentiment d’embarquer dans un avion sur rail. En effet, les matériaux utilisés pour les parois sont similaires à ceux que l’on trouve dans les Airbus, et le plafond légèrement incurvé renforce l’impression de tube pressurisé. Entre deux voitures, je retrouve aussi les mêmes galleys que dans les avions, où l’on prépare les repas !

Mon siège, dans les tonalités gris beige, est bien enveloppant et confortable, même si j’imagine que certains voyageurs pourraient le trouver un peu trop ferme. Personnellement, ce n’est pas mon cas.

Intérieur Eurostar Premier

Le service à bord : champagne et plats signés du chef Jeremy Chan

C’est l’heure de déjeuner et le service commence. Le steward vient nous apporter un menu, accompagné de gâteaux apéritifs. Puis, une hôtesse, juste derrière, nous offre une boisson. Pour fêter ce voyage, je prends un verre de champagne, tout en regardant défiler, à 320 km/h, la campagne picarde doucement vallonnée.

Le repas est ensuite servi en deux temps. On me donne d’abord un plateau avec l’entrée, le fromage et le dessert. Puis, un peu plus tard, le steward me présente un choix entre un plat chaud et deux plats froids. Les boissons, y compris le vin, sont proposées à volonté, et l’équipage est présent et serviable.

J’apprécie le repas, mais les choix du chef Jeremy Chan, un Britannique, peuvent surprendre par leurs mariages originaux de goûts et de textures, comme, dans mon cas, un saumon accompagné d’un gratin de chou-fleur. À mon avis, il serait préférable de présenter des plats plus classiques lorsque les options sont limitées et que la clientèle est très internationale et diversifiée.

Visite de l’Eurostar : de la Première à la Standard

Après mon repas, je pars me dégourdir les jambes en allant visiter mon train. Je traverse la classe « Eurostar Plus », qui offre exactement le même confort que la classe « Eurostar Premier », avec ses sièges confortables. La différence réside dans le fait que le repas est plus simple — bien qu’en le voyant, il me semble tout à fait correct — et qu’en gare, vous ne bénéficiez ni des coupe-files ni de l’accès au salon. En revanche, le prix est nettement plus abordable.

J’arrive ensuite dans les voitures de la classe « Eurostar Standard », qui est l’équivalent de la seconde classe. Les sièges sont disposés en rangées de 2+2, au lieu de 2+1, et avec un espacement plus réduit. Le confort reste néanmoins appréciable, et la couleur bleue plus joyeuse que le gris beige des classes « Eurostar Plus » et « Eurostar Premier ».

Au centre de la rame se situent deux voitures-bars, très semblables à celles que l’on trouve dans les TGV français. À l’heure du repas, la fréquentation est importante. L’offre de restauration et de boissons me semble davantage inspirée par la Grande-Bretagne que par la France — ce qui plaira à certains, et moins à d’autres.

Eurostar standard et café

Après la deuxième voiture-bar, le train est constitué de façon parfaitement symétrique jusqu’à sa queue. Aussi, je ne poursuis pas ma visite et retourne à ma place dans la voiture de tête.

La traversée du tunnel sous la Manche : une prouesse technique et symbolique

Notre Eurostar ralentit juste avant d’arriver à Calais, pour nous engouffrer dans le fameux tunnel sous la Manche. C’est aujourd’hui devenu tellement banal qu’aucune annonce n’est faite pour en avertir les passagers. C’est dommage, car il s’agit de l’une des plus importantes réalisations de génie civil du XXe siècle. L’American Society of Civil Engineers l’a même classée parmi les sept merveilles du monde moderne !

Avec ses 50,5 km de long, dont 37,9 km sous la mer, le tunnel fait partie du prestigieux club des dix plus longs du monde. Au-delà de la prouesse technique, je suis surtout sensible à la portée symbolique de cette union géographique terrestre entre la France et la Grande-Bretagne. Nous mettons 35 minutes pour le traverser, à une vitesse réduite pour des raisons de sécurité.

Juste avant de rentrer dans le tunnel j’aperçois les navettes qui transportent les voitures et camions sous la Manche.

Tunnel sous la Manche

Le Kent traversé à vive allure

À la sortie du tunnel, nous circulons sur l’unique ligne de chemin de fer à grande vitesse du Royaume-Uni. Le train reprend une vitesse de 300 km/h.

