Land-trip aux Canaries : De Tenerife à la Grande Canarie (1/2)
Pendant longtemps s’il y a bien une destination où je me refusais d’aller c’étaient les Canaries. J’en avais une image désastreuse de tourisme de masse avec des hôtels clubs à perte de vue.
Et pourtant il existe un autre visage des Canaries, authentique, sauvage, passionnant que je vous propose de découvrir à travers un grand périple qui va nous amener de Tenerife à Lanzarote en passant par la Grande Canarie et Fuerteventura.
Dans cet article, je vous raconte la première partie du voyage : de Tenerife à la Grande Canarie
En préambule
Les Canaries sont un archipel de 8 iles principales. Il faudrait au moins deux mois pour les visiter toutes sans trop les survoler. D’autant plus qu’aux Canaries, il nous semble important de prendre le temps sans tout vouloir voir.
Nous concernant, nous avons découvert les Canaries avec des petits séjours d’une à deux semaines avec trois périples que nous avons effectués en 2016 (Grande Canarie), 2020 (Tenerife) et 2021 (Grande Canarie, Fuerteventura et Lanzarote). Mais, chaque fois, nous sommes rentrés frustrés d’être restés si peu de temps.
Aussi je vous conseille de prévoir trois ou quatre semaines pour pouvoir vraiment découvrir les Canaries dans toute leur diversité.
Dans le récit qui suit, j’ai donc un peu reconstruit notre découverte des Canaries comme si nous étions partis une seule fois.
C’est l’unique liberté que je me suis permise par rapport aux voyages que nous avons réalisés. Les lieux, les excursions et les hébergements dont je parle sont bien ceux que nous avons visités.
Le voyage que je vous propose est d’une durée de 26 jours et traverse quatre îles de l’archipel d’est en ouest. C’est un magnifique land-trip !
D’abord, Tenerife puis Grande Canarie. Ce sont les plus connues et les plus diversifiées et, d’après nos recherches sur internet, elles sont souvent recommandées pour une première découverte de l’archipel. C’est l’objet de ce premier article.
Nous continuerons par Fuerteventura avant de terminer par Lanzarote. Cette dernière jouit d’une excellente réputation et c’est celle préférée des Français. Je vous en parle dans un deuxième article.
J’ai également écrit un article de réflexion sur le double visage du tourisme aux Canaries.
Notre land-trip aux Canaries
- Jour 1 : Paris — Tenerife Nord via Madrid en avion et hébergement à Taganana (4 nuits)
- Jours 2 à 4 : Visite du nord-est de l’ile
- Jour 5 : Traversée de l’ile par le parc du Teide et hébergement à Masca (5 nuits)
- Jours 6 à 9 : Visite de l’ouest de l’ile
- Jour 10 : Transfert vers Grande Canarie en avion et hébergement à Maspalomas (7 nuits)
- Jours 10 à 16 : Alternance d’excursions dans l’ile et de journées repos
- Jour 17 : Transfert vers Fuerteventura en ferry, visite de Playa de Cofete et hébergement à Sotavento (2 nuits)
- Jour 18 : Sotavento
- Jour 19 : Sotavento vers Morro Jable par la FV-30 et hébergement à Morro Jable (2 nuits)
- Jour 20 : Morro Jable
- Jour 21 : Transfert vers Lanzarote en ferry et hébergement près d’Haría (5 nuits)
- Jours 22 à 25 : Découverte de Lanzarote
- Jour 26 : Lanzarote Paris en avion via Madrid
Je vous donne également mes conseils pratiques pour organiser votre propre voyage.
Tous les textes en couleur corail indiquent un lien interne ou externe.
Tenerife : le sommet des Canaries
Tenerife est une ile surmontée d’un volcan majestueux : le Teide. C’est la première chose que l’on remarque avant de se poser sur l’un des deux aéroports de l’ile : l’un au sud qui accueille la majorité des vols européens et l’autre au nord pour les vols intra-iles et en provenance de la péninsule ibérique.
