De Chicago à San Francisco avec le California Zephyr

Traverser les États-Unis en train : un rêve de gosse

Aller de l’Atlantique au Pacifique en train : voilà un rêve de gosse que j’ai enfin pu réaliser en 2022 ! J’avais entendu que les paysages traversés en train pouvaient être extraordinaires et que le service d’Amtrak, la compagnie ferroviaire américaine, était de haut niveau.

Je suis souvent allé aux États-Unis, mais, comme presque tout le monde, je me suis déplacé dans le pays soit en voiture sur les ennuyeuses « interstates » ou soit en avion qui est gage d’efficacité, mais pas forcément de plaisir. Je voulais donc faire l’expérience du voyage en train !

Mon voyage m’a emmené de Washington DC à San Francisco en passant par Chicago. Ce fut un voyage en train extraordinaire que je raconte dans deux articles :

• De Washington DC à Chicago avec le Capitol Limited
• De Chicago à San Francisco avec le California Zephyr

Chicago étant un point de passage obligé j’ai rédigé un article pour vous donner quelques indications pour une visite de Chicago en quelques heures ou deux ou trois jours.

Les conseils pratiques pour organiser votre voyage en train sont regroupés  à la fin de cet article.

Ce voyage transcontinental était sponsorisé ! Non pas par Amtrak, mais par ma famille et mes amis qui m’ont offert ce périple pour mon changement de dizaine. Merci à eux tous.

Cette traversée des États-Unis m’a permis de me rendre compte de l’immensité de celui-ci bien mieux qu’en avion.

Tous les textes en couleur corail indiquent un lien interne ou externe.

Le California Zephyr de Chicago à San Francisco

Après un arrêt de trois jours à Chicago, je retourne à la gare d’Union pour prendre le California Zephyr. Je l’ai choisi, car il emprunte la ligne de train la plus spectaculaire des États-Unis. Je pars donc à la conquête de l’ouest sur les traces de Lucky Luke !

Je vais parcourir 3924 km jusqu’à la côte Pacifique à la vitesse moyenne de 75 km / h. Un trajet qui classe le California Zephyr parmi les plus longues distances ferroviaires au Monde.

Union station à Chicago

Je prends un peu de temps pour explorer Union Station, mais excepté le vaste hall central, la gare est en grande partie souterraine et pas très attractive. Curieusement elle n’est reliée à aucune station de métro. La plus proche est à 400 m de distance en passant par un pont au-dessus de la rivière Chicago.

Union Station est le grand hub d’Amtrak. Chicago est la seule ville des États-Unis à avoir des liaisons directes avec tout le pays excepté vers la Floride où il faut changer de train à Washington DC.

L’Empire Builder vers Seattle, le Lake Shore Limited vers New York et Boston ou le Southwest Chief vers Los Angeles sont quelques-uns des prestigieux trains au départ de Chicago.

Étant un peu en avance, je me repose au salon des passagers Première Classe d’Amtrak accessible aux détenteurs d’un billet en voiture-lits. Il est vaste et confortable avec une décoration très américaine. Cependant on ne trouve pas de buffet comme dans les salons VIP des compagnies aériennes. Seuls des sodas, le café et du thé sont mis gracieusement à la disposition des passagers.

Le California Zephyr : un train qui fait rêver

Quel joli nom Zephyr qui veut dire un vent doux et agréable ! C’est une belle promesse pour ce voyage.

Ce train est vraiment mythique. Dans les années 50, il offrait un service ferroviaire de grand luxe avec les fameux vistadomes que l’on retrouve encore sur les trains transcontinentaux canadiens. Parcourir la brochure commerciale de l’époque fait rêver.

Aujourd’hui ce train de luxe appartient au passé. Mais la route empruntée reste extraordinaire qui fait que le California Zephyr reste un train d’exception même si je retrouve le même Superliner que j’ai emprunté de Washington DC à Chicago.

Héritière des vistadomes nous retrouverons une voiture-café panoramique supplémentaire. Celle-ci se remarque par ses fenêtres qui remontent vers le toit. Elle sera très fréquentée au moment où nous traverserons les Rocheuses pour bien apprécier les paysages spectaculaires.

Je m’installe dans une Roomette tout à fait similaire à celle du premier tronçon et que j’ai présenté en détail dans mon article sur le Capitol Limited. Mais cette fois-ci le voyage va durer deux jours et quatre heures !

Parfait, si l’on voyage seul mais, à deux, une Bedroom est préférable. J’explique pourquoi dans mon article sur le Capitol Limited.