Nous franchissons un viaduc au-dessus de la rivière Medway, puis un tunnel sous la Tamise.

Kent vue de l'Eurostar

Le trajet est rapide : environ 35 minutes entre le tunnel et la gare de Saint-Pancras, à Londres. Nous arrivons à quai à 13 h 30, parfaitement à l’heure après un court voyage de deux heures trente.

Une après-midi à Londres

J’aurais pu prendre un Eurostar en fin d’après-midi pour ma correspondance avec le Caledonian Sleeper. En effet, les gares de St Pancras et Euston, desservies par les deux compagnies, sont très proches l’une de l’autre.

Les avantages d’une correspondance longue

J’ai préféré prévoir large. D’une part, je voyage de façon plus détendue, sans avoir à me préoccuper d’un éventuel retard de train ; d’autre part, cela me donne l’occasion de m’offrir une balade dans Londres.

la gare de Saint-Pancras : la plus belle de Londres

Saint-Pancras est sans doute la plus belle gare de Londres, avec son style gothique victorien flamboyant. En descendant du train, je jette un regard admiratif sur la superbe verrière et les poutres métalliques du hall Barlow. Une statue monumentale représentant un couple s’embrassant incarne à merveille le rôle de point de rendez-vous de cette gare pour les voyageurs.

St Pancras station

La suite de mon voyage commence à la gare d’Euston, située à 500 m à pied de Saint-Pancras. Je passe devant le spectaculaire hôtel Renaissance et sa façade gothique. Ce n’est pas une adresse bon marché : il faut compter au minimum 300 à 400 GBP par nuit. Mais pour un voyage d’exception entre le Continent et l’Écosse, cela peut valoir le coup d’y rester une ou deux nuits entre deux trains.

St Pancras hotel

Une après-midi à Londres : se balader au fil de la Tamise

Comme j’ai toute l’après-midi avant mon train prévu à 21 h 15, je dépose mon sac à la consigne et pars me balader.

Je choisis de retourner sur la Tamise pour refaire une promenade fluviale que j’avais déjà appréciée un an auparavant.

Je raconte cette expérience dans un autre article intitulé : « Londres en bateau et à pied, au fil de la Tamise ».

Uber Boats Londres

NLondres 21 h 15 — Fort William 10 h le lendemain avec Caledonian Sleeper

La deuxième partie de mon périple s’effectue avec la compagnie Caledonian Sleeper. J’ai prévu de voyager de nuit en voiture-lit avec douche et toilettes privatives : la « Club En-suite ». C’est l’option haut de gamme.

La gare d’Euston n’est pas belle. Après que l’ancienne gare de style victorien fut détruite sans ménagement, elle a été reconstruite dans les années 60 dans un aspect massif et sans aucune grâce.

Gare EustonCrédit photo (gauche) : Ben Brooksbank – Old Euston station hall 1960

Heureusement, j’ai la possibilité de me rendre directement au salon de la Caledonian Sleeper en attendant mon train.

Trouver le salon Caledonian Sleeper : aussi secret que le quai 9 3/4 d’Harry Potter!

Accéder au salon de la Caledonian Sleeper se mérite : il n’est pas facile à localiser, malgré la signalétique. J’ai même cru me retrouver dans un film d’Harry Potter, à la recherche du quai 9 ¾, réservé aux sorciers !

En réalité, il faut descendre une rampe vers le quai n° 1, dans un environnement qui donne l’étrange impression de pénétrer dans la zone de fret de la gare. De grandes affiches, ornées de belles photos d’Écosse, semblent m’indiquer que je suis sur la bonne voie, mais je n’en suis pas totalement convaincu.

Acces salon Caledonian Sleeper

Heureusement, je croise un agent de la Caledonian Sleeper, qui me conduit directement au salon.

Je suis chaleureusement accueilli, et l’on me remet déjà la carte magnétique qui me donnera plus tard accès à mon compartiment à bord du train.

Le salon n’est pas très vaste, mais sobre et confortable. Les boissons non alcoolisées sont offertes, et il est possible de dîner sur place en attendant le départ du train. La carte est la même que celle proposée à bord de la voiture-restaurant. Même si j’ai un peu faim, je préfère patienter : la perspective de dîner dans le train me séduit davantage !