Nous concernant, la première image de Tenerife sera ce splendide coucher de soleil juste avant que notre avion pose ses roues à l’aéroport de Tenerife nord.
Atterrissage à Tenerife Norte
Son approche est impressionnante. Juste avant d’atterrir, nous survolons la ville de Santa Cruz. Mais notre avion touche le sol alors que nous pensions encore descendre jusqu’au niveau de la ville qui se situe au bord de la mer. En fait l’aéroport se trouve sur un plateau à 633 m d’altitude et c’est pourquoi notre avion l’atteint plus rapidement qu’attendu.
L’aéroport est tristement célèbre puisqu’il a été le théâtre de la plus grave catastrophe de l’histoire de l’aviation en 1977. Un Boeing 747 de la KLM est rentré en collision avec un autre appartenant à la Pan Am à cause d’un épais brouillard et d’une mauvaise communication entre les pilotes et la tour de contrôle. Il y a eu 583 morts.
Mais que ce bref rappel historique ne vous effraie pas ! L’aéroport est aujourd’hui tout à fait sûr et sa petite taille le rend bien agréable tant pour y arriver que partir.
Découverte de l’île de Tenerife
La majorité des touristes file vers le sud pour s’enfermer dans des complexes hôteliers ou résidentiels. Nous préférons rester dans les montagnes qui longe la côte nord de l’ile plus sauvages et authentiques.
Les premiers jours nous dormons à Taganana au milieu des monts Anaga au nord est. Nous visiterons cette partie de l’ile en faisant des randonnées à pied et en découvrant la Laguna.
Puis nous traverserons l’ile jusqu’à Masca, à l’opposé de l’île au nord ouest, à travers le parc du Teide par une route spectaculaire.
Enfin, nous résiderons à Masca avant de continuer vers la Grande Canarie.
Santa Cruz : la capitale de Tenerife
Après avoir récupéré notre voiture de location, nous descendons vers Santa Cruz pour y effectuer nos courses alimentaires. En effet, nous avons fait le choix de louer une maison et cuisiner par nous-mêmes. Fin 2020, nous étions encore en période de restrictions covid et nous préférions limiter nos visites dans les restaurants.
Santa Cruz est une jolie ville très active mais sans attraction touristique majeure. Avec 200 000 habitants, elle est la deuxième plus importante des Canaries. C’est avant tout un port. C’est une ambiance maritime que j’aime bien et qui est la dernière escale des cargos qui partent vers l’Amérique latine. On sent l’appel du large !
Taganana et le nord-est de l’ile
Mais il est déjà tard pour se balader en ville et nous rejoignons vite notre maison située à Taganana. Pour atteindre le village, nous devons franchir un col par une route en lacets très impressionnante. Il fait nuit et cela rend le trajet encore plus énigmatique : vers où allons-nous ? Le GPS de la voiture nous donne le tournis !
C’est que le lendemain en plein jour que nous découvrirons où nous sommes. Une belle surprise nous attend !
Taganana est à dix mille lieux des Canaries que j’imaginais. Le village est dispersé sur plusieurs hameaux reliés par des routes très étroites, des chemins ou des escaliers. L’ambiance est rurale et espagnole. Pas de resort ou de cars de touristes. De toute façon, le relief est trop tourmenté pour en accueillir.
Pour un prix très raisonnable, nous disposons d’une grande villa perchée sur un piton rocheux. La vue est superbe !
Randonnées dans les monts Anaga
L’attrait de Taganana est de randonner à pied. Nous restons quelques jours pour en profiter. Taganana est surmontée par les monts Anaga. Une route parcourt la crête jusqu’au hameau de la Cumbrilla qui donne vraiment l’impression d’être au bout du monde.
Une balade à pied à faire absolument depuis Taganana est de se rendre à la playa del Tamidite. Les points de vue sur la mer sont vertigineux. Cela nous a rappelé l’ile de Santo Antao au Cap-Vert.
