J’ai testé le train de nuit Nightjet nouvelle génération
Les Öbb, les chemins de fer autrichiens, ont conçu un train de nuit, le Nightjet nouvelle génération, qui est un concentré d’innovations. C’est un évènement majeur pour le marché du train de nuit en Europe.
En janvier 2024, j’ai testé le nouveau Nightjet, entre Hambourg et Innsbruck, dans deux classes différentes à l’aller et au retour.
Cet article très complet a pour ambition d’être une référence pour décrire l’expérience client de ce nouveau train.
Mon test non sponsorisé sur le trajet Hambourg Innsbruck Hambourg
En novembre 2023, les Öbb, les chemins de fer autrichiens, ont présenté leur tout nouveau train de nuit lors d’un voyage VIP de 48 heures à travers l’Autriche.
C’était un événement majeur, car depuis, au moins 50 ans, aucune entreprise ferroviaire n’avait proposé de nouveautés importantes dans ce domaine.
Étant un « jeune » blogueur encore peu connu, je n’ai pas été invité à cet événement VIP. Du coup, j’ai acheté moi-même un billet aller-retour Hambourg Innsbruck en janvier dernier pour tester le nouveau Nightjet. Je ne le regrette pas, car j’ai pu expérimenter le trajet tel que les vrais voyageurs le vivent.
À l’aller, j’ai testé le concept révolutionnaire de la mini cabine qui est une alternative à la couchette.
Au retour, j’ai testé la cabine Comfort Plus, le haut de gamme de ce train.
L’ambition des Öbb : être les leaders du train de nuit en Europe
Les Öbb sont la seule compagnie ferroviaire nationale en Europe à avoir une stratégie de développement du train de nuit. Cela s’explique en grande partie par la situation très centrale de Vienne et la difficulté pour ce petit pays montagneux de créer un réseau de lignes à grande vitesse.
Les Öbb ont d’abord racheté, en 2015, la vieille flotte de trains de nuit des DB, les chemins de fer allemands, pour lancer rapidement à grande échelle leur réseau européen. Ce sont ces trains que l’on retrouve sur les lignes Paris Vienne et Paris Berlin.
Très vite les Öbb se sont rendu compte qu’il leur faudrait investir dans du matériel innovant pour être attractifs auprès de nouveaux segments de clientèle plutôt réticents avec l’offre de train de nuit actuelle.
Les Öbb ont développé avec Siemens Mobility, le constructeur ferroviaire allemand, un Nightjet de nouvelle génération. C’est un pari audacieux, car les deux géants ferroviaires la SNCF française et la DB allemande n’arrêtent pas de dire que le train de nuit n’est économiquement pas viable sans importantes subventions de leurs gouvernements. Les Öbb veulent prouver le contraire.
33 nouveaux Nightjet ont été commandés
Les Öbb ont commandé 33 rames de la nouvelle génération qui seront mises en service progressivement, d’ici 2025, vers l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suisse et l’Italie. Malheureusement, ces nouveaux Nightjets n’ont pas encore été certifiés pour circuler en France. Il faudra patienter avant de les voir venir chez nous.
Les nouveaux Nightjets sont constitués de sept voitures indissociables
Le nouveau Nightjet n’est plus constitué de wagons indépendants que l’on peut assembler comme les pièces d’un lego, mais d’un ensemble indissociable de sept voitures :
- Deux voitures-lits avec des cabines pouvant accueillir chacune un ou deux voyageurs.
- Trois voitures couchettes avec des mini cabines individuelles et des compartiments de quatre couchettes
- Une voiture de places assises
- Une voiture multifonctions avec un compartiment dit « sans barrière » pour accueillir confortablement jusqu’à quatre voyageurs PMR avec leurs accompagnants, des places assises, des vélos, des skis et des gros bagages
La rame peut transporter un maximum de 254 voyageurs.
Ces nouveaux Nightjets ont toujours besoin d’être tractés par une locomotive. À l’une des deux extrémités de la rame de sept voitures se trouve un poste de conduite. Cela permet dans les gares en cul-de-sac de faciliter les manœuvres sans devoir déplacer la locomotive.
Tous les textes en couleur corail indiquent un lien interne ou externe.
Le standard actuel des trains de nuit date des années 70 !
