Londres à Dublin en train et ferry via Liverpool et Belfast

Il n’existe pas de tunnel entre la Grande-Bretagne et l’Irlande. Aussi, si l’on veut éviter l’avion, il est obligatoire de prendre le train et un ferry. La voie la plus directe consiste à prendre un train de Londres à Holyhead en 3 h 40 suivi d’une traversée en ferry de 3 h 15.

J’ai choisi d’y aller en passant par Liverpool et Belfast et ainsi découvrir deux villes que je ne connaissais pas.

Ce voyage n’est qu’une étape d’un périple qui m’a mené de Paris jusqu’en Irlande. Découvrez mon récit à travers une série d’articles, dont celui-ci est le troisième.

Mon voyage de Paris à l’Irlande en Train et Ferry

Je voulais aller en Irlande, mais en évitant de prendre un avion qui m’aurait parachuté sur place en moins de deux heures, sans la moindre transition.

Je désirais également prendre le temps d’y aller en privilégiant le confort et le plaisir des moments de transport qui, selon moi, font partie intégrante du voyage.

L’Irlande étant une île, j’ai donc combiné le train et le bateau pour m’y rendre, en faisant quelques arrêts touristiques sur mon trajet.

Mon voyage a duré 12 jours selon le trajet suivant :

Programme voyage Irlande

Je raconte mon voyage en quatre articles successifs :

  1. Paris à Londres en train et ferry via Dieppe et Brighton
  2. Londres en bateau et à pied au fil de la Tamise
  3. Londres à Dublin en train et ferry via Liverpool et Belfast : vous y êtes !
  4. Dublin à Paris en Ferry et Train via Cherbourg.

Dans le dernier article (No 4), je vous donne aussi quelques conseils pratiques pour vous aider à organiser votre propre voyage.

Tous les textes en couleur corail indiquent un lien interne ou externe que je vous invite à cliquer.

Jour 6 : Londres — Liverpool en train

Après une visite de Londres consacrée à la Tamise, je continue mon voyage vers Liverpool. Je quitte mon hôte à Chelsea et je me rends à la gare de Euston en prenant une dernière fois l’Uber boat et puis le fameux métro : le Tube.

La gare de Euston sans aucun intérêt

La gare de Euston n’a rien de remarquable. Le bâtiment d’origine a été détruit dans les années 60 et remplacé par une construction très quelconque. À l’époque, cela avait été un vrai scandale auprès des Londoniens.

Seul le panneau d’affichage de départ des trains mérite d’être mentionné pour ses informations très complètes.

London Euston Station

Voyage avec la compagnie Avanti West Coast

C’est avec Avanti West Coast que je me rends à Liverpool qui est distant de 330 km. La compagnie est surtout réputée pour ses trains modernes : les Pendolinos. Leur technologie leur autorise de s’incliner dans les virages, ce qui permet des vitesses plus élevées tout en offrant un trajet plus confortable. J’ai le choix entre trois classes :

  • First class : le haut de gamme avec des fauteuils larges et confortables ainsi qu’un service repas (très léger) inclus. En gare, Avanti propose un accès à un salon. Les prix de cette classe sont très élevés.
  • Standard Premier : ce sont les mêmes fauteuils qu’en première classe, mais sans les repas. Cette classe est un bon compromis entre confort et prix.
  • Standard : les fauteuils sont plus étroits et serrés, et je les ai trouvés peu confortables. De plus, près d’un tiers d’entre eux n’offrent aucune visibilité, car ils sont placés le long des larges trumeaux entre les fenêtres.

Avanti West Coast

Mon train partant à 9 h 41 et le voyage ne durant qu’un peu plus de deux heures, je n’ai pas besoin de repas. J’opte pour la Standard Premier à un prix plutôt intéressant, ayant organisé mon voyage plusieurs semaines à l’avance. Le fauteuil est confortable et, comme le train est très peu rempli, j’ai même l’espace devant moi de libre.