Pour se baigner, la meilleure plage est celle de Benijo que l’on atteint par un chemin très escarpé. Les vagues sont parfois fortes et il faut rester prudent. Juste au-dessus de la plage, nous déjeunons au restaurant « El Mirador » qui porte bien son nom !
Le seul inconvénient de Taganana est la météo plus capricieuse que dans le sud. Le vent y apporte les nuages qui s’accrochent sur les premiers reliefs qu’ils rencontrent. Mais au cours de notre séjour, pourtant à la fin de l’automne, nous avons trouvé que ce n’était pas rédhibitoire. Cela donne même de jolies ambiances.
La traversée de l’ile de Tenerife au milieu des pins canariens
Après quelques jours à Taganana nous allons nous rendre à Masca, notre second lieu d’hébergement, en traversant l’ile d’est en ouest.
Cette étape sera l’une des plus longues de notre périple : 135 km. Nous avions le choix entre trois routes :
- La plus rapide : l’autoroute par le sud. mais de loin la moins intéressante,
- La plus locale : la route côtière du nord qui transite par La Orotava vaut le coup notamment pour s’arrêter à Puerto de la Cruz. Si vous restez plus de temps que nous à Tenerife, cela mérite de passer quelques jours dans ce coin de l’ile. Vous pourrez y faire des balades entre des bananeraies et des vignes. Les vrais Canariens habitent dans cette partie de l’île. Nous avions trop peu de temps pour le faire.
- La plus spectaculaire : la TF-21 au centre de l’ile qui suit la crête de la chaine montagneuse. Elle monte vers le plateau volcanique du Teide à travers de superbes forêts de pins canariens. C’est celle que nous choisissons et nous le regretterons pas !
Nous partons de bonne heure pour bien en profiter de la journée en commençant par la visite de San Cristóbal de la Laguna. La ville n’est qu’à 27 km de Taganana mais il faut une heure de route montagneuse pour s’y rendre !
San Cristóbal de la Laguna : une ville andine aux Canaries
Nous rejoignons la route de la crête sur les monts Anaga. Juste avant de redescendre vers la ville coloniale San Cristóbal de la Laguna nous nous arrêtons à un point de vue avec au loin le seigneur des volcans des Canaries : le mont Teide ! Il nous toise de ses 3718 m de haut. La ville de la Laguna et l’aéroport de Tenerife nord sont à nos pieds.
Le centre historique de la Laguna est un joyau architectural avec ses maisons de type colonial hispanique que l’on retrouve à plusieurs endroits en Amérique latine. Nous sommes contents de le visiter de bon matin pour éviter l’affluence touristique.
Ascension au milieu des pins canariens
Depuis la Laguna, nous contournons l’aéroport du nord, puis nous traversons l’une des rares zones agricoles de l’ile. Bien que les terres volcaniques des Canaries soient très fertiles, l’agriculture a décliné depuis les années 60 au profit de l’industrie du tourisme.
Après la petite ville de la Esperanza, la route grimpe dans des forêts de pins canariens qui se développent surtout entre 1000 et 2000 m d’altitude. C’est un arbre très sophistiqué dont les aiguilles récupèrent l’eau de condensation des nuages et a une écorce, très épaisse et riche en sève, qui le protège des feux de forêt. La densité des forêts est assez incroyable.
Le contraste entre le ciel d’un bleu très pur et une ceinture de nuages en contrebas est superbe. Des miradors ponctuent notre route avec de belles perspectives vers les côtes de Tenerife.
Le parc national du seigneur des volcans : le Teide
Sans transition, la route pénètre le parc national du Teide. Le paysage change du tout au tout. Les pins laissent la place à un panorama lunaire et aride avec les coulées de lave encore bien visibles. L’air est frais puisque nous sommes à une altitude de 2300 m et le ciel est aussi d’une grande pureté. Pour cette raison, un observatoire, qu’il est possible de visiter, a été installé sur le plateau pour étudier dans les meilleures conditions les étoiles.