Pour comprendre ce qui fait le côté révolutionnaire des nouveaux Nightjets, un petit rappel de l’offre typique des trains de nuit est nécessaire, car seuls les plus de 50 ans sont familiers avec elle.
On la retrouve sur les rares trajets en Europe qui ont survécu à l’abandon massif des trains de nuit. Cette offre n’a guère changé depuis les années 70 !
La voiture-lit
La voiture-lit est aménagée en compartiments de trois lits avec un petit cabinet de toilette. Elles sont les héritières, plutôt défraichies, de l’Orient-Express et autres trains prestigieux du début du 20e siècle et leur conception n’a pas beaucoup évolué depuis.
Sauf, dans les modèles les plus récents, les WC sont collectifs et les douches exceptionnelles.
Les lits sont équipés comme dans un hôtel avec des draps et couvertures ou des couettes. Les compartiments sont transformables pour offrir des fauteuils en version jour et escamoter un ou deux lits selon le nombre de voyageurs.
Il est possible de louer soit un lit en partageant sa cabine avec d’autres voyageurs de même sexe, soit le compartiment en entier.
Un steward est affecté à la voiture pour assurer l’accueil et un service de restauration, notamment le petit-déjeuner.
Aujourd’hui, les voyageurs reprochent surtout l’absence de WC ou de douches privatives et le fait de devoir partager le compartiment avec un ou deux inconnus.
La voiture-couchette
La voiture-couchette permet de voyager allongé mais avec un confort rudimentaire en contre-partie d’un prix plus accessible.
L’aménagement typique consiste en des compartiments de six couchettes superposées avec deux rangées de trois face à face. La literie se compose le plus souvent d’un drap sac et d’une couverture.
En rabattant la couchette du milieu, les voyageurs peuvent voyager assis. Les sanitaires, limités à des toilettes et un lavabo, sont collectifs et situés en bout de wagon.
La SNCF se distingue des autres compagnies ferroviaires en offrant une première classe avec des compartiments de quatre couchettes au lieu de six.
Les couchettes sont aujourd’hui peu appréciées par les voyageurs qui trouvent les compartiments trop exigus et octroyant peu d’intimité.
La voiture place assise
Cette offre est en concurrence avec les bus de lignes avec simplement des fauteuils pour passer la nuit.
les prix proposés sont bien sur le plus souvent très compétitifs.
Je découvre le nouveau Nightjet sur un quai d’Hambourg
Ces dernières années, Öbb ont fait beaucoup de teasing sur leur nouveau Nightjet. Un soir de janvier 2024, je suis donc vraiment impatient de le découvrir d’autant plus que la température est glaciale sur le quai de la gare d’Hambourg où j’attends mon train pour me rendre à Innsbruck.
Le supplice est à son comble, car il a une dizaine de minutes de retard qui me semblent une éternité, et je suis complètement frigorifié comme mes compagnons de voyage qui font tous les cent pas sur le quai.
Le train apparait enfin dans sa belle livrée extérieure bleu nuit qui ne le distingue pas des anciens Nightjets.
Je me précipite vers mon wagon, d’abord pour retrouver un peu de chaleur, mais surtout découvrir ce fameux Nightjet, car c’est à l’intérieur qu’il est vraiment révolutionnaire.
Le nouveau Nightjet est très élégant.
Ma première impression en montant à bord est un effet « wahoo » ! La décoration intérieure est une réussite. Je la trouve à la fois sobre et élégante. Le blanc, agrémenté d’un léger motif argenté qui rappelle les montagnes autrichiennes, est la couleur dominante. La moquette et les tissus gris foncé sont relevés par des touches de rouge et des panneaux en bois clair. Le parti pris est celui de la modernité et non de la nostalgie des trains de nuit. J’aime bien.
Information et Sécurité hi-tech
Je remarque au bout du couloir des écrans de télévision qui nous informent en temps réel du déroulement du voyage. Un vrai plus pour connaître les retards éventuels. Des caméras, que l’on ne discerne pas, sont présentes pour permettre au personnel de surveiller et prévenir des agissements suspects dans les couloirs du Nightjet. C’est une innovation bienvenue, car les trains de nuit sont souvent victimes d’une mauvaise réputation pour la sécurité des voyageurs.