La campagne anglaise verdoyante

Le printemps 2024 a été très arrosé et je constate en voyant de nombreux champs inondés. Nous contournons la seconde plus grosse ville d’Angleterre, Birmingham.

Les paysages très agricoles sont relativement plats avec, de temps en temps, de jolies fermes.

À Crewe, j’aperçois le musée ferroviaire qui est l’un des plus réputés du monde. Je ne le savais pas, car, si non, j’aurais prévu un arrêt pour le visiter entre deux trains !

Campagne anglaise

En nous approchant de Liverpool, nous traversons des banlieues à l’apparence de corons assez misérables.

Banlieue Liverpool

La gare de Liverpool Lime street est très belle

C’est sous une pluie battante que j’arrive à Liverpool. L’immense verrière en fer forgé de la gare, datant du XIXe siècle, est magnifique et prouve bien son utilité pour nous protéger des intempéries.

Liverpool Lime Street Station

Jour 6 : Liverpool, la ville des Beatles

En descendant de mon train, je me rends au School Lane Hotel, situé dans un bel immeuble construit en 1850 avec des fenêtres à guillotine d’origine, bien que celles-ci soient bloquées soi-disant pour des raisons de sécurité. Alors qu’il fait 18 degrés dehors, je suis obligé de mettre l’air conditionné ! C’est un non-sens écologique.

J’ai un après-midi pour me balader dans Liverpool.

Map of Liverpool

Le second port du Royaume-Uni au XIXe siècle

Liverpool a connu un âge d’or aux XVIIIe et XIXe siècles, devenant le second plus important port du Royaume-Uni.

Malgré la pluie incessante, c’est donc par les docks que je commence ma visite. Le Royal Albert Dock a été très bien rénové avec plusieurs commerces autour d’une marina.

Royal Dock Liverpool

Le long des quais, je suis assez mélancolique en regardant les mouettes s’envoler et en lisant les nombreuses plaques commémoratives de naufrages. Je pense aussi aux 9 millions d’émigrants européens qui, entre 1830 et 1930, sont partis de Liverpool vers l’Amérique du Nord ou l’Australie. Pour la majorité d’entre eux, ce fut un aller simple pour fuir une vie de misère et de pauvreté sur le vieux continent. Aujourd’hui, les quais semblent bien déserts.

Quais Liverpool

Lancastria

Le passionnant Mersey Maritime Museum

La pluie devenant vraiment dense, je me réfugie dans le Mersey Maritime Museum. Je l’ai trouvé passionnant. Des photos d’époque montrent la vie des dockers et les départs des migrants.

Migrants Liverpool

Deux paquebots y sont mis à l’honneur : le Titanic, dont le siège social de la White Star Line se situait à Liverpool, et le Lusitania, coulé par les Allemands lors de la Première Guerre mondiale.

Mersey Maritime Museum

Le musée évoque également le sinistre commerce triangulaire entre Liverpool, l’Afrique et les Amériques avec le trafic important d’esclaves.

Comme ailleurs au Royaume-Uni, l’entrée au musée est gratuite.

Une ville à la splendeur passée

En sortant du musée, la pluie a enfin cessé ! Je passe devant l’architecture audacieuse du musée de Liverpool pour me diriger vers les trois Grâces. En fait, ce sont trois immeubles datant du début du XXe siècle où siégeaient, entre autres, les autorités portuaires et la Cunard. Leur style et leur volume donnent un caractère très new-yorkais à la ville.

Liverpool Museum

Liverpool Three Graces

Je retourne dans le centre-ville qui montre une splendeur passée. Bien que la ville ait connu une dépression dans la deuxième moitié du XXe siècle, elle retrouve petit à petit une nouvelle vitalité.

Centre Liverpool

Le centre-ville est un immense quartier piétonnier avec de nombreuses boutiques.

Centre piétonnier Liverpool

Les Beatles chantent toujours au Cavern Pub!