J’avais vu sur le site internet de la compagnie qu’il était possible de prendre une douche a bord du train mais il me semble plus confortable de la prendre au salon. C’est ce que je fais et par la suite je ne le regretterai pas.

Salon Caledonian Sleeper Londres Euston

Le Caledonian Sleeper : un train récent avec une belle livrée

Le train, avec sa livrée bleu-vert, est magnifique. Les voitures sont récentes, réceptionnées entre 2016 et 2018.

Notre train est à destination des Highlands. Plus tard dans la nuit, il sera séparé en gare d’Édimbourg en trois branches différentes, à destination de Fort William, Aberdeen et Inverness. De ce fait, en gare de Londres, avec ses 16 voitures, sa longueur est interminable.

Caledonian Sleeper

Des agents nous accueillent sur le quai pour nous orienter vers notre voiture. Tout au long de mon voyage, je serai agréablement surpris par la chaleur et la gentillesse du personnel des Caledonian Sleeper, qui semble heureux de travailler pour cette compagnie.

Mon compartiment-lit : entre confort cosy et espace réduit

En montant à bord de ma voiture, je suis surpris par son étroitesse : le couloir ne mesure guère plus de 45 cm de large ! Mon compartiment est cosy, mais exigu. Le lit fait seulement 65 cm de large pour 180 cm de long. Les personnes de grande taille ou corpulentes doivent s’abstenir ! Bien que voyageant seul, la cabine n’a pas été convertie, et la présence de deux lits superposés accentue cette impression d’exiguïté. L’échelle, non amovible, complique un peu l’accès. Juste devant la fenêtre, je dispose d’un lavabo.

Taille train Caledonian Sleeper

Cette étroitesse s’explique principalement par le gabarit réduit des trains britanniques, plus étroits que ceux du Continent européen, un héritage historique.

Heureusement, les matériaux et les couleurs choisis apportent une ambiance chaleureuse et plaisante à mon compartiment.

Sur le côté, derrière une porte, j’ai accès à un WC et à une douche privative. C’est un vrai confort, parce que j’ai toujours trouvé désagréable de devoir se lever en pleine nuit pour aller aux toilettes au bout du couloir. Je ne regrette toutefois pas d’avoir pris ma douche au salon, car à bord, elle est installée juste au-dessus des WC, qui sont inévitablement trempés après usage.

Ensuite room Caledonian Sleeper

Caledonian Sleeper propose deux autres options pour voyager en voiture-lit. D’abord, la « Caledonian Double En-suite », qui se distingue par un lit double de 142,5 cm de large à la place des lits superposés. C’est une configuration assez unique dans les trains de nuit. Ensuite, la « Classic Room », identique à ma cabine, mais sans salle d’eau privative.

Dîner à bord : une expérience conviviale dans la voiture-restaurant du Caledonian Sleeper

Au salon, on m’avait conseillé de me rendre dès le départ du train à la voiture-restaurant pour être sûr d’avoir une place, car elle est parfois prise d’assaut par les voyageurs.

La voiture est très plaisante, avec ses tonalités boisées relevées de touches de bleu et d’orange. L’éclairage est bien pensé, grâce à des lumières indirectes qui créent une atmosphère chaleureuse. Il est possible de s’installer soit autour de tables, soit sur des tabourets alignés le long d’un comptoir. C’est là que je choisis de me placer, pour pouvoir regarder défiler le paysage nocturne. Le seul bémol : l’inconfort des tabourets, tout comme celui des sièges. À trop vouloir privilégier l’esthétique et le design, les concepteurs ont sacrifié le confort.

Dining car Caledonian Sleeper

Pour dîner, j’hésite entre le haggis, la spécialité écossaise — une panse de brebis farcie d’un hachis à base de viande — et un mac and cheese, un plat de macaronis au cheddar très populaire chez nos voisins britanniques. Je choisis ce dernier, accompagné d’un verre de vin rouge. À 21 h, je suis presque seul à table.

Taille train Caledonian Sleeper

Les autres voyageurs discutent ou jouent aux cartes, un verre de bière ou de whisky à la main. L’ambiance est joyeuse, car, contrairement à la réserve britannique habituelle, chaque groupe de passagers n’hésite pas à entamer la conversation avec ses voisins. C’est plutôt convivial.