Nous admirons les sécrétions rocheuses qui parsèment le plateau. Son immensité donne l’impression d’être perdu quelque part au milieu de l’Ouest américain.
Par manque de temps nous faisons l’impasse sur l’ascension du Teide. Un téléphérique permet d’y accéder facilement. Mais pour arriver ensuite au sommet, une autorisation est nécessaire. Elle doit être demandée plusieurs semaines à l’avance.
Un peu après avoir contourné le Teide nous nous arrêtons aux Roques de Garcia. Ce sont des coulées de lave qui ont pris des formes étranges. Malheureusement, l’endroit est devenu un peu trop fréquenté.
Pour profiter du Teide en début et fin de journée en dehors de l’affluence des groupes touristiques, nous vous conseillons de dormir une ou deux nuits au Parador de Cañadas del Teide. Nous avons regretté de ne pas l’avoir fait.
Masca la vertigineuse
La TF-21 descend ensuite gentiment vers la côte ouest de Tenerife avec toujours de jolis points de vue. Notre destination, Masca, se situe dans le Parque rural del Teido.
L’arrivée sur Masca est impressionnante. On y descend par une exiguë route en lacets. Les voitures se croisent avec difficulté.
Nous avons adoré Masca. Le site de ce petit village est tout simplement unique. Imaginez des maisons perchées sur des arêtes rocheuses étroites dans une vallée très encaissée. Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour s’imaginer perdu dans les Andes sud-américaines. Nous avons logé dans une maisonnette et avons apprécié le calme une fois les touristes à la journée partis. Quel bonheur de voir le soleil se coucher sur l’ile de la Gomera avec un verre de Cava à la main !
Masca est aussi le village le plus touristique de Tenerife. L’avantage d’y dormir est de pouvoir profiter de celui-çi lorsque les touristes sont partis.
La randonnée du Barranco de Masca
Pour une fois, je vais vous parler d’une randonnée que nous n’avons pu faire ! Mais elle est tellement connue que je ne peux éviter d’en parler.
La randonnée que tout le monde souhaite faire est le barranco de Masca. Il consiste à suivre un sentier très raide le long d’un ravin jusqu’à la mer. Autrefois, le retour se faisait en bateau vers Los Gigantes.
Mais la fréquentation excessive et les imprudences de touristes non conscients de la difficulté du chemin ont conduit les autorités à en interdire l’accès. C’est pour cette raison que nous n’avons pu la faire. Depuis fin 2021, il est de nouveau possible de la refaire, mais uniquement sur réservation et en effectuant la descente et la remontée à pied. Si vous avez eu l’occasion de faire la randonnée, racontez-moi en commentaires !
Excursion vers Garachico
Masca se situe au cœur du Parque rural de Teno et est donc une bonne base pour visiter l’ouest et le sud de Tenerife.
Nous concernant nous avons fait une excursion en voiture par les petites routes de montagne jusqu’à Garachico.
Nous avons traversé de jolies bananeraies.
À Garachico, la côte est très escarpée ce qui en fait son charme et l’absence de grands complexes touristiques.
Pour revenir à Masca, nous avons emprunté la route TF-421 qui est spectaculaire avant de bifurquer vers Santiago del Teide. Nous en avons profité pour nous arrêter aux miradors perchés comme des nids d’aigle.
Si nous avions été un peu moins paresseux et étions restés plus longtemps, nous aurions pu faire plein de randonnées ! Sur le site alltrails vous trouverez de nombreuses suggestions.
Le sud-est de l’ile et le tourisme de masse
Pas loin de Masca se trouve la ville de los Gigantes. Elle tient son nom de falaises spectaculaires : Acantilado de los Gigantes. La ville en elle-même, bien que très touristique, est agréable pour s’y promener. Mais les promoteurs immobiliers sont toujours à l’œuvre et continuent d’excaver la montagne pour de nouveaux logements. Los Gigantes, à l’avenir, risque d’y perdre son âme.