Deux trains en un, à destination d’Innsbruck et Vienne
Le soir de mon voyage, notre train est composé de deux rames de sept voitures, l’une est à destination de Vienne et l’autre d’Innsbruck. Pendant la nuit, à Nuremberg, nous rencontrons le train en provenance d’Amsterdam avec les mêmes destinations. Les rames seront recomposées en conséquence. Une technique qu’utilisent beaucoup les Öbb pour des questions d’économie. Cela permet avec deux trains de desservir quatre paires de destinations. La manœuvre a été discrète, car, ni à l’aller ni au retour, je n’ai été réveillé.
Mon voyage Hambourg Innsbruck en mini cabine
Sur le trajet aller Hambourg Innsbruck j’ai choisi de voyager en mini cabine.
Öbb s’est inspiré des hôtels capsules japonais pour créer la mini cabine. C’est une grande innovation dans le monde ferroviaire, car personne ne l’avait fait encore. Avec la mini-cabine, je bénéficie d’un compartiment privatif pour le prix d’une couchette.
Ma découverte des mini-cabines est un peu déconcertante, car cela ne ressemble en rien à ce que je connais et pourtant j’en ai fait des trains de nuit !
Les mini-cabines sont regroupées par des blocs de quatre avec deux au niveau inférieur et deux au niveau supérieur. Entre les cabines sont disposées des armoires pour les bagages et les chaussures. La cabine et les armoires s’ouvrent avec un badge magnétique que me donne un steward.
Je comprendrai plus tard qu’il est le sésame à toujours garder sur soi, car si la porte coulissante de la mini cabine se referme par inadvertance alors que l’on se trouve dans le couloir elle devient inaccessible !
Mais où mettre mes bagages ?
Comme j’ai prévu de skier à Innsbruck, je suis venu avec deux valises, mais je ne peux en ranger qu’une dans l’armoire prévue. Heureusement j’en ai une au format cabine avion qui est la plus grande dimension possible.
Pour l’autre valise, je dois franchir deux wagons pour aller jusqu’à la voiture multifonctions et la placer dans un espace bagages sécurisé par un câble et un cadenas pourvu d’un code ou utilisable avec ma carte magnétique. Autant dire que cela n’est pas du tout pratique.
J’ai appris seulement après mon voyage, grâce au site, créé par Mark Smith, Seat 61, le Wikipédia du transport ferroviaire, qu’en soulevant le matelas de la cabine inférieure j’aurais pu mettre un bagage supplémentaire dans un coffre sous la couchette. Cela m’aurait été bien utile, mais mon steward visiblement ne le savait pas encore !
Je découvre ma mini cabine
La mini-cabine, exactement de la même taille au niveau inférieur et supérieur, est toute petite : 188 cm de longueur, 63 cm de large et 98 cm de hauteur.
Je me faufile dans ce petit cocon. J’ai choisi une mini cabine du niveau inférieur plus facile d’accès. Son autre avantage est de pouvoir s’asseoir au pied du lit avec les pieds dans le couloir.
L’accès à la cabine supérieure se fait par une échelle très étroite. Si à cause de votre âge ou de votre corpulence vous n’êtes plus très agile, je vous la déconseille.
De façon étonnante je n’ai pas ressenti de claustrophobie alors que je suis plutôt sensible à ça. J’ai trouvé que les matériaux blancs et les nombreuses lumières rassurent. La hauteur permet de se tenir confortablement assis en tailleur et pouvoir utiliser un ordinateur sur une table coulissante de bonne dimension. En la relevant, je découvre un miroir. A la tête de lit se trouve une petite fenêtre.
Si j’avais voyagé à deux, une cloison amovible entre les deux têtes de lit nous aurait permis de communiquer (en rouge sur la photo). Plutôt sympa !
Sachez cependant que si vous faites plus d’1m85 ou avez un surpoids important, la mini-cabine risque d’être inconfortable pour vous.
Dormir en mini cabine : un petit cocon bien agréable
J’apprécie de vivre la nuit à mon rythme, de pouvoir lire ou dormir sans la contrainte de devoir négocier avec ses voisins d’allumer ou éteindre la lumière pour tout le compartiment. Je trouve que c’est un confort énorme qui n’existait pas pour cette gamme de service.
Ma nuit dans la mini cabine n’est cependant pas parfaite et je trouve que les Öbb doivent encore apporter quelques améliorations.
