Mon Amérique à moi
Comment des voyages peuvent enrichir sa vie ? C’est un témoignage personnel que je partage dans cet article.
Mon objectif est de vous montrer pourquoi et comment mes voyages dans les années 80 aux États-Unis ont façonné les débuts de ma vie d’adulte.
Pour illustrer cet article, j’ai choisi la photo d’une peinture de Jasper Johns du drapeau américain que j’ai prise au Moma à New-York. Ce tableau est son interprétation du drapeau comme cet article est mon interprétation des Etats-Unis.
Les États-Unis : un pays important dans ma jeunesse
Les États-Unis ont été un pays important dans ma jeunesse et le début de ma vie professionnelle. Près de 40 ans plus tard, j’ai voulu revoir les villes qui m’avaient marqué :
Mes voyages aux Etats-Unis ont été avant tout des expériences de vie plus que du tourisme. C’est mon Amérique à moi que je vous raconte ! Un voyage autrement.
Tous les textes en couleur corail indiquent un lien interne ou externe.
Les États-Unis : un mythe fondateur de ma vie d’adulte
Dans les années 80, comme beaucoup de gens de ma génération, les États-Unis représentaient un mythe. Nos parents avaient gardé le souvenir des Américains qui étaient venus sauver l’Europe du nazisme et l’avaient aidé à se reconstruire grâce au plan Marshall. Certains baby-boomers étaient nostalgiques du mouvement de liberté qui avait soufflé dans les années 70 sur les campus américains.
La fascination de la génération X pour l’Amérique dans les années 80
Pour ma génération X, les séries américaines diffusées sur nos six chaines de télévision avaient façonné notre imaginaire d’enfant pour ce pays qui était encore un leader peu contesté du monde occidental. Vue de France, tout nous semblait là-bas plus beau, plus moderne et plus dynamique.
C’est dans ce contexte que je me suis rendu aux États-Unis pour la première fois en 1981, puis à nouveau pendant un an en 1985 pour mes études et ensuite lors de nombreuses occasions dans le cadre de mes premiers déplacements professionnels. J’ai donc un attachement pour ce pays qui va bien au de-là ce que l’on ressent après un simple voyage touristique.
Ma déception des années 2000 pour l’Amérique
Dans les années 2000 et 2010, je suis juste revenu aux USA pour des courts passages professionnels qui ne me permettaient pas de prendre le pouls du pays.
A partir de cette période, j’ai pris de la distance avec les États-Unis. Le pays avait emprunté des chemins qui me séduisaient moins. Le libéralisme économique, de plus en plus exacerbé, a créé une société très inégalitaire qui me choque. L’arrivée de Trump au pouvoir, la montée des mouvements Tea-party et MAGA, la défense du port d’armes, les mauvais choix militaires en Irak ou en Afghanistan, sont des images de l’Amérique qui ont contribué à me détacher de ce pays. La fascination de ma génération n’était plus là.
En 2022 : faire le bilan grâce à un voyage en Amérique
C’est pourquoi, en 2022, ayant plus de temps, j’ai souhaité faire un long voyage de près d’un mois et de retourner dans les villes qui avaient marqué ma jeunesse.
Mon premier objectif étant de voir dans quelle mesure le pays avait changé, mais ce fut un tsunami d’émotions et je me suis rendu compte que mes choix de vie d’adulte ont été influencés, plus que je ne le pensais, par mes premiers séjours américains. Mes voyages aux États-Unis ont contribué à me construire.
Minneapolis et le Minnesota : mon berceau familial américain
Ma découverte des États-Unis remonte à 1981 avec un premier voyage aux « Twin Cities » dans le Minnesota. Pourquoi cette région du pays ? Elle ne fait pourtant pas partie des grands circuits touristiques. Elle est souvent moquée par les autres Américains pour son climat hivernal extrême et la platitude de son relief. Aucun touriste, digne de ce nom, n’irait là-bas et encore moins pour un premier voyage aux USA ! Dans mon cas, la raison est une histoire familiale, une très belle histoire !