Par curiosité, nous sommes allés voir les cités balnéaires d’Adeje, Playa de las Americas et de los Cristianos. La densité des immeubles résidentiels et des hôtels est impressionnante et cela ne donne pas du tout envie d’y passer ses vacances.
Sur cette côte, dans l’un des rares endroits non urbanisés, nous avons pourtant repéré l’une des plus agréables plages de Tenerife : la Playa Diego Hernandez. Elle n’est pas facile à trouver. Après s’être garé, il faut marcher une quinzaine de minutes par un petit sentier côtier. Les nudistes se mélangent sans complexe avec les textiles dans une ambiance bon enfant. Un avantage non négligeable de la plage est d’être bien abritée du vent qui souffle souvent sur les Canaries.
Fin de la visite de Tenerife
C’est avec regret que nous avons quitté Masca, car nous y serions bien restés plus longtemps. Mais nous étions curieux de voir à quoi ressemblaient les autres iles de l’archipel.
Tenerife nous a bien plu et nous y retournerons volontiers. Il est relativement facile de sortir des sentiers battus et éviter le tourisme de masse. Nous ne sommes restés qu’une semaine mais nous aurions pu séjourner plus longtemps sans nous ennuyer.
La Grande Canarie : montagnes et balnéaire vont de paire
Après avoir rendu la voiture de location à l’aéroport de Tenerife sud, nous nous sommes envolés pour un petit saut de puce, en avion à hélices, vers la Grande Canarie. Le temps de vol est d’à peine 20 minutes ! Nous aurions pu aussi choisir de prendre le bateau, mais nous aurions dû remonter à Santa Cruz pour débarquer ensuite à Las Palmas plus éloigné de notre destination finale : Maspalomas.
La côte est : une grosse déception à l’arrivée
À la sortie de l’aéroport, avec une nouvelle voiture de location, nous sommes très déçus. La côte est de la Grande Canarie est encore plus austère que celle du côté d’Adeje à Tenerife. Nous empruntons l’autoroute vers Maspalomas et autour de nous ce sont des zones commerciales ou industrielles et des cités sans aucun charme. Aucune végétation et beaucoup de vent. Masca nous semble bien loin ! Heureusement, nous allons bientôt changer d’avis.
Notre camp de base : Maspalomas
Grande Canarie est une ile toute ronde et plus petite que Tenerife. Pour cette raison, nous décidons d’établir un seul camp de base dans le sud à Maspalomas. Les excursions pourront se faire facilement dans la journée sans faire trop de route. Il est parfois agréable de s’installer plusieurs jours dans un même lieu. Enfin, le climat dans le sud de l’ile est plus ensoleillé que dans le nord qui accroche plus les nuages.
Maspalomas : une cité balnéaire populaire, gay et relax
À Maspalomas, le choix d’hébergement est considérable. Il y en a pour tous les goûts et les porte-monnaie.
Pour notre part, nous décidons de louer un studio dans un petit resort, dans le quartier du golf, d’une trentaine de bungalowsqui s’étalent dans un jardin. Nous souhaitons pouvoir parfois cuisiner par nous-mêmes et nous poser certains jours sans prévoir d’excursions. Le voyage c’est aussi savoir doser le bon rythme entre activité et repos !
Dans votre recherche d’hébergement évitez cependant le quartier de Playa del Inglés qui est plus dense. Soyez aussi vigilant à Maspalomas le meilleur cotoie le pire !
Autrefois, Maspalomas n’était qu’un hameau. Tout a changé en 1961 lorsque Alejandro del Castillo, un Comte Espagnol, lance un concours d’urbanisme pour créer un pôle touristique dans le sud de la Grande Canarie.
Soixante ans plus tard, je peux affirmer que c’est une réussite. Maspalomas est aujourd’hui une vraie ville plutôt plaisante et qui a su se protéger des excès que nous avons pu observer à Tenerife ou que nous découvrirons ailleurs à Grande Canarie.