Si vous peu soucieux de votre confort, ou avec des moyens limités, vous pouvez tenter l’aventure en coach !

Vers Denver à travers les plaines du Midwest

A 14h00, c’est sous une pluie battante que nous quittons Chicago pour traverser successivement les états de l’Illinois, de l’Iowa puis du Nebraska. Nous sommes dans l’Amérique agricole bien conservatrice. Celle qui a plébiscité Donald Trump !

J’appréhendais un peu cette partie du voyage en me disant que le trajet au milieu des vastes plaines du Midwest serait monotone. En fait, je n’ai pas vu le temps passer. C’est l’avantage de la nouveauté : on est plus attentif et observateur.

Découverte de la voiture panoramique

Je profite de cette première après-midi du voyage pour me balader dans le train.

La voiture panoramique se trouve après la voiture-restaurant et est accessible à tous les passagers du train sur le principe du premier arrivé, premier servi. Elle a succédé aux voitures d’autrefois et à leur vistadome. Les vitres sont grandes et remontent vers le plafond, ce qui permet d’avoir une vue très large des paysages traversés.

La voiture panoramique n’existe que sur les trains qui vont vers le Pacifique.

C’est aussi un lieu de socialisation où l’on peut rencontrer des compagnons de voyage.

Après la voiture panoramique se trouvent les voitures coach, avec des places assises, que je décris en détail dans le premier article consacré au Capitol Limited.

Au cours du voyage nous sommes informés par annonces des « fresh air stops » qui sont des arrêts un peu plus prolongés où nous avons la possibilité de nous dégourdir les jambes pendant quelques minutes sur le quai.

Des moments bien agréables où nous éprouvons l’atmosphère de la ville ou du village traversé. Le plus étonnant a été de ressentir la température extérieure qui a beaucoup varié tout le long du parcours.

Juste avant le coucher du soleil, à Burlington, nous passons au-dessus du Mississippi qui, bien qu’encore très loin de son embouchure en Louisiane, a déjà une largeur impressionnante.

C’est l’heure du fameux diner d’Amtrak !

Amtrak est connue pour la qualité de sa restauration. Tous les repas sont compris dans le billet.

De Chicago à San Francisco, la voiture-restaurant est réservée aux passagers des voitures-lits.

Le soir nous avons droit à un diner en trois temps servi sur nappe blanche. Deux services sont prévus à 17h30 et 19h.

C’est donc tout content que je me précipite pour mon premier vrai diner Amtrak. Comme je voyage seul, on me demande si je souhaite partager ma table avec quelqu’un d’autre. Cela fait bizarre de se retrouver en tête à tête avec un inconnu, mais le contact facile des Américains fait que j’ai bien aimé l’expérience. Mon convive du premier soir est un ancien ingénieur qui a travaillé autrefois pour la Cunard, la société qui exploite toujours des transatlantiques.

Je choisis des crevettes panées à la noix de coco suivi d’un saumon le tout arrosé d’un Cabernet Sauvignon.

Pour être honnête, j’ai été un peu déçu, mais mes attentes devaient être trop élevées. Certes on dine sur des nappes en tissu, mais le service est plutôt expéditif et un certain désordre régne dans la voiture avec des amoncellements de stocks de vaisselle jetable.

La nourriture elle-même est correcte, mais pas exceptionnelle. Par exemple, mon saumon fut trop cuit et sans saveur, le dessert trop riche et crémeux. Mais les attentes des Américains ne sont pas les mêmes que le Français que je suis ! Mes convives semblaient très satisfaits. Le vin, par contre, était bon !

Le petit-déjeuner et le déjeuner sont plus simples, mais copieux. Aussi il n’est pas nécessaire de prévoir d’amener de provisions. Avec ce que nous sert Amtrak, je n’ai pas eu faim !

Un dernier détail : j’ai été assez choqué par la quantité de vaisselle jetable utilisée tout le long du voyage. Les considérations de développement durable n’ont visiblement pas la même importance qu’en Europe.

Notre train a deux heures de retard !

Le lendemain matin nous arrivons à Denver à 9h15 au lieu de 7h15. Nous avons deux heures de retard, ce qui est très courant pour les transcontinentaux.

En effet, les réseaux à l’ouest de Chicago appartiennent à des compagnies ferroviaires de fret qui privilégient leurs trains sur ceux d’Amtrak au mépris d’une loi qui donne la priorité aux trains de passagers.