Verne et Rosemary : une amitié d’après-guerre
Cette histoire remonte à 1949, soit bien avant ma naissance. À l’époque, ma grand-mère paternelle habitait avec ses cinq enfants âgés de 14 ans à 21 ans à Grenoble. Elle était veuve depuis 1940, car son mari était mort à 37 ans de tuberculose. Il lui fallait donc absolument trouver des sources de revenus pour faire vivre sa grande famille.
C’est pour cette raison qu’elle décida d’accueillir des étudiants étrangers afin de leur proposer le couvert. Les étudiants allaient et venaient dans l’ambiance joyeuse qu’avait su créer ma grand-mère dans son modeste appartement.
Un étudiant se démarqua des autres : Verne qui était arrivé avec sa femme Rosemary. Il avait 28 ans et était Américain. Il avait servi pendant la deuxième guerre mondiale comme pilote de Bombardier et, en remerciements, l’administration américaine lui avait offert un an d’études universitaires à Grenoble. Inutile de dire que pour mon père et son frère, âgés respectivement de 18 ans et 16 ans, c’était un héros qui les subjuguait.
Ce fut le début d’une longue et solide amitié. Verne et Rosemary restèrent toujours en contact avec ma grand-mère et ses enfants. À cause de la distance, la relation fut surtout épistolaire, mais régulière.
Mon premier séjour chez Verne et Rosemary
À l’été 1981, Verne et Rosemary m’invitèrent à venir passer un mois chez eux dans leur maison à White Bear Lake dans le Minnesota. Je ne les avais jamais vus et je connaissais juste la belle histoire. Depuis 1949, ils avaient eu quatre filles suivies de trois garçons qui avaient à peu près mon âge. Je fus accueilli comme un membre de la famille et, malgré mon anglais encore hésitant, nos échanges furent riches et empreints d’une solide affection. Ils le sont restés pour toujours !
Ma dernière visite aux « Twin Cities » remontait à 2012 peu de temps avant le décès de Verne et l’année suivante de Rosemary. J’avais été heureux de pouvoir les revoir afin de leur dire un adieu. Ma grand-mère et mon père sont aussi partis il y a longtemps, mais l’histoire de notre amitié familiale, vieille de 70 ans, continue à travers les générations. Mon voyage de 2022 devait donc nécessairement inclure une visite à mes sœurs et frères américains.
Pourquoi j’aime le Minnesota ?
Le Minnesota est avant tout l’État des 10 000 lacs. Ils sont partout ! Certains sont encore sauvages et d’autres sont bordés des typiques maisons en bois américaines au milieu de forêts. La qualité de vie est excellente.
Le meilleur de l’American way of life
Ce que j’apprécie en particulier au Minnesota c’est l’American way of life dans toute sa simplicité et ce qu’elle offre de meilleur. Bien sûr, j’ai pu l’aimer, car j’y est fait de longs séjours dans ma famille américaine.
Le Minnesota ne se visite pas, mais se vit. En été, c’est le barbecue dans le jardin, la natation ou le canoé et les longues balades dans la nature. L’eau des lacs est réputée pour sa pureté. On peut y plonger sans inquiétude.
L’hiver : ma saison favorite !
Mais le Minnesota c’est également l’hiver. Il est rude et interminable et j’adore ça ! Les lacs sont gelés et deviennent de nouveaux terrains de jeux pour le patin à glace ou le ski de fond, comme en Suède dans mon autre pays de cœur.
Le Minnesota : terre progressiste
Le Midwest est connu pour être une région conservatrice et religieuse. Le Minnesota fait un peu exception avec les Twin Cities qui sont un fief démocrate progressiste. Le Minnesota est l’un des états où les infrastructures publiques sont les mieux entretenues aux États-Unis. La peine de mort a été abolie et c’est le seul de la région qui n’apporta pas ses voix à Trump en 2016.
Les Twin cities à découvrir
Minneapolis et sa sœur Saint-Paul sont des villes de taille modeste à l’échelle des États-Unis. Elles n’ont pas d’attrait touristique majeures, mais il est plaisant de s’y balader. Une particularité intéressante est à découvrir à Minneapolis où une ville parallèle a été construite en hauteur ! On se promène d’un building à un autre par un large réseau de passerelles, les « skyways », qui permet en plein hiver d’effectuer son shopping dans un environnement à l’abri des intempéries.