Les fameuses dunes de Maspalomas !
Le premier attrait de Maspalomas ce sont les dunes. Elles sont mondialement réputées et heureusement protégée des appétits des promoteurs immobiliers. La meilleure vue se situe depuis le RIU Palace. C’est un hôtel 5 étoiles situé à la lisière des dunes avec une vue magnifique.
De là, il est facile de se rendre à la plage par un sentier. La plage s’étend sur cinq kilomètres entre le Phare de Maspalomas et Playa del Ingles. Elle garde son aspect sauvage avec en premier plan les dunes et au fond les montagnes du centre de l’ile. Le long de la plage, on passe par des zones familiales, naturistes, gay ou presque désertes. Chacun peut trouver l’endroit qui lui plait pour poser sa serviette !
Flaner à Méloneras
Une balade que nous aimions faire en fin d’après-midi, après la plage, est de longer la digue à Méloneras qui est le quartier le plus récent de Maspalomas avec les plus beaux hôtels.
Aller au restaurant à Maspalomas
Maspalomas ce sont aussi d’excellents restaurants. Celui que nous préférons est le Calma Chicha. De la grande cuisine à des prix tout doux.
La cuisine canarienne
J’en profite pour faire un petit aparté sur La cuisine canarienne qui est simple mais délicieuse avec ses spécialités comme les papas arrugadas. Ce sont des pommes de terre à la peau toute fine accompagnée d’une excellente sauce, le mojo verde, à base de coriandre, d’ail et de cumin. Complétez avec le boudin noir de Teror, une tortilla et un verre de bière. Tout simplement délicieux !
Les restaurants aux Canaries sont nombreux et à tous les prix. Il vaut mieux cependant éviter ceux situés dans les endroits trop touristiques.
Maspalomas : Une destination gay friendly
Maspalomas est une destination où se retrouvent de nombreux gays de toute l’Europe. Des resorts leur sont même réservés. On peut critiquer cette forme de communautarisme, mais beaucoup de gays vivent encore un sentiment d’exclusion dans des hôtels où tout est fait pour accueillir des familles ou des hétéros.
Le cœur de la vie nocturne et gay de Maspalomas est le Yumbo. C’est un centre commercial de plein air avec de nombreux bars, restaurants et boutiques. L’ambiance est populaire et bon enfant.
La dimension internationale du Yumbo est une autre de ses particularités. L’Europe entière s’y retrouve pour s’y divertir.
Pour moi, le Yumbo est un symbole de tolérance qui caractérise bien les Canaries.
Visiter l’intérieur montagneux de la Grande Canarie
Il est possible de visiter Grande Canarie en itinérant. Dans ce cas, je recommanderais, après quelques jours à Maspalomas, de s’installer dans un bed and breakfast au centre de l’ile puis un hôtel à Las Palmas.
Pour notre part, nous avons préféré rester pendant tout notre séjour à Maspalomas. La météo est la meilleure sur l’ile et les excursions toutes faisables dans la journée sans trajets en voiture trop longs. Nous avons alterné une journée de plage avec une journée d’excursion. C’est un rythme qui nous a bien convenu !
Grande Canarie est une ile montagneuse toute ronde. Les routes sont magnifiques avec de beaux points de vue parfois vertigineux. Le premier jour nous avons un peu surestimé notre circuit. Les distances sont certes peu importantes et les routes en excellent état, mais elles sont sinueuses et la vitesse horaire faible.
Pour les excursions des jours suivants, nous avons utilisé à l’aller ou au retour l’autoroute qui va de Puerto Mogan à Las Palmas. Les 70 km sont parcourus en moins de 50′. Un véritable « fast track » dans la partie la moins intéressante de l’ile qui permet ensuite de prendre son temps dans les petites routes de montagne.
Ce que nous avons aimé à Grande Canarie est de pouvoir improviser en empruntant des chemins selon notre inspiration du moment. Il n’y a pas de circuits à faire absolument.