En effet, le matelas est vraiment peu épais et j’ai l’impression de dormir sur une planche. De plus la literie est médiocre car constituée d’un grand drap peu pratique, d’une couverture en polaire qui ne semble pas être nettoyée à chaque voyage et d’un mini oreiller très inconfortable.
Dans ces conditions j’ai préféré me vêtir d’un jogging pour la nuit, un peu comme je l’aurais fait lors d’un voyage en avion long-courrier.
J’avais avec moi des pantoufles qui m’ont été bien utiles pour aller aux toilettes pendant la nuit, car les Öbb n’en fournissent pas.
La climatisation fonctionne très bien et je n’ai pas ressenti d’inconfort à ce titre.
Tout est prévu pour une utilisation optimale de nos appareils technologiques : Wifi performant, prise électrique (standard Europe continentale), prise USB et même une recharge par induction !
Pour le confort du voyageur, les lumières sont réglables avec plusieurs intensités de luminosité.
Les compartiments couchettes à quatre : une alternative à la mini cabine
Dans les mêmes voitures que les mini cabines, le nouveau Nightjet propose trois compartiments couchettes à quatre que je visite lors de mon voyage et je trouve qu’ils sont plutôt réussis.
Ce type de compartiment est surtout destiné aux familles, mais il est envisageable de seulement louer une couchette et de partager le compartiment avec trois inconnus. Si vous êtes une femme, vous avez la possibilité de choisir un compartiment réservé à votre sexe. Si vous êtes un homme, non.
La taille des couchettes est similaire à celle des mini cabines. Par contre, elles sont plus faciles d’accès et ne nécessitent pas d’être aussi souple et agile.
Les couchettes sont fixes et ne sont plus transformables pour une position jour comme jadis. De ce fait, elles sont moins confortables pour voyager pendant les moments où l’on ne dort pas.
Enfin, le fait que le compartiment soit limité à quatre couchages, et non six comme autrefois, rend le voyage plus agréable.
Mon Nightjet est en période de rodage !
Une fois à bord, je remarque que l’équipage semble découvrir le Nightjet comme moi. Le steward de ma voiture connait encore mal toutes les fonctionnalités du nouveau produit.
Dans ma voiture, l’une des deux toilettes hors service est condamnée et pour l’autre la porte ne se verrouille plus !
Un petit souci, la porte coulissante de ma mini cabine se referme de manière intempestive et sonore et il n’est pas possible de la garder ouverte.
Bien plus agaçant ! Alors que tous les passagers du train tentent de se préparer pour dormir, aucun d’entre eux ne parvient à éteindre les lumières dans son compartiment. C’est la panique à bord ! Malgré les efforts vains des stewards et du chef de bord pour résoudre le problème, nous sommes contraints de passer la nuit avec toutes les lumières allumées !
Heureusement, j’ai avec moi un masque pour les yeux offerts par Air France à ses passagers long-courriers qui me sauve ma nuit !
Après un mois d’attente, le service client, suite à ma réclamation, m’a proposé un voucher de 30 EUR valable 10 ans à titre de compensation. Pas très généreux, je trouve par rapport au préjudice subi !
Une belle arrivée enneigée avant la montagnarde Innsbruck
Peu après Munich, le steward me réveille avec un petit déjeuner léger, mais compris dans le prix du billet.
Pour terminer le voyage, je m’assieds dans le couloir sur des strapontins qui permettent de rêver devant les beaux paysages enneigés que je découvre jusqu’à Innsbruck. C’est presque à l’heure que nous arrivons à Innsbruck.
Innsbruck : la porte des montagnes du Tyrol
L’objectif de mon voyage était avant tout de tester le nouveau Nightjet. Mais voyager c’est savoir joindre l’utile à l’agréable. J’en profite pour passer quelques jours dans la jolie ville d’Innsbruck et sa région.
Le cadre de montagnes autour d’Innsbruck est majestueux. Il est même possible de monter par un funiculaire et un téléphérique à une piste de ski voisine. La vue sur la ville est magnifique.
Un peu plus loin, à 80 km, je choisis d’aller skier à Sölden. J’ai la chance de découvrir une neige exceptionnelle sous un soleil sans le moindre nuage. De plus en janvier, les pistes sont presque désertes. Du pur plaisir !
Mon voyage Innsbruck Hambourg en voiture-lit « Comfort Plus »
Au retour sur le trajet Innsbruck — Hambourg, j’ai voyagé en voiture-lit.