Une nuit paisible à bord du Caledonian Sleeper

Vers 23 h, je décide de regagner ma cabine, car la journée, quoique très plaisante, a été longue.

Je me glisse avec volupté sous la couette, comme à la maison ! La voiture-lit est très silencieuse : je ne relève que 55 décibels, contre 70 à 75 habituellement.

Par contre, une veilleuse reste allumée avec une lumière très vive. Mais je voyage toujours avec un ruban de chatterton, ce qui me permet de remédier à ce type de situation ! Je retrouve vite l’obscurité désirée.

Je m’endors immédiatement, bercé par les mouvements du train.

Nuit à bord du Caledonian Sleeper

Vers 5 h du matin, de façon surprenante, je me réveille en gare d’Édimbourg à cause de l’immobilité du train, qui y stationne environ une heure, le temps de séparer les voitures partant vers Inverness et Aberdeen. Je me rendors sans peine, car malgré l’étroitesse du lit, la literie est d’excellente qualité.

Réveil spectaculaire sur la West Highland Line : la beauté sauvage de l’Écosse

De toutes les destinations desservies par le Caledonian Sleeper, j’avais sélectionné Fort William, car la fin du trajet emprunte l’une des plus belles lignes ferroviaires d’Europe : la fameuse West Highland Line. Et je me félicite de mon choix !

Le moment que je préfère lorsque je voyage en train de nuit, c’est d’ouvrir mon rideau tout en restant paresseusement allongé dans mon lit, pour découvrir un tout nouveau paysage.

Il est environ 7 h du matin, et j’aperçois le soleil se lever sur un paysage de lacs et de montagnes. C’est le bonheur !

Réveil en Ecosse

Je me rends à la voiture-restaurant pour prendre mon petit-déjeuner. Avec la recomposition du train à Édimbourg, elle se situe désormais à l’opposé de l’endroit où elle était la veille. Ce repas est compris dans le prix du billet : il est bon, mais je le trouve un peu frugal.

Petit déjeuner Caledonian Sleeper

J’en profite pour visiter la voiture places assises, la formule la plus économique à bord du Caledonian Sleeper. Au vu des visages fatigués, je doute que ses occupants aient bien dormi !

Caledonian Sleeper places assises

La nature conserve encore une allure hivernale avec même des monts enneigés. Jusqu’à l’arrivée, je reste scotché à la fenêtre, les yeux écarquillés, émerveillé par ces paysages sauvages, quasi désertiques, austères, mais sublimes. Rivières, lochs, petites gares perdues dans la nature défilent pour mon plus grand plaisir. S’il ne devait y avoir qu’une seule raison de prendre ce train, ce serait celle-là.

Lac West Highland
West highland line

Peu avant l’arrivée, nous contournons le Ben Nevis qui, avec ses 1 345 mètres d’altitude, est le point culminant des îles Britanniques. 

Ben Nevis

Le Caledonian Sleeper entre dans la minuscule gare de Fort William à 10 h précises. L’agitation parisienne et londonienne de la veille semble déjà bien lointaine.

Gare de Fort William

De Fort William à l’ile de Skye en train, ferry, bus et auto-stop!

Ma destination finale est Portree, le plus gros bourg de la célèbre île de Skye. Mais pour la dernière partie de mon trajet je vais devoir emprunter successivement, un train, un ferry, un bus et enfin une voiture en auto-stop ! Heureusement j’ai le temps et les paysages en Écosse sont magnifiques.

En attendant ma correspondance en train pour Mallaig, je bénéficie du salon des Caledonian Sleeper. Il est petit, mais très agréable. J’en profite également pour faire un rapide tour dans la rue principale de la petite ville de Fort William.

Fort William – Mallaig en train avec Scotrail

Je quitte Fort William à 12 h 18 avec un train régional de la compagnie ScotRail.

Scotrail

Malheureusement, pour les photos, ce sera un peu compliqué : les vitres ne sont pas aussi propres que celles du Caledonian Sleeper. Le trajet reste magnifique, avec une succession de lacs, rivières, montagnes et quelques échappées vers la mer.

À mi-parcours, nous franchissons le viaduc de Glenfinnan, rendu célèbre par la saga Harry Potter, puisque le Poudlard Express l’empruntait pour rejoindre l’école des sorciers. Pour se plonger dans l’ambiance de la série, il est possible, entre avril et octobre, de voyager à bord du Jacobite train, tracté par une superbe locomotive à vapeur.