Nos coups de cœur dans le centre de Grande Canarie
C’est un circuit que nous avons réalisé en une journée avec la visite du village d’Agüimes, puis Cueva Bermejas, le Pico de las Nueves et retour vers Maspalomas via San Bartolomé de Tirajana.
Nous commencons par le village d’Agüimes qui est à seulement 30 minutes de Maspalomas grâce au fast-trak. ! Nous avons aimé nousbalader dans son quartier piétonnier qui ne manque pas de charme mais est très tranquille.
Un peu plus loin nous avons découvert le Barranco de Guyadaque et son village troglodytique, Cueva Bermejas. Nous avons réalisé une jolie balade sur un sentier à flanc de falaise. Il y a aussi un restaurant où il est possible de déjeuner.
Puis nous avons continué en voiture jusqu’au Pic de las Nieves qui est le sommet de la Grande Canarie à 1950 m d’altitude. L’air est frais comme en montagne et, par temps dégagé, il est possible de voir le Teide sur l’ile de Tenerife.
De nombreuses randonnées sont possibles dans le coin. Le site AllTrails est votre meilleure source d’information.
Le Roque Nublo, un sommet en forme de monolythe de basalte, très visible depuis le Pico de las Nieves est une jolie balade à faire.
Nos coups de coeur dans le nord de Grande Canarie
Nous avons emprunté, à l’aller, l’autoroute pour aller dans le nord. Deux villages superbes sont à visiter : Teror et Artenara. Puis nous sommes revenus par l’intérieur de l’ile et les petites routes jusqu’à Maspalomas.
Le village de Teror est un incontournable avec ses jolies maisons colorées. la basilique Nuestra Senora del Pino est à voir.
Le paysage est fait de collines beaucoup plus verdoyantes que vers Maspalomas, car les nuages arrivent en général par le nord. Nous avons d’ailleurs constaté que nous ne devions pas trop nous inquiéter pour la météo. Un col ou un sommet, surtout dans le nord, peut-être dans la brume et la bruine alors que la vallée, juste après, tout à fait ensoleillée.
Un peu plus loin, Artenara, à 1270 m d’altitude, est le village le plus haut de la Grande Canarie. Il abrite de nombreuses maisons troglodytiques. Le plus étonnant est que nous avons complètement oublié l’aspect insulaire de la Grande Canarie. Nous nous imaginons bien être au fin fond d’un grand continent !
L’ouest de Grande Canarie et ses falaises spectaculaires
Nous commencons cette excursion dans l’ouest de l’île par Agaete qui est un petit village de pécheurs à tout points de vue à l’opposé de Maspalomas. Il est situé dans la zone nord et humide de l’île. La plage est faite de sable et de roche noir volcanique. L’ambiance est très canarienne et les touristes anglais ou allemands bien loins !
Agaete est aussi un port qui permet de relier Tenerife avec un ferry.
Nous avons déjeuné dans un restaurant de poissons avant de prendre, tout le long de la côte ouest vers le sud, une route vertigineuse vers le sud en surplomb de magnifiques falaises.
Le long de cette côte nous avons vu les paysages que nous considérons comme les plus spectaculaires de l’ile.
Puerto Mogán : un joli port de plaisance un peu trop touristique
En arrivant d’Agaete nous nous sommes arrêtés à Puerto Mogan, un petit port qui ne manque pas de charme, mais sa facilité d’accès et sa proximité des grands resorts de la Grande Canarie l’ont rendu très touristique.
L’évitable tourisme de masse à Grande Canarie
Depuis Puerto Mogán, par curiosité, nous avons pris la route côtière pour retourner à Maspalomas.
C’est là où se concentre le tourisme de masse de l’ile avec des complexes hôteliers qui tapissent littéralement les montagnes, notamment à Puerto Rico. Cela nous a laissés plutôt songeurs sur la voracité des promoteurs immobiliers espagnols.
Heureusement, encore plus qu’à Tenerife, le tourisme de masse à Grande Canarie est très concentré géographiquement. Vous pouvez donc l’éviter facilement.