J’avais le choix entre deux catégories de cabines : la « Comfort » et la « Comfort Plus ». Elles se ressemblent beaucoup, mais en faisant mes recherches sur le site internet des Nightjets j’ai compris que la seconde était un peu plus spacieuse et surtout offrait une vraie douche.
Lorsque l’on voyage seul, il est possible de louer juste un lit et partager sa cabine avec un autre voyageur de même sexe ou de la privatiser.
Je ne me refuse rien et je choisis la « Comfort Plus » en version privative ! Dans chaque rame on ne retrouve que deux compartiments de ce type. Je me suis senti très privilégié.
À Innsbruck, j’attends mon train au salon des Öbb
Cette fois-ci je peux patienter au chaud au salon des Öbb et non sur un quai glacial comme à Hambourg. Il est petit, n’offre rien d’extraordinaire, mais permet de prendre un verre et de se détendre.
Il est accessible à tous les détenteurs d’un billet en voiture-lit.
Sachez cependant qu’au départ des gares allemandes les Öbb ne peuvent offrir un tel service, car les chemins de fer autrichiens n’ont pas d’accord avec la DB pour accéder à leurs salons VIP. Dommage.
5 m2 en « Comfort Plus » pour moi tout seul : c’est le luxe !
En rentrant dans la cabine je suis frappé par le grand espace ce qui est tout à fait inhabituel dans les trains de nuit où le plus souvent on se sent à l’étroit même en voiture-lit. Je dispose de près de 5 m2 pour mon confort. Je suis presque comme dans une petite chambre d’hôtel !
La cabine peut accueillir deux voyageurs sur deux lits superposés fixes et qui ne sont plus escamotables comme sur les anciennes voitures.
Je découvre mon environnement qui offre la même harmonie cabine que dans le reste du train. Comme dans les couchettes, les réglages de luminosité, de température et les connexions électriques pour les smartphones ou ordinateurs sont nombreux, sophistiqués, mais simples à utiliser. Je m’amuse avec les différentes couleurs qui permettent de créer des ambiances soient relaxantes, dynamiques ou coquines avec le rouge !
Un vestiaire me permet d’accrocher mon blouson et de ranger mes chaussures facilement. Sous le lit un espace pour les bagages est prévu pour deux ou trois valises de bonne taille.
À côté du lit, une table dont la hauteur est modulable fait office soit de table de chevet, de banquette ou de table pour travailler ou manger. Plutôt astucieux.
J’apprécie qu’il y ait deux rideaux coulissants à la fenêtre : l’un translucide pour juste préserver mon intimité lors du passage dans les gares, l’autre opaque pour dormir dans la complète obscurité.
Dans mon compartiment je découvre une pochette en papier avec quelques éléments de confort pour rendre le voyage plus agréable : boules quies, bouteille d’eau, snacks, chaussons siglés, Nightjet.
La largeur et le confort du lit sont un peu décevants
Venons maintenant à l’aspect le plus important d’un voyage en train de nuit : le lit ! J’ai hâte de m’y retrouver dedans.
En m’installant, j’avoue être un peu déçu. Bien que la cabine soit immense, le lit est étroit : 70 cm de large et 192 cm de long. De plus, le matelas n’est guère plus épais qu’en couchette et je le trouve vraiment dur.
Par curiosité je suis aussi allé m’allonger sur le lit supérieur. L’accès par l’échelle fixe et très étroite est un peu acrobatique, mais surtout je suis surpris par la faible hauteur entre le matelas et le plafond, soit à peine 70 cm. Ce n’est vraiment pas beaucoup et on se sent vite confiné. D’autant plus qu’il n’est pas possible de s’asseoir à cause de la courbure du mur à la tête de lit.
Si vous voyagez seul dans un compartiment partagé, choisissez impérativement le lit inférieur. La hauteur entre le matelas et le lit supérieur est de 96 cm, ce qui est beaucoup plus confortable et vous permet de vous asseoir.
Heureusement la couette est épaisse et douillette et les oreillers sont bien meilleurs qu’en mini cabine. L’excellente insonorisation et stabilité du train font que je passe une bonne nuit.
L’espace sanitaire est très bien conçu.
L’espace sanitaire est très bien conçu. Je peux disposer ma trousse de toilette sur une large tablette comme à l’hôtel.