Le Minnesota : un état où il fait bon vivre
Les différents indicateurs de qualité de vie, notamment de santé, montrent que le Minnesota est l’un des endroits les plus privilégiés des États-Unis et à chaque fois que j’y suis allé je m’y suis senti bien.
Comme je suis toujours allé au Minnesota pour des visites familiales je n’ai que peu de photos à partager avec vous. Si vous souhaitez visiter le Minnesota je vous conseille de vous référer au blog de Lindsey une habitante de l’état !
Philadelphie : mon passage de l’université à la vie active
Philadelphie est connue pour être le berceau de l’indépendance américaine. Elle fut même la capitale des États-Unis avant qu’elle ne s’installe à Washington DC. À la fin du XIX et au début du XX Philadelphie participa à la révolution industrielle du pays. Depuis, la ville a grandi dans l’ombre de New York qui ne se situe qu’à 130 km.
Mon séjour d’un an à Philadelphie en 1985 et 1986
En ce qui me concerne, elle a une place à part, car j’y ai vécu un an entre 1985 et 1986. C’était aussi ma première longue expérience de vie loin du foyer familial de mes parents. Une rupture comme on ne peut plus connaître aujourd’hui avec la grande facilité de communication que nous avons.
À l’époque, les lettres mettaient huit à dix jours pour franchir l’Atlantique et les conversations téléphoniques étaient hors de prix. Le sentiment de dépaysement était forcément beaucoup plus intense et je suis heureux d’avoir pu le vivre.
Un séjour en trois temps
Mon séjour se déroula en trois temps : les études à la Wharton School, la découverte du pays avec Delta et le travail à l’aéroport de Philadelphie.
Le temps des études à la Wharton School
En 1985, j’étais étudiant à HEC dans le cadre de son MBA. J’avais été sélectionné pour participer à un programme d’échanges avec la Wharton School de l’Université de Pennsylvanie, ou Penn pour les intimes, pendant un semestre.
Depuis cette époque, les différences culturelles avec le système universitaire européen se sont estompées. Aujourd’hui, même la cérémonie de remise des diplômes avec les toges et lancer de coiffe a été importée en France. Ce qui se comprend dans le contexte américain devient, à mon sens, ridicule chez nous, car ce n’est pas notre histoire !
Ma plus grande surprise fut de découvrir la spontanéité des étudiants. Personne n’hésitait à aborder l’autre de façon « friendly » et pendant les cours, personne ne se censurait. Il n’y avait pas de questions stupides ou de jugements de la part des étudiants. Une liberté de ton qui faisait défaut dans les écoles françaises.
Le campus de Penn University est l’un des plus anciens du pays. On y retrouve la même architecture gothique qu’à Harvard. Les bâtiments historiques s’organisent autour de la Locust Walk, une artère piétonnière.
J’habitais dans une maison de West-Philae en colocation avec d’autres étudiants, un concept encore inconnu en France. Je passais beaucoup de temps avec mon ami Nicolas avec qui nous partagions la même passion pour les transports.
Le temps de la découverte du pays avec Delta Airlines
À la fin de mon semestre d’étude, je bénéficiais d’une étonnante offre aérienne de la part de Delta Airlines. Pour un prix relativement bon marché, la compagnie proposait aux jeunes de moins de 26 ans résidant à l’étranger un pass qui donnait la possibilité de voyager, en stand-by, de façon illimitée sur tout son réseau pendant 30 jours. Inutile de vous dire que j’en ai bien profité !
Je voyageais comme un fou et je visitais San Francisco, Las Vegas, Los Angeles, Chicago, Fort Lauderdale. Grâce à ce pass, je retournais passer Noël dans ma famille américaine à Minneapolis. Le dernier jour de mon pass, juste pour le plaisir de voler, je me rendis, par des petits avions à hélice, jusque dans le nord du Maine. Avec Delta Airlines, je découvrais le pays vu du ciel et je pouvais assouvir ma passion des avions.