Las Palmas : la capitale des Canaries
Las Palmas est notre dernière excursion sur la Grande Canarie.
Elle dispute le titre de capitale des Canaries avec Santa Cruz de Tenerife. J’aime beaucoup Las Palmas. C’est une vraie métropole avec sa multitude de quartiers et ses 400 000 habitants. Bien sûr on y va pour visiter la vieille ville dans le quartier de Vegueta qui est très intéressante et belle.
Deux lieux majeurs sont à voir. D’abord la cathédral de Santa Ana de Canaria et ensuite la Casa de Colón qui un intéressant musée sur les expéditions de Christophe Colomb.
Mais si vous en avez le temps, allez découvrir d’autres quartiers et en particulier la playa de los Canteras qui fut la première zone touristique des Canaries il y a plus de 60 ans.
Elle a gardé son air un peu vintage que l’on retrouve dans ce magnifique reportage du vol Sabena de Bruxelles à Las Palmas dans les années 60 : « la caravelle du soleil ».
Las Palmas est aussi un port marchand très actif qui donne à la ville son atmosphère à la Corto Maltese.
Nous n’avons passé qu’une journée à Las Palmas, mais cela peut valoir le coup d’y dormir au moins une nuit pour mieux profiter de son ambiance. C’est quelque chose que nous ferons certainement dans l’avenir.
Départ de la Grande Canarie par ferry
Las Palmas est un nœud maritime qui permet de rallier par ferry, avec ou sans sa voiture, les différentes iles de l’archipel. Il existe même un ferry pour retourner vers le continent européen en Andalousie. J’espère pouvoir le prendre un jour ! Cela doit être autrement plus fun que de venir en avion sur les « low-cost ».
Après une semaine à Grande Canarie, nous laissons notre voiture de location au port de Las Palmas pour rejoindre en bateau Fuerteventura, la troisième ile de notre périple.
La suite de notre voyage est dans mon article : « De Fuerteventura à Lanzarote ». Spoiler : Nous allons découvrir d’autres facettes des Canaries qui ne ressemblent en rien aux deux premières îles visitées !
Alors Grande Canarie ou Tenerife ?
Nous avons beaucoup aimé notre deuxième île canarienne. Comme à Tenerife, nous serions bien restés plus longtemps. Nous avons apprécié de pouvoir alterner des journées balnéaires avec des d’excursions.
Alors Grande Canarie ou Tenerife ? La question est inévitable mais la réponse aussi peu évidente que, par exemple, choisir entre la Martinique ou la Guadeloupe !
Grande Canarie nous a semblé très différente de Tenerife mais sans qu’il soit possible de les départager. Choisir l’une ou l’autre pour une première découverte des Canaries n’a pas d’importance. Il y a de grandes chances que vous souhaitiez y revenir, comme nous, car les deux îles nous ont vraiment plu.
Merci Jacques pour ce retour d’expérience riche en détails et d’une rare authenticité.
Petit feedback à chaud en ce qui concerne Masca où nous ne sommes restés que moins d’une heure: c’est blindé de touristes, et la route est effectivement très très escarpée et trop peu large. Je ne me verrai pas la prendre plusieurs fois par jour, comme c’est le cas quand on rayonne dans les environs (pas mal de plages à voir par exemple).
Également, je m’attendais à croiser des autochtones qui vivent traditionnellement… mais j’ai été mal briefé visiblement 😉
Mais effectivement le soir sans touriste ça doit être top !
Encore merci pour ton témoignage !
Merci Quentin pour ton retour. Lorsque nous étions à Masca c’était pendant la période Covid et donc la fréquentation était moindre qu’habituellement.
Bonjour Jacques, je viens de dévorer votre périple aux Canaries. Je me suis régalé. Comme nous partons très bientôt à Grande Canarie pour 1 semaine, je voulais te remercier pour ce témoignage précieux.
Merci Diego et bon voyage !