Mais Liverpool ne serait pas Liverpool sans les Beatles ! Quarante ans après, la Beatlemania ne faiblit pas.

Je passe la soirée au Cavern Pub, là où ils ont débuté. Les jeunes de l’époque, qui ont maintenant dans les 70 ans, sont toujours de grands fans du groupe.

Cavern Club

Ce soir, cela tombe bien, car les « Beatles Complete » nous offrent un spectacle au Cavern Club qui n’a pas pris une ride !

Liverpool, une ambiance portuaire

Liverpool est une ville attachante avec son ambiance de ville portuaire. Elle a une histoire passionnante et j’y reviendrai certainement un jour, car mon séjour a été un peu trop bref.

Pour le moment, j’ai prévu de continuer mon voyage vers Belfast en ferry.

Jour 7 : Liverpool — Belfast en ferry

Une longue traversée de huit heures m’attend. De quoi ressentir l’impression d’une croisière pour le modique prix de 40 GBP, soit 48 EUR, à bord du MS Stena Edda de la compagnie Stena Line.

Rejoindre le port comme piéton n’est pas optimal

Comme souvent, l’accès aux ports de ferry en Europe n’est pas optimisé pour les piétons. Je vais à la gare de Lime Street prendre un train pour franchir le bras de mer qui sépare la ville du port de Birkenhead. Cependant, la gare d’Hamilton Square est encore loin et je dois marcher pendant vingt minutes dans la zone portuaire.

Embarquement Liverpool

À la découverte du MS Stena Edda

Notre navire est retardé d’une heure et demie à cause de la mauvaise météo rencontrée lors de la traversée précédente.

Cela me donne le temps de découvrir le MS Stena Edda. Ce bateau de 215 mètres de long peut transporter 1000 passagers et 120 véhicules. Il a été construit par les Chinois et livré en 2019. La décoration à bord est agréable avec une touche scandinave revendiquée par Stena Line, originaire de Suède.

Interieur Stena Edda

Le Stena Plus Lounge : un vrai plus!

Pour 30 GBP, soit 35 EUR, je me laisse tenter par le Stena Plus Lounge. Cet espace à l’avant du bateau offre de magnifiques vues sur la mer. Le salon ressemble beaucoup à ceux que proposent les compagnies aériennes dans les aéroports à leurs passagers business. On y trouve divers petits ensembles de fauteuils conçus pour répondre aux besoins variés de la clientèle, que ce soit pour voyager seule ou en groupe, ou encore pour travailler, déjeuner ou faire la sieste selon le moment.

Je choisis une méridienne avec une peau de mouton toute douce, face à la mer. Je me sens comme un pacha pour cette traversée !

Un buffet généreusement pourvu, avec un petit-déjeuner puis des snacks, est également proposé.

Stena Plus Lounge

Une traversée tranquille

Enfin, le départ ! Le bateau accueille un important trafic de voitures, camions et camping-cars. Nous glissons à travers l’imposant estuaire, totalement disproportionné, du petit fleuve Mersey, long de seulement 111 km. Nous avons une magnifique vue sur la skyline de Liverpool.

Liverpool Mersey River

Plus loin, nous voyons le nouveau port de containers à l’embouchure. Ensuite, c’est la mer d’Irlande.

Après la tempête de la veille, nous profitons d’une traversée calme, sans vagues. Peu après avoir quitté l’estuaire, nous passons entre un immense parc d’éoliennes et une plate-forme pétrolière. Le Royaume-Uni cherche à exploiter au maximum ses ressources énergétiques, pour le meilleur comme pour le pire. Un peu plus au nord de Liverpool se trouve la centrale nucléaire de Sellafield, dont les rejets ont rendu la mer d’Irlande la plus radioactive du monde selon Greenpeace !

Notre croisière se déroule paisiblement, agrémentée parfois du passage d’un autre navire. À mi-parcours, nous croisons le « sister ship » le Stena Ambla, assurant la liaison dans l’autre sens.