Ce que je ne savais pas est que Delta Airlines deviendrait une compagnie importante dans ma vie professionnelle. Je me rendrai souvent, des années plus tard, à son siège d’Atlanta pour des réunions de travail, car Delta Airlines était devenu, avec la création de SkyTeam, le partenaire américain d’Air France, mon employeur.
Le destin réserve des clins d’œil que l’on ne comprend que plus tardivement au cours de sa vie. Merci Delta !
Le temps du travail à l’Aéroport de Philadelphie
La particularité de mon visa était de pouvoir travailler dans une société aux États-Unis pour la même durée que celle de mes études. Dès mon arrivée à Philadelphie j’adressai un nombre élevé de candidatures dans le domaine des transports et du tourisme, mais les réponses furent toutes négatives. Le stage de longue durée à la fin des études n’était pas encore intégré par les entreprises. J’ai aussi éprouvé le sentiment désagréable d’être un étranger pour qui la recherche d’un emploi devient plus compliquée à cause d’obstacles supplémentaires liés à l’administration, la langue ou les habitudes culturelles. Ce fut formateur pour comprendre ce que peut ressentir un émigré.
Ce fut grâce à un professeur de Wharton que je réussis, au dernier moment, à obtenir un stage de six mois à l’Aéroport de Philadelphie. Je fus chargé de mener diverses études marketing avec, par exemple, le suivi de la satisfaction des clients de la ligne de train de l’aéroport à la ville qui avait été inauguré peu de temps auparavant. Ma vie professionnelle était lancée !
De la fenêtre de mon bureau je ne me lassais pas de voir le ballet des avions de la compagnie US Air dont le hub se situait à Philadelphie.
Pourquoi j’aime Philadelphie ?
Philadelphie a un côté provincial mais c’est une ville où il fait bon vivre.
Une vie de campus qui se suffit à elle-même
À Philadelphie, j’ai d’abord apprécié la vie de campus de Penn University. Pendant mes études à Wharton, j’y vivais un peu en vase clos, car tout est fait pour étudier, se détendre, faire du sport et socialiser. Il ne me restait pas beaucoup de temps pour aller ailleurs en ville ou dans le pays. En 2022 je suis retourné sur le campus et j’ai retrouvé la même ambiance qu’en 1985 avec des étudiants qui ont toujours le même âge ! Cela m’a fait bizarre.
Philadelphie : une ville imprégnée d’histoire
Ce n’est que lorsque j’ai travaillé à l’aéroport que j’ai vraiment découvert la ville. Celle-ci est peu connue des touristes français et pourtant elle a joué un rôle important au moment de la création des États-Unis. C’est l’une des rares villes américaines où l’on a un sentiment d’histoire dans ce pays très jeune et qui me l’a rendue attachante.
Philadelphie n’a pas beaucoup changé depuis les années 80
Beaucoup des lieux que je fréquentais dans les années 80 sont restés inchangés. Philadelphie a plutôt moins évolué que d’autres villes américaines.
J’aimais déambuler dans le centre historique et notamment Elfreth’s Alley qui est la plus ancienne rue de Philadelphie, datant du début du XVIIIe siècle. Au bout d’une longue avenue majestueuse se trouve le Museum of Art qui mérite la visite avec des œuvres de peintres célèbres comme Picasso ou Monet. La vue depuis les impressionnantes marches de l’entrée du musée vaut le détour.
Un vrai marché comme en Europe
Un de mes endroits préférés à Philadelphie était le Reading Terminal Market qui est un marché couvert comme il en existe en Europe, mais très rarement aux États-Unis. C’est là où j’allais faire mes courses. On y retrouve les des amish, une communauté religieuse qui vit en autarcie en refusant le progrès technique. Nombre d’entre eux se sont implantés en Pennsylvanie et ils viennent au Reading Terminal vendre leurs produits agricoles tout ce qu’il y a de plus bio !
San Francisco : les premiers pas de ma vie professionnelle
San Francisco joue un rôle particulier pour moi, car elle est étroitement associée aux débuts de ma vie professionnelle.
Ma période UTA
Juste après mon séjour d’un an à Philadelphie j’ai été embauché par la compagnie aérienne UTA au moment de l’ouverture de la ligne Paris — San Francisco — Papeete. Un projet pour lequel je fus mis à contribution pour préparer le plan de communication de l’offre cargo.
Puis, en 1989, lorsqu’UTA fut racheté par Air France, je fus envoyé pour une mission de trois mois à San Francisco pour aider le Cargo Manager du marché américain. Cela me donna le temps suffisant pour me ressentir chez moi et parcourir de façon approfondie la ville.
Une vie d’expatrié insouciante
Cette période, courte, m’a fait découvrir la vie d’expatrié telle qu’elle existe de moins en moins avec un train de vie très confortable. J’habitais au Méridien dans une suite qui était plus grande que mon studio de l’époque dans la banlieue parisienne !
En dehors du travail, je fréquentais surtout les collègues de mon âge qui étaient de jeunes Français faisant leur service national en tant que coopérant en entreprise. Nous nous amusions beaucoup, mais nous étions dans un bocal sans nous intégrer vraiment dans la ville comme j’avais pu le faire à Minneapolis ou à Philadelphie. Un peu frustrant ! Je connais donc plus la ville, magnifique, que ses habitants.
De San Francisco je conserve une nostalgie d’une vie facile et pleine d’insouciance. Je travaillais dans une compagnie aérienne comme j’en avais toujours rêvé et le rachat d’UTA par Air France m’ouvrait de belles perspectives de carrière. Je n’avais pas encore eu à affronter les inévitables obstacles, et parfois les déceptions, d’une vie professionnelle dans une grande entreprise.
Ce que j’aime à San Francisco
Ce qui m’a plu à San Francisco est d’abord son cadre. La ville très vallonnée et entourée par la baie est belle. La proximité de la nature et de la mer fait partie des charmes de la ville avec ses immenses parcs comme le Golden Gate Park et son jardin japonais ou le Presidio of San Francisco.
San Francisco : le paradis des marcheurs
Le weekend à San Francisco je marchais car la ville est un paradis pour trekker urbain. Ça monte, ça descend et on change d’ambiances selon les quartiers. J’aimais partir à l’aventure et emprunter des rues au gré de mon inspiration. Les points de vue comme depuis les Twin Peaks sont spectaculaires.
Un incontournable : le Golden Gate
Bien que je l’aie souvent visité, je ne me lasse jamais d’observer le Golden Gate bridge. C’est l’un des ouvrages d’art le plus réussi que je connaisse à travers le monde.
San Francisco est une ville qui a beaucoup changé
Contrairement à Philadelphie, j’ai trouvé que la ville a beaucoup changé en 30 ans.
Castro reste le quartier gay de la ville, mais il s’est embourgeoisé avec une population qui a vieilli au fur et à mesure de la montée des prix de l’immobilier. L’ambiance est devenue plus sage et bon enfant. En 2022, j’y suis passé lors d’Halloween. Tout le monde était déguisé avec tous les styles, du plus sophistiqué au plus ridicule, mais le regard des autres était bienveillant. C’est une grosse différence avec Paris où l’on sent que l’on est jugé par rapport à l’élégance de sa tenue.
Le côté bohème de San Francisco en péril
L’esprit un peu frondeur et progressiste de la ville que j’avais aimé en 1989 est toujours là, mais ce côté bohème disparaît progressivement. À cause de la proximité de la Silicon Valley, San Francisco est une ville riche et elle est devenue l’une des villes les plus chères des États-Unis, en particulier pour se loger.
Trop de SDF laissés pour compte
À l’autre bout du spectre, en 2020, la ville comptait 92 SDF pour 10 000 habitants. Avec la ville de New York, c’est l’un des plus hauts taux du pays. Les SDF se concentrent dans le quartier de Tenderloin qui est une véritable cour des miracles. Ce qui choque n’est pas tant le nombre de SDF, mais leur état mental, car la plupart des SDF sont sous l’emprise de la drogue. En 2022, j’y suis passé, mais en marchant vite pour m’en écarter. Je n’ai pas le souvenir que c’était le cas dans les années 80 ?