Viaduc de Glenfinnan

Ligne de train Fort William Mallaig

À 13 h 40, nous arrivons au petit port de Mallaig, qui semble figé dans la torpeur. En attendant mon ferry, je grimpe sur une colline qui surplombe le village pour profiter d’une jolie vue sur les environs.

Mallaig

Mallaig – Armadale en ferry

À 16 h 10, j’embarque sur un ferry pour franchir en une demi-heure le bras de mer qui nous sépare de l’île de Skye. Le bateau est minuscule — comme beaucoup de choses au Royaume-Uni ! — et peut accueillir à peine une dizaine de véhicules.

Ferry Mallaig Armadale

Armadale – Broadford en bus

Le ferry me dépose au petit port d’Armadale. De là, je continue en bus jusqu’à Broadford, où m’attend une correspondance de plus de deux heures avec un autre bus pour ma destination finale : Portree. Nous ne sommes que cinq passagers à bord, et j’ai réellement l’impression de m’aventurer au bout du monde.

Broadford – Portree en auto-stop : Terminus !

Pour éviter l’attente du prochain bus à Broadford, je tente l’auto-stop — comme je le faisais parfois dans ma jeunesse ! Et cela fonctionne : après seulement quinze minutes d’attente au bord de la route, avec mon plus beau sourire, un habitant de l’île m’embarque et me conduit jusqu’à Portree en une grosse demi-heure.

Detroit Mallaig Armadale

De Paris à l’île de Skye : 30 heures de plaisir ferroviaire!

J’ai mis 30 heures pour aller de Paris à l’île de Skye. Cela peut sembler long, mais ce n’est pas mon ressenti, car le voyage a été très confortable, tant sur l’Eurostar qu’avec le Caledonian Sleeper.

Payer plus pour plus de confort : cela vaut le coup !

J’ai apprécié l’accès aux salons, qui m’ont permis d’attendre agréablement mes différents trains. J’ai pu prendre mes repas à bord et passer une excellente nuit. Je suis arrivé reposé, avec la réelle sensation d’avoir voyagé, et non d’avoir simplement été transporté, comme c’est souvent le cas en avion.

Si vous avez des préjugés sur l’inconfort des trains de nuit en vous remémorant vos anciens trajets en couchette de seconde classe, oubliez-les ! On dort très bien à bord du Caledonian Sleeper et c’est la façon la plus agréable pour se rendre en Écosse depuis Paris actuellement.

Un réveil en Écosse avec des paysages exceptionnels

De plus, les paysages écossais observés depuis mes deux trains — entre mon réveil et Mallaig via Fort William — étaient exceptionnels. La traversée en ferry a également été un moment très agréable, que j’ai passé sur le pont à respirer l’air marin vivifiant.

Mes arrêts à Londres, Fort William et Mallaig ont été l’occasion de me promener et de faire quelques découvertes.

Le seul bémol concerne la toute fin du trajet, entre Armadale et Portree, en bus puis en auto-stop, qui s’est révélée un peu fastidieuse. L’île de Skye ne se prête pas très bien à une visite sans voiture, car le réseau de transports en commun y est peu dense. Pour plus de confort, j’aurais pu louer une voiture dès le port d’Armadale.

Après une bonne nuit à l’hôtel, je suis prêt pour la visite de l’île de Skye. Ce sera le sujet de mon prochain article.

Gare Rannoch Pilotry

Commentaires

7 Commentaires 

  1. Très joli. Je vais lire le raconte complet.

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  2. 👏 Super intéressant ! Clair, agréable à lire, mentionne aussi des points moins positifs ce qui est toujours très précieux … hâte de lire les autres articles !🤩

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  3. Je me déjà dépaysée avec ce trajet , j’ai hâte de poursuivre…….
    On s’y croit !

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  4. Bonjour, j’ai fait plusieurs fois ce voyage car j’adore l’Ecosse et je voyage à travers le monde en train depuis longtemps.
    Merci pour votre reportage.

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  5. Bravo, Jacques, merci de ton article très bien écrit et illustré ! Cela me donnerait (presque) envie de reprendre des trains de nuit, dont mes rares expériences ne m’ont pas laissé un souvenir impérissable (confort et tranquillité).

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    • Merci Frank !

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