Traversée Liverpool Belfast

L’ile de Man : un paradis fiscal

Terre ! À environ deux tiers du trajet, nous apercevons l’île de Man dont nous longeons la côte sud. Le temps est très nuageux, voire un peu brumeux, ce qui stimule mon imagination à propos de cette île mystérieuse que j’aurais eue du mal, avant mon voyage, de la situer sur une carte.

Pourtant, elle est internationalement connue, plus par les investisseurs que par les touristes. En effet, c’est un paradis fiscal dont les côtés les moins reluisants ont été révélés par des journalistes dans l’enquête des Paradise Papers en 2017. De loin, l’île semble très austère, sans arbres, mais avec des prairies s’étendant jusqu’aux falaises bordant la mer.

Le grand avantage des bateaux par rapport aux autres modes de transport est de pouvoir se promener à l’intérieur comme à l’extérieur. L’air est frais et vivifiant, même si nous sommes déjà fin mai.

Ile de Man

Le port de Belfast, sept jours après mon départ de Paris !

C’est environ une heure avant notre arrivée que j’aperçois la côte irlandaise à travers les brumes !

Nous arrivons au port de Belfast, situé à l’embouchure du fleuve Lagan. Le paysage est très industriel et je le trouve fascinant.

Arrivée Port Belfast

Notre ferry a rattrapé une bonne partie de son retard, nous n’avons que trente minutes de retard sur l’horaire prévu. Il m’aura cependant fallu sept jours pour rejoindre l’Irlande : vive le « slow travel » !

J’ai prévu de visiter les deux plus grandes villes de l’île : Belfast et Dublin. 

Jour 8 : Visite de Belfast à l’ombre des Troubles et d’un naufrage

Nous sommes en début de soirée, après ma traversée en bateau de Liverpool Belfast, je me rends directement chez mon hôte. Je dine en sa compagnie avant de me coucher.

Le lendemain, je me lève de bon matin pour bien profiter de ma seule journée prévue à Belfast, car le soir je prendrai un train pour Dublin. Le soleil est enfin de retour même s’il joue à cache-cache avec les nuages. Cela fait du bien après le temps maussade de Londres et Liverpool.

La ville n’est pas très grande aussi, je me balade surtout à pied.

Map of Belfast

Le musée Titanic

Je commence par la visite du musée Titanic, qui attire 800 000 visiteurs annuels et est devenu une attraction majeure de Belfast.

L’architecture audacieuse du bâtiment rappelle les proues de paquebot stylisées en aluminium. Belfast entretient un lien fort avec le Titanic, car c’est là qu’il fut construit, ainsi que son « sister-ship » l’Olympic, en un temps record. Le chantier a profondément marqué la mémoire collective de la ville, comme j’ai pu le constater au musée.

En réalité, le musée n’en est pas vraiment un, parce qu’il ne présente que peu de pièces historiques. C’est plutôt un parcours ludique, mais très bien conçu, allant de la construction à la découverte de l’épave, en passant par la vie à bord et le naufrage.

Je comprends mieux l’importance de la construction du Titanic et de son « sister-ship » l’Olympic pour Belfast. Près de quinze mille ouvriers ont été mobilisés pendant trois ans avant leur lancement en 1910 et 1911. Plus encore qu’à Liverpool, le naufrage a laissé une cicatrice profonde dans la ville.

Étant donné que nous sommes en week-end, j’ai eu la bonne idée de venir à l’ouverture, car le musée est vite saturé par le grand nombre de visiteurs.

Titanic Belfast

Juste à côté, je visite le Nomadic, un transbordeur qui était basé à Cherbourg et assurait la navette entre le port et les grands paquebots comme le Titanic, qui devaient mouiller dans la rade. C’est un avant-goût de la dernière étape de mon voyage prévue à Cherbourg.