Une ville à la fois trop riche et trop pauvre
Trop riche et trop pauvre, San Francisco aurait besoin de se trouver une nouvelle voie pour demeurer la ville plus attractive des États-Unis. L’esprit hippie qui avait contribué à sa réputation est bien loin. Le quartier Haight-Ashbury qui était son épicentre est devenu touristique et moins attrayant.
Malgré tout, San Francisco reste une ville que j’aime beaucoup et j’ai été heureux de la revoir en 2022.
New York : ma ville de cœur
Last but not least : il reste une dernière ville pour lequel j’ai un attachement énorme : New York. Elle fait partie de mes trois villes de cœur avec Paris et Stockholm.
Mon premier voyage en 1981
Je suis allé pour la première fois à New York en 1981. J’avais 19 ans et c’était mon premier voyage seul sans ma famille ou sans être accueilli par quelqu’un de connu.
Après la période noire des années 70 où la population décrut, la ville fut au bord de la faillite et la criminalité explosa, New York avait une très mauvaise réputation. Je logeais dans un YMCA, une auberge de jeunesse locale, et j’avais bien compris qu’il valait mieux ne pas sortir le soir, car c’était trop dangereux ! Malgré ce contexte j’eus un coup de cœur pour cette ville. J’ai tout de suite adoré ces gratte-ciels et son énergie. Je la parcourais à pied avec le walkman sur les oreilles que je venais d’acheter à un prix bien inférieur à ce que l’on pouvait avoir à ce moment en France. C’était magique et encore extraordinaire de pouvoir le faire à l’époque.
La ville que j’ai visitée le plus régulièrement aux États-Unis
Depuis, j’y suis retourné très régulièrement surtout pour mon travail et parfois simplement pour le plaisir.
L’une des visites les plus marquantes fut celle de janvier 2002. Nous avions, grâce à mon conjoint, bénéficié d’une offre du programme de fidélisation d’Air France pour un aller-retour en Concorde. Une expérience unique et extraordinaire en soi. Cette fois-ci, nous étions aussi allés nous recueillir sur le site de la tragédie du 11 septembre 2001 : Ground Zero. L’émotion était encore très vive et nous ne savions pas ce que l’avenir allait réserver au Monde après un tel événement.
New York est la seule ville américaine où je suis allé avec mon père en 1989 et ma mère en 2011. Des souvenirs forts que nous gardons avec ma sœur qui était aussi avec nous.
À la fin de mon voyage de 2022, je me suis donné un nouvel objectif : revenir à New York, mais pour une longue période de plusieurs semaines, voire quelques mois, afin de mieux m’imprégner de la ville comme s’y j’y habitais.
Ce que j’aime à New York
À chaque fois que je vais à New York, je ressens une émotion intense qui ne s’explique pas. Je ne me lasse jamais de déambuler dans les rues de Manhattan au hasard de mon inspiration. J’aime regarder la foule et la diversité des personnages qu’offre la ville et où l’on ne se juge pas. Chacun adopte le look dont il a envie.
Une ville en perpétuel mouvement
New York est une ville qui évolue constamment : des buildings disparaissent pour faire la place à d’autres. Le plus emblématique est bien sur le nouveau World Trade Center avec à ses côtés l’empreinte des tours détruites. Ce peut être aussi des endroits moins tragiques comme transformation de la « High line », une magnifique promenade piétonne sur une ancienne voie de chemin de fer.
Une ville avec des quartiers comme à Paris
Un peu comme à Paris j’apprécie la possibilité de changer d’ambiances à New York quand on passe du quartier bourgeois et riche de l’East Side à Chinatown, Harlem ou Greenwich Village.
Une ville maritime tournée vers le Monde
À New York, j’aime la présence de la mer et de l’eau. Une de mes balades préférées est de marcher le long de l’Hudson River jusqu’à la pointe de Battery Park. De là, prendre le ferry vers Staten Island, le quartier le plus campagnard de New York, permet de voir la statue de la Liberté, mais aussi Ellis Island un des lieux les plus émouvants de la ville, car c’est là où débarquaient les immigrants qui attendaient dans l’angoisse la décision des autorités américaines de les accepter, ou non, pour une nouvelle vie en Amérique.