A mon réveil, j’expérimente la douche. Sans être spacieuse, elle a l’avantage d’être bien séparée par une cloison vitrée. L’eau est immédiatement chaude et la pression très bonne. Je l’ai bien aimée !
Enfin, avoir des WC rien qu’à soi est un grand confort.
Le service n’est pas à la hauteur du prix payé
Le service sur mon trajet Innsbruck Hambourg a été très nettement en dessous de celui que j’avais expérimenté sur mon voyage Paris Vienne en 2022 que j’avais trouvé de bon niveau.
Mon steward n’est même pas présent sur le quai à Innsbruck pour m’accueillir, et à l’arrivée à Hambourg je ne l’ai pas vu saluer les voyageurs et les aider à descendre leurs bagages. C’est pourtant le service minimum que l’on attend en voiture-lit.
Après le départ du train, il passe juste récupérer nos billets et notre sélection pour le petit déjeuner puis il disparait. Il oublie de nous servir la traditionnelle bouteille de Prosecco de bienvenue, signature du Nightjet.
J’aurais voulu diner ou simplement boire, j’aurais dû partir à sa recherche dans le train pour passer ma commande.
Enfin, le steward ne me donne pas le choix de l’heure du petit déjeuner et il les sert en gardant un énorme casque hifi sur les oreilles ! Sachant le prix élevé d’un voyage en voiture-lit, cette désinvolture n’est pas acceptable.
C’est dommage, car le petit déjeuner, commandé la veille avec un choix de six éléments à faire parmi une longue liste, est plutôt pas mal et plus complet qu’en mini cabine.
À la décharge du steward pour ce service insuffisant, il m’a confié avoir un double rôle en étant aussi chef de train en plus de s’occuper de notre voiture et il découvrait le nouveau Nightjet qu’il n’avait jamais vu auparavant. Enfin, il avait, avant sa prise de service, fait une mise en place depuis Vienne distant de quatre heures de train.
Je me suis demandé si les Öbb avaient suffisamment formé leurs équipages au nouveau Nightjet car ils semblaient très peu à l’aise avec celui-ci. Ce qui pourrait expliquer en partie le service moyen.
Voyager en voiture-lit avec l’essentiel : la voiture-lit en « Comfort »
Je profite de mon voyage pour visiter la cabine « Comfort ». La différence n’est pas énorme et je n’en ai noté que trois :
- Les lits en « Comfort », presque de la même taille, sont orientés dans le sens de la marche et non perpendiculaires comme ça l’est en « Comfort Plus » et dans les anciennes voitures-lits. J’avais testé cette disposition lors de ma traversée ferroviaire des États-Unis et j’avais trouvé que c’était plus confortable par rapport au balancement du train.
- L’absence de douche séparée. Certes, en « Comfort » vous découvrirez un pommeau avec un flexible, mais si vous décidez de vous doucher la cabine sera trempée et inutilisable. Il faut considérer que dans cette catégorie la douche est plus une possibilité si vous en avez vraiment besoin. Si vous le pouvez, il vaut mieux attendre d’être chez soi ou à l’hôtel pour la prendre à destination.
- Un espace légèrement plus réduit qu’en « Comfort plus », mais qui reste très acceptable avec ses 4m2.
La literie, l’aménagement de la cabine et le service sont strictement similaires. Voyager en « Comfort » pour un prix un peu moins élevé qu’en « Comfort Plus » est donc un très bon choix.
Les autres façons de voyager à bord du nouveau Nightjet
J’ai profité de mes deux voyages pour me balader dans le train et découvrir les autres façons de voyager que propose le nouveau Nightjet.
Une offre de nuit enfin adaptée aux Passagers à Mobilité Réduite (PMR)
Les Nightjets ont aussi pensé aux personnes handicapées avec un compartiment adapté dans lequel on découvre deux couchettes inférieures pouvant accueillir deux passagers en fauteuil roulant.
Deux couchettes supérieures sont prévues pour les accompagnants éventuels.
La cabine est vaste pour leur permettre de se mouvoir aisément avec un fauteuil roulant.
Des toilettes accessibles, et immenses, se situent juste à côté.
Je n’ai malheureusement pu observer ce compartiment, mais d’après la description que l’on trouve sur le site internet elle semble bien adaptée. La photo est extraite du site internet Nightjet.