Ainsi, en juin 2022, seuls 12 % des California Zephyr furent à l’heure ! Pour cette raison, Amtrak a lancé une campagne d’information auprès de ses clients pour qu’ils fassent aussi pression sur leurs représentants au Congrès. Une approche bien américaine.

Nous avons croisé quelques trains de fret et leur longueur est impressionnante jusqu’à deux ou trois kilomètres ! Pour cette raison, leur vitesse est encore plus lente que les trains d’Amtrak et comme sur une grande partie du trajet nous circulons sur une voie unique il est facile de comprendre l’explication des retards.

Arrivée à Denver la Mile-high city 

Denver est la première grande ville que nous rejoignons. Nous avons toujours l’impression d’être en plaine pourtant, pendant la nuit, nous avons déjà grimpé jusqu’à 1609 m au-dessus du niveau de la mer d’où le surnom de la ville : Mile-high city.

À cause de l’altitude, le paysage est devenu plus austère. Les forêts du Midwest ont été remplacées par un horizon qui rappelle un peu la toundra ou les steppes asiatiques et au loin je discerne les montagnes Rocheuses.

L’arrêt à Denver, près d’une heure, est le plus long sur la ligne.

D’abord parce que le train est retourné, car la gare est en cul-de-sac. C’est une manœuvre qui prend pas mal de temps.

Ensuite, plusieurs opérations de maintenance sont entreprises pendant l’arrêt. Ainsi les vitres sont toutes lavées ! Elles sont d’une propreté dont la SNCF devrait s’inspirer sur bon nombre de ses trains un peu vétustes comme les intercités ou les TER.

J’en profite pour explorer la gare qui s’appelle aussi Union. Elle a été transformée en hôtel tout en gardant le cadre de son ancienne salle des pas perdus. C’est une belle réussite et contrairement aux autres gares de l’est du pays les quais sont modernes et aérés.

Denver peut-être une opportunité pour un arrêt de quelques jours. Non pas pour visiter la ville qui a un intérêt limité, mais les montagnes qui ne sont pas loin. Dans ce cas la location d’une voiture est nécessaire.

Une lente traversée des montagnes Rocheuses

Nous repartons à 10 h du matin à l’assaut des Rocheuses. Beaucoup de monde se précipite dans la voiture-café panoramique pour ne rien rater du spectacle ! Les places sont chères et il vaut mieux être parmi les premiers. Pendant tout le trajet, le contrôleur nous informera sur les curiosités de la ligne.

Nous montons lentement dans la montagne en passant par le big 10 curve . Le nom vient du rayon de la courbe qui est seulement de 10° pour faire un tournant de plus de 180°. C’est du moins ce que j’ai compris. Si vous avez une autre explication, dites-le-moi en commentaires ! D’où un virage très large et spectaculaire sur le flanc de la montagne.

Les paysages d’abord arides sont progressivement boisés avec des forêts de pins. Les tunnels et les virages se succèdent dans un environnement de plus en plus montagneux.

Au bout du train, je découvre l’un de mes endroits préférés du California Zephyr : l’arrière de la dernière voiture avec une porte vitrée qui permet de regarder défiler les voies de chemin de fer tout en se laissant aller à une certaine rêverie.

Nous passons ensuite à côté du Gross reservoir, un lac artificiel avec un barrage, qui joue un rôle important pour desservir l’agglomération de Denver en eau potable.

Le tunnel de Moffat et la rivière Colorado

Puis nous arrivons au tunnel de Moffat long de 10 km. À une altitude de 2816 m, il est le plus haut en Amérique du Nord et est le point culminant de notre trajet. Nous avons grimpé 1200 m depuis Denver. Le tunnel se situe sur la ligne de partage des eaux entre le golfe du Mexique et le Pacifique.

À la sortie du tunnel, notre surprise fut totale en découvrant un paysage d’hiver enneigé ! Nous apercevons brièvement une station de ski avant l’arrêt à Fraser. Une bataille de boules de neige est improvisée entre les voyageurs tout excités par la vue de la première neige de la saison !

Nous reprenons notre route le long de la rivière Fraser juste avant le déjeuner. Je choisis un bon burger bien américain avec un coca et un gateau crémeux. Pas diététique mais plutôt bon !

Nous pénétrons ensuite dans un canyon que nous allons suivre pendant longtemps : la rivière Colorado qui va jusqu’au Grand Canyon. Tout simplement magnifique.

L’impression d’isolement est totale, car la plupart du temps nous passons dans des paysages sans route. Et comme notre voie est unique, la trace du chemin de fer est à peine visible.