La vie nocturne de New York incontournable
New York c’est la nuit. J’aime les ambiances lumineuses de la ville avec son incontournable Times Square qui reste spectaculaire malgré une affluence touristique beaucoup trop importante. Les premières années de ma vie professionnelle, pour mes missions, je choisissais de descendre au Novotel d’où la vue sur Times Square était extraordinaire. Aujourd’hui il s’appelle le M Social Hotel Times Square.
Une vie culturelle intense
New York, ce sont d’innombrables musées et expositions. Celui que je préfère est le Modern Art, ou le Moma, où je m’y rends à chacune de mes visites.
Enfin New York est une ville de spectacles : que ce soit pour une comédie musicale à Broadway ou un opéra au Lincoln Center, j’ai essayé autant que faire se peut d’y assister un soir pendant chacun de mes séjours !
Seul ombre au tableau : une ville hors de prix
Le plus gros inconvénient de New York est le coût de la vie qui est de plus en plus élevé qui la rend progressivement inabordable. C’est une évolution que j’ai surtout perçue depuis ses dernières vingt années qui me désole.
Le voyage de 2022 : un coup de projecteur sur mon passé
Les grandes orientations d’une vie se décident souvent dans sa vingtaine. Me concernant ce sont les années 80. C’est dans cette décennie que j’ai fait mes études universitaires et je suis rentré dans la vie active. C’était l’époque des objectifs et des rêves. Les États-Unis ont été mon inspiration et mon premier terrain de jeu d’adulte.
Mes voyages aux Etats-Unis ont construit le début de ma vie d’adulte
Le voyage que j’ai fait en 2022 m’a permis de réaliser le chemin que j’ai parcouru en quarante ans. J’ai compris à quel point mes voyages américains ont structuré ma vie.
Les États-Unis provoquent souvent des réactions très contrastées : on aime ou on déteste cette super puissance qui est à la fois un pays qui accueille facilement les étrangers chez elle, mais impose aussi sa vision du monde et son style de vie parfois de manière brutale et cynique.
Les Etats-Unis : un pays auquel je me suis attaché
Avec mon voyage en 2022, j’ai pris le temps de me balader et de discuter avec les gens. Cela m’a permis d’appréhender la complexité de ce pays et de trouver le juste milieu entre l’enthousiasme un peu naïf de ma jeunesse et ensuite mon rejet trop binaire des évolutions pas toujours heureuses qu’ont connu les États-Unis.
Et, s’il y a une chose que j’aime plus que tout aux États-Unis c’est la chaleur du premier contact. Les Américains sont vraiment doués pour ça et aident à leur pardonner en partie leurs nombreux excès.
Est-ce un hasard ? Mais tout au long de mon voyage, la musique diffusée dans les bars et les restaurants que j’ai fréquentés était celle des années 80 !
Redonner au voyage sa dimension temporelle
Le voyage est souvent géographique, mais il revêt parfois une dimension temporelle. Il devient dans ce cas plus intime, plus riche, et plus intense. Dans cet article, par pudeur, je n’ai pas tout raconté ce que j’ai vécu aux États-Unis dans les années 80 et des émotions que j’ai ressenties en y retournant en 2022. C’est mon jardin secret !
J’espère que mon témoignage inspirera notamment les plus jeunes de mes lecteurs pour qu’ils inventent leurs propres voyages grâce à aux études, le travail ou les relations humaines.
Je suis tombé sur ce site dans un voyage entre Munich et Budapest (calamiteux, car le train n’est jamais parti et on nous a fait sortir du train sans excuses et sans explications à 5h du matin.., merci la DB et la MAV pour leur sens du service inoubliable).
Je souhaitais savoir si le trajet Paris – Stockholm se réalisait facilement (apparemment pas vraiment…).
Articles géniaux et très bien écrits, j’ai l’impression de consulter la revue America. Je vais tous les lire (depuis la Moldavie !).
Bonjour,
Merci !
Pour faire Paris Stockholm en suivant mes indications dans l’article Aller en Scandinavie en train : guide pratique cela devrait faciliter votre voyage !