Le voyage à petit budget : les places assises
Le train de nuit attire aussi une clientèle très soucieuse de son budget. Son attente de confort est secondaire relativement au prix, mais je pense qu’il y a des limites et le nouveau produit proposé par les Öbb est catastrophique ! Il est clairement en retrait par rapport à l’offre actuelle que déjà je ne recommandais pas suite à mon test du Paris Vienne.
Certes, l’harmonie cabine, comme dans le reste du train, est réussie et les fauteuils sont recouverts d’un joli tissu rouge. Mais ils ne peuvent pas s’incliner et seule l’assise peut légèrement être avancée de quelques centimètres et beaucoup sont disposés, en carré, autour d’une table.
Autant pour un trajet régional de deux ou trois heures, c’est très bien, autant imaginer y passer une nuit est, je pense, inconcevable, même pour des jeunes sans le sou.
J’ai essayé en vain de comprendre la logique de positionnement marketing des Öbb pour ce produit. Pour une fois, la SNCF fait mieux que les Öbb comme j’ai pu l’observer sur le train Paris Nice, Incroyable !
Si vous avez voyagé de cette façon, dites-moi en commentaires ce que vous en pensez.
De la place prévue pour les vélos et les skis
Un espace a été prévu pour le transport de six vélos et, Autriche oblige, de quelques skis !
Mon avis : un beau produit, mais qui a encore besoin d’être amélioré
J’attendais avec impatience de tester le nouveau Nightjet, mais pour être très honnête, après mes deux voyages, même si les nouvelles voitures m’ont globalement séduit, j’ai un avis mitigé, car le produit et le service ne sont pas encore complètement au point et les prix en voiture-lit sont souvent trop élevés.
Des prix qui s’envolent haut selon la demande
J’ai acheté mon voyage en Nightjet a un prix vraiment raisonnable : 76 EUR à l’aller en mini cabine et 270 EUR au retour en « Comfort plus » privatisée. J’ai fait mes réservations longtemps à l’avance et en milieu de semaine. Les deux trains que j’ai pris étaient loin d’être pleins.
Mais les Öbb appliquent une politique de revenue management et les prix varient considérablement selon la demande.
Ainsi la mini cabine est vendue parfois jusqu’à 169 EUR.
La cabine « Comfort plus » privatisée pour une personne peut être proposée certains jours à 809,9 EUR en tarif annulable.
Même en acceptant de partager sa cabine avec un inconnu, les tarifs en voiture-lit « Comfort » peuvent être au-dessus de 200 EUR.
Je comprends la logique du revenue management mais je crois qu’elle doit rester cohérente avec le service offert. Les Öbb l’oublient un peu.
Ce que j’ai aimé :
- La modernité des rames qui fait enfin entrer le train de nuit européen dans le XXIe siècle
- La décoration intérieure sobre et élégante
- Le concept très novateur des mini cabines qui permet de voyager seul pour le prix d’une couchette
- Des WC enfin privatifs pour tous les voyageurs en voiture-lit
- L’insonorisation du train par rapport aux bruits extérieurs
- La connectivité avec le wifi, les prises pour recharger ses équipements, les écrans d’information du déroulement du voyage
Ce que j’ai moins aimé :
- Une couchette ou un lit étroit et trop ferme dans toutes les classes et une hauteur sous plafond insuffisante pour les lits supérieurs en voiture-lit
- Une literie, drap, couverture, oreiller, médiocre en couchettes et mini cabines
- La place trop limitée pour les bagages en mini cabine
- Un confort limité pour voyager en position jour en voiture-lit
- Une offre en places assises pas du tout adaptée à un long voyage de nuit
- Un service médiocre avec un personnel peu attentionné surtout lors de mon retour en voiture-lit
- La panne avec l’impossibilité d’éteindre les lumières au cours du voyage aller
- Un service réclamation lent et peu performant
La bonne nouvelle est que beaucoup de points négatifs que j’ai observés ne sont pas rédhibitoires. Ils pourraient même être facilement améliorés dans le futur par les Öbb.
Par exemple, le remplacement de l’oreiller en mini cabine ou couchettes changerait de façon significative l’expérience de voyage tant pour dormir que pour caler son dos en position assise.
En voiture-lit, un surmatelas apporterait un moelleux et une impression de volupté qui manque aujourd’hui.
Enfin, une formation complémentaire à la relation client pour les personnels de bord serait utile.
