Une fabuleuse île au nom imprononçable

Après deux mois de confinement entre Paris et Amsterdam nous avions besoin de nature et de nous ressourcer. Il nous fallait trouver un endroit facile d’accès et sans quarantaine.

En en parlant à mes collègues néerlandais, ils m’ont dit « va à Schiermonnikoog. Tu verras c’est fabuleux. C’est une île sans voiture. On y circule à pied ou en vélo ». Après m’être fait répéter trois fois le nom, « Chir — Monique — Hogue », puis épeler péniblement j’ai réussi à la repérer sur la carte ! Alors, bingo ! C’est l’une des îles de la Frise que je voulais tant visiter.

Puis, petite recherche sur le web pour savoir comment s’y rendre. Il nous faudrait rejoindre le port de Lauwersoog. Pas trop pratique en train puisque la gare la plus proche est à Leeuwarden à 45 km de là. On se décide pour louer une voiture et en moins de deux heures nous y serions et, en prime, nous aurions la possibilité de voir en chemin la fameuse digue de Afsluitdijk

Mais grosse déception : Tout est plein !

Avec le Covid les Néerlandais restent chez eux dans leur pays et ils se sont tous précipités vers les îles de la Frise. Mais avec un peu de ténacité dans nos recherches sur le web, nous finissons par trouver un appartement à l’hôtel Graaf Bernstorff. Signe que Schiermonikhoog est un petit paradis connu que des locaux : le site internet de l’hôtel n’existe qu’en néerlandais.

Ça y est nous sommes partis ! Pour rejoindre l’île, nous prenons un ferry qui traverse la mer des Waden. Celle-ci est tellement peu profonde que le bateau doit zigzaguer nonchalamment pour suivre un chenal… Cela donne un avant-goût de l’impression de langueur et de tranquillité que l’on retrouvera à destination.

Le seul village de l’île

Notre hôtel se situe au centre de la seule localité de l’île. Pour y accéder, on doit passer par une arche faite de deux mâchoires de baleine ! Lointain héritage de la période où les pêcheurs partaient à sa chasse.

Dans le village ce qui frappe l’esprit, encore plus les oreilles, est le calme. Les bus électriques de l’île ne circulent qu’au moment des arrivées du ferry. Le reste du temps, on n’entend que le bruit des vélos et des groupes de piétons qui discutent. C’est là où l’on prend conscience que le trafic automobile est une pollution sonore permanente dans l’immense partie du monde habité.

Le village est relativement étendu avec son centre qui date du début du XVIII siècle.

La plage c’est le festival des sens !

Mais si l’on vient à Schiermonnikoog c’est d’abord et avant tout pour sa plage. Elle est immense et se targue d’être l’une, si non, la plus grande d’Europe ! Le paradoxe est que l’île est de petite taille et se découvre facilement à pied ou en vélo.

La plage c’est le festival des sens ! La vue avec ses étendues à perte de vue, l’odorat avec l’iode qui imprègne les narines, le toucher avec le vent sensuel parfois câlin, tendre ou violent. Le goût avec le sel marin.

Hormis sur une petite partie centrale de la plage entre les poteaux 2 et 7, libre à vous de vous balader ou nager complètement nu. Les Néerlandais sont à l’aise avec la nudité et vous ne choquerez personne. La sensation de liberté n’en est que décuplée.

La meilleure façon d’apprécier la plage est de tout simplement marcher pendant des heures le long de la mer en jouant avec les vagues, les mouettes, les flaques d’eau et les coquillages que la marée a laissés derrière elle.

Derrière une apparente monotonie, il y a une incroyable diversité. Ne serait-ce qu’avec la météo ! Pendant un séjour estival, et même printanier, vous pourrez avoir des moments de chaleur avec un soleil qui vous fera regretter d’avoir oublié votre crème solaire haute protection, votre chapeau et vos lunettes de soleil.

Mais le lendemain, voire plus tard dans la journée, vous devrez vous protéger du vent ou de la pluie avec une chaude polaire et une bonne parka. Schiermonnikhoog est capricieuse et ne se laisse pas découvrir facilement. Mais, quelle que soit la météo, l’ile va vous conquérir.

En ce qui nous concerne, fin mai, nous avons eu beaucoup de soleil, mais également un vent parfois violent. Nous avons fait une longue balade en vélo sur la plage avec, à l’aller, l’impression de remonter une forte pente de montagne et, au retour, d’avoir pris des bicyclettes électriques ! Nous nous sommes aussi baignés ce que nous n’aurions jamais cru possible à cette époque de l’année.

Un parc national, paradis des oiseaux

Un parc national constitue une grande portion de l’intérieur de l’île, véritable paradis pour les oiseaux. Plusieurs sentiers de randonnée permettent de le traverser. Dans notre cas, nous avons dû nous contenter de l’observer de loin. En effet, au printemps à la saison de la reproduction une bonne partie du territoire est interdit d’accès.

Nous en avons donc profité pour aller nous balader dans la superbe forêt de pins avec ses odeurs entêtantes située juste à côté du village.

Prendre son temps !

Le vrai plaisir de l’île, selon moi, c’est de prendre son temps, d’observer la nature, les gens qui s’amusent, le ciel et la mer toujours changeant…. Schiermonnikhoog c’est avant tout un art de vivre. C’est pourquoi il faut y rester plusieurs jours pour pleinement l’apprécier.

Nous avons eu l’impression qu’il y avait surtout des habitués qui venaient à Schiermonikhoog. Avec, pour certains, la chance d’y avoir leur maison de vacances. C’est un endroit où nous aurions aimé grandir en temps qu’enfant ou adolescent. C’est un immense terrain de jeux qui ne demande qu’à être découvert et en toute sécurité puisque l’île est petite et sans voitures.

Et nous terminions chaque journée avec un verre de bière, grande tradition néerlandaise, à la terrasse de notre hôtel !

Ce séjour de 4 jours à Schiermonnikhoog nous a ravis. Le confinement nous a semblé loin. Un dépaysement total pas loin de chez nous. En voiture, c’est à 7 heures de Paris, moins loin que d’aller dans le sud de la France.

Et d’ailleurs, nous nous sommes demandé si nous ne devrions pas y acheter une maison pour y revenir plus souvent. Celle-ci nous a bien plu ! Qu’en pensez-vous ?