En été, nous aurions vu des rafteurs et des randonneurs. Lorsqu’ils voient le train arriver, la coutume est… qu’ils montrent leurs fesses : le mooning ! Malheureusement en octobre je n’en ai pas vu. Les touristes estivaux étaient tous partis.

Les puissantes locomotives du California Zephyr

A l’arrêt de Gleenwood Springs je vais admirer les deux énormes locomotives diesel qui nous tractent depuis Chicago.  Ce sont des monstres ! Je n’ose imaginer notre consommation de carburant et d’émission de CO2 sur notre trajet. Le train aux USA n’est pas aussi écologique qu’en Europe où le réseau est bien plus électrifié.

Notre voyage aura été rythmé par l’incessante sirène des locomotives pour signaler notre passage.

L’Utah et ses paysages désertiques

Avant l’arrivée à Grand Junction, le paysage s’élargit. Des falaises rocheuses, les Book Cliffs, s’élèvent au bout de vastes plaines de plus en plus désertiques. À cette époque de l’année, le paysage fait austère et rude. Comme nous avons pris beaucoup de retard nous ne voyons pas grand chose des paysages de l’Utah.

Nous nous dirigeons vers Salt Lake City, la ville des Mormons, où nous parviendrons tard dans la soirée après que je me sois couché.

La Sierra Nevada

À la suite d’une seconde bonne nuit, nous nous réveillons dans le Nevada avec l’impression d’être au milieu d’un western. Il ne manque que les cow-boys et les Indiens.

Après Reno, nous montons à nouveau dans la montagne, la Sierra Nevada, jusqu’au col de Donner à 2151 m. Juste avant nous nous arrêtons à Truckee une jolie ville de Californie qui paraît bien riante après la traversée des Rocheuses.

Nous longeons ensuite le lac Donner qui est l’un des highlights de notre trajet.

La Californie à grande vitesse

Sacramento, la capitale de la Californie, est notre dernière grande gare. Nous sommes maintenant dans la plaine et le train prend de la vitesse comme s’il était pressé d’arriver et la baie de San Francisco annonce la fin de notre voyage.

Curieusement, nous avons rattrapé une bonne partie de notre retard qui n’est plus que de 30′ alors que le soir précédent nous avions plus de deux heures.

La vue de bateaux dans la baie nous annonce notre approche du Pacifique !

Emeryville notre destination presque finale !

La destination finale du California Zephyr n’est pas San Francisco, mais Emeryville ! Une ville de la banlieue d’Oakland située de l’autre côté de la baie.

En regardant une carte on comprend pourquoi car San Francisco est une presqu’île entourée par la fameuse baie.

Des bus spécialement affrétés par Amtrak nous emmènent à San Francisco par le magnifique Bay bridge en une petite demi-heure.

Rencontres à bord des trains Amtrak

Voyager sur les trains Amtrak est l’occasion de nombreuses rencontres. C’est l’une des richesses de ce type de voyage que l’on a perdu en avion avec les passagers qui sont maintenant rivés sur leurs écrans de divertissement et ignorent complètement leurs compagnons de voyage.

Qui sont les voyageurs du California Zephyr ?

Rencontrer et échanger avec des voyageurs à bord des trains américains est très facile.

Les meilleurs moments sont pendant les repas ou les après-midis à la voiture panoramique. C’est ainsi que j’ai croisé une serveuse de restaurant de Pittsburgh qui prenait le train pour la première fois pour rendre visite à sa fille à Grand Junction et un professeur de technologie qui avait fait l’aller-retour San Francisco — Boston pour une conférence.

En octobre, les touristes étrangers sont rares. Je n’ai juste vu qu’une Anglaise voyageant avec son fils ado.

En voiture-lit, la moyenne d’âge est plutôt élevée, ce qui n’est pas étonnant compte tenu des prix chers et de la lenteur des trajets.

Les jeunes sont surtout en coach. J’y ai aussi vu plusieurs amish, une communauté religieuse qui recherche une vie simple et rurale à l’écart du progrès. Ils sont facilement reconnaissables à leur look vestimentaire du XIXe siècle. Grâce à une forte natalité, la communauté croît rapidement et ils sont près de 370 000 en 2022. Je n’ai pas osé les approcher, mais si vous êtes moins timides que moi faites-le, car je crois qu’ils sont très sociables.

La majorité des voyageurs ne font qu’une partie du trajet. Rares sont ceux qui vont de Chicago à San Francisco et encore moins depuis la côte Atlantique. Le but du voyage pour beaucoup d’entre eux semble être les visites familiales et le trait commun de tous les voyageurs est d’avoir du temps devant eux. Les étudiants et les retraités sont donc surreprésentés. Pas d’hommes ou de femmes d’affaires stressés à bord des transcontinentaux d’Amtrak !

Sur l’ensemble du parcours j’ai trouvé le remplissage plutôt élevé. Le California Zephyr a du succès !

Le personnel d’Amtrak : pour le meilleur et le moins bon !

Le service du personnel d’Amtrak est pour le moins hétérogène.

De Chicago à San Francisco, le steward qui s’occupait de ma voiture-lit était un jeune avec moins de six mois d’ancienneté. Il était enthousiaste et très attentionné.

Pendant les cinquante heures de voyage, je peux affirmer qu’il n’a pas chômé. Il devait se précipiter, à chaque départ d’un client, pour remettre en état sa cabine afin qu’elle soit prête pour son successeur. C’est lui qui amenait le repas aux clients qui souhaitaient diner dans leur compartiment. Il n’a pas eu beaucoup de temps pour se reposer pendant le trajet.

À l’inverse, pendant mon voyage, les serveurs de la voiture-restaurant se préoccupaient plus de l’efficacité du service que du bien être des voyageurs. Par exemple, le dessert était servi en même temps que le plat principal avec un air blasé. Une fois le repas expédié, ils passaient de longues heures sur leur smartphone ou à discuter entre eux sans aucune discrétion vis-à-vis des clients.

Un héritage du passé : le pourboire. Contrairement au personnel des compagnies aériennes, les employés d’Amtrak espèrent en recevoir un. Je me suis renseigné auprès de voyageurs américains et les montants attendus sont loin d’être négligeables :

• 20 dollars par nuit pour le steward de la voiture-lit
• 3 dollars pour un petit-déjeuner,
• 5 dollars pour un déjeuner
• 10 dollars pour un diner

Pour un trajet Chicago — San Francisco, cela s’élève à 76 dollars pour une personne. À deux, le personnel s’attend à un montant double et bien sûr ce montant est à moduler selon la qualité du service reçu. Il n’est donc pas négligeable. J’ai pour ma part toujours eu du mal à accepter cette coutume américaine du « tipping » qui implique une relation de service basée sur une récompense du client, mais ce serait un long débat !

Que penser de cette traversée en train des États-Unis ?

Pour un amoureux des trains de nuit comme je le suis, ce fut une expérience fantastique que je recommande chaleureusement.

Une véritable croisière sur rail

J’ai aimé cette sensation de croisière sur rail qui reste pourtant un vrai train de voyageurs et pas seulement pour touristes contrairement aux transcontinentaux en Australie qui sont devenus de simples attractions touristiques ou les ultra-luxueux trains d’agence en Europe comme l’Orient-Express avec des prix exorbitants.

Cette expérience de slow travel, un magnifique land-trip, permet de se rendre compte de la taille des États-Unis et de ses multiples espaces immenses et peu peuplés.

Enfin le contact simple et chaleureux avec les Américains tout le long du voyage fut un plaisir.

Un retour dans les années 80 à 90

Le design intérieur des Superliner fait cependant assez défraichit et reflète bien ses trente ans d’âge. Malgré tout pour des trains aussi anciens, j’ai trouvé que la maintenance était bonne car les matériaux d’origine devaient être de qualité.

Un détail : tous les fonctionnements, tant des fauteuils que des lits, sont mécaniques.

Globalement les Superliner sont plutôt bien conçus pour des voyages très longues distances. Le train ne roulant jamais très vite, le niveau sonore à bord est très acceptable. Après mon voyage de Chicago à San Francisco, je me sentais reposé et j’avais très bien dormi. Ce n’est pas toujours le cas en Europe après une nuit en train.

Un train qui pourrait inspirer les compagnies ferroviaires européennes

Amtrak ne bénéficie pas d’un réseau de qualité comme les compagnies européennes. Celui-ci est très étendu, mais peu dense et essentiellement conçu pour le transport de marchandises.

La force d’Amtrak est d’avoir su créer un véritable concept de voyage slow travel qui pourrait inspirer ceux qui veulent relancer le train de nuit en Europe.

Ainsi la réintroduction de la voiture-restaurant dans les trains européens serait une amélioration fantastique de l’expérience client. C’est ce qui fait une grande partie du charme des trains d’Amtrak.

Le concept de la Roomette est aussi intéressant en termes d’optimisation de l’espace.

Enfin, la voiture panoramique est très appréciée des voyageurs.