Est-ce que je reprendrai le nouveau Nightjet ?
La réponse est oui ! C’est un très beau produit et une fois passé la période de rodage je suis certain qu’il aidera les Öbb à continuer à développer, avec succès, le train de nuit en Europe.
J’espère que cela inspirera la SNCF et, pourquoi pas, en partenariat avec une start-up comme Midnight trains se lancera sur ce beau marché du train de nuit !
« Les Öbb ont développé avec Siemens Mobility, le constructeur ferroviaire allemand, un Nightjet de nouvelle génération. C’est un pari audacieux, car les deux géants ferroviaires la SNCF française et la DB allemande n’arrêtent pas de dire que le train de nuit n’est économiquement pas viable sans importantes subventions de leurs gouvernements. Les Öbb veulent prouver le contraire. »
Non : même OBB dit que le train de nuit est structurellement déficitaire et qu’ils ont eux aussi besoin de subventions.
« Ces combinaisons, qui optimisent l’utilisation du matériel et des sillons ferroviaires, permettent à ÖBB d’atteindre la rentabilité, avec une subvention de 10 % de l’Etat autrichien. »
https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/07/02/la-strategie-gagnante-d-obb-pionnier-autrichien-des-trains-de-nuit-internationaux-en-europe_6180254_3234.html
« Pour le Paris-Berlin, la subvention va se chiffrer autour de la dizaine de millions d’euros par an selon une source ministérielle. Et ce seulement pour la partie sous exploitation française de la ligne, soit un peu plus d’un tiers du trajet. Le Paris-Aurillac, établi comme un service conventionné par l’Etat au même titre que les trains d’équilibre du territoire (TET), nécessitera 3 millions d’euros par an. Et il en va de même pour les autres lignes, même si aucun chiffre global n’a été avancé. »
https://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/deficitaires-les-trains-de-nuit-conservent-le-soutien-sans-faille-du-gouvernement-985131.html
Vu la situation économique des compagnies de train, et le prix + temps comparé avec le même voyage en avion… il ne faut pas espérer un changement radical dans le domaine. Ça va rester un marché de niche.
Bonjour Vincent,
Merci pour votre apport. Je suis d’accord sur le fait que le train de nuit restera une niche et qui aura besoin du soutien de l’état. Les Öbb sont cependant bien plus dynamiques et volontaristes que la SNCF et la DB qui se sont fortement désengagées de ce créneau.
Nous venons de faire un aller et retour en famille à Berlin en famille (2 adultes et deux enfants) Nous avions réservé un compartiment couchette pour les deux voyages. Les deux fois nous nous sommes retrouvés avec un compartiment places assises. Et on nous informé juste qu’en allant sur le site Internet on se fera rembourser la différence de prix. Je soupçonne fortement la compagnie de procéder ainsi avec les personnes ayant réservé au plus tôt leur billet en le payant donc moins cher. Ne réussissant pas à vendre les places des compartiments assis, ils surbookent les couchettes et remboursent la différence aux voyageurs et ainsi remplissent leur train. C’est de la vente forcée déguisée. Le contrôleur nous a confirmé que c’était fréquent et qu’il ne comprend pas, qu’il ne sait pas pourquoi c’est ainsi. Aucun dédommagement si ce n’est une bouteille de soda et un jus pour les enfants et encore faut les demander. Certains sont entassés à 6 dans ces compartiments. Pas de rideaux aux fenêtres ni aux portes des couloirs. C’est une honte une dame a du insister pour que sa mère de 90 ans puisse avoir une couchette cela à bien sûr provoquer la colère d’autres voyageurs qui voulaient la même chose. Jamais plus je ne voyagerai avec cette compagnie de voleurs. Alors je déconseillé fortement sauf si vous payée plein pot ou une cabine luxe car là je doute qu’ils s’amusent à déclasser les gens…
Cordialement
Bonjour Thomas,
Merci pour ce retour d’expérience… pas très fun. De ce que j’ai pu lire par ailleurs, le lancement de la ligne Paris Berlin est difficile et que les problèmes opérationnels sont nombreux… Espérons que les Öbb pourront vite rectifier le tir car des mésaventures comme vous l’avez vécu ne feront rien pour donner envie de voyager avec des trains de nuit. Le niveau de service habituel des Öbb est normalement bien supérieur à ce que vous avez vécu.