SS Nomadic

Le Centre-ville de Belfast

Je continue ensuite vers le centre-ville en longeant une marina au style très néerlandais. Ce quartier portuaire autrefois en déclin fait l’objet d’une vaste rénovation pour redorer le blason de Belfast, sérieusement entaché par les Troubles au siècle dernier. C’est là que se situe le Waterfront Hall.

Marina Belfast

Je fais un détour par le marché couvert Saint-Georges, principal point d’intérêt du centre, réputé également pour son animation musicale.

St George's market

Un peu plus loin, l’imposant hôtel de ville est impossible à manquer, bien que je trouve son architecture très lourde. À côté se trouve un mémorial du naufrage du Titanic.

City Hall Belfast

Ensuite, je déjeune au Crown Bar, l’un des pubs les plus célèbres de Belfast, avec sa décoration typiquement victorienne du XIXe siècle. Je reprends des forces avec un traditionnel fish and chips avant de me diriger vers le quartier de West Belfast.

En sortant, je croise un groupe de filles sur un vélo à bière déjà bien excitées pour fêter un enterrement de vie de jeune fille. Il est vrai que nous sommes samedi et que les soirées de Belfast sont connues pour être animées ce jour-là !

Crown Bar Belfast

Au cœur de West Belfast en mémoire des Troubles

Une visite de West Belfast me semble incontournable pour comprendre la période dite des Troubles dont a souffert la ville. Comme le quartier est un peu excentré et étendu, j’enfourche un vélo pour m’y rendre.

En me baladant, je suis frappé par l’apparence paisible du quartier. Les maisons alignées les unes contre les autres sont de taille très modeste, rappelant les rangées de maisons dans de multiples villes britanniques. Cependant, mon attention est rapidement attirée par les célèbres « murals » qui sont des fresques témoignages de l’oppression des autorités et des exploits des héros républicains. Je réalise que je me trouve dans un quartier républicain, favorable au rattachement à l’Irlande catholique.

Republicans district Belfast

Un peu plus loin, je traverse des quartiers loyalistes, reconnaissables à leurs nombreux drapeaux britanniques et aux murals célébrant leur cause ou leur passé. Je prends conscience que malgré le retour de la paix depuis les accords du Vendredi saint en 1998, les crispations persistent en sourdine. Les braises du conflit ne sont pas tout à fait éteintes et il suffirait de peu pour raviver les tensions.

Loyalist district Belfast

Quelques fresques murales véhiculent également des messages plus paisibles. Reflètent-elles peut-être mieux l’ambiance actuelle ?

Mural Belfast

Le quartier chic : Queen’s university

Je termine ma découverte de la ville avec le quartier du Queen’s university. Les maisons qui entourent le superbe bâtiment de style Tudor de l’université sont plus cossues et les jardins plus opulents.

Queen's university

Juste à côté, je visite la section histoire contemporaine du musée Ulster pour essayer de mieux comprendre la question irlandaise. Malheureusement le musée est présenté de manière confuse et, sans bien connaître le contexte, je n’apprends pas grand-chose de plus.

À proximité se trouve le jardin botanique agréable à visiter.

Belfast : un sentiment mitigé

C’est avec un sentiment mitigé que je termine ma brève visite de Belfast. La ville donne une impression de pauvreté et j’ai rapidement ressenti le malaise entre les deux communautés.

Ce qui m’a le plus marqué, ce sont les murs de la paix érigés pour séparer les Républicains des Loyalistes, toujours présents en 2024 bien que leur démolition ait été annoncée par les autorités.

Finalement, c’est le nouveau quartier autour du musée Titanic qui laisse entrevoir un avenir plus prometteur pour Belfast.

Mais il est temps maintenant de rejoindre Lanyon Place, la gare d’où partent les trains pour Dublin.

Jour 8 : De Belfast à Dublin en train

C’est, peut-être symbolique, mais il n’existe qu’une seule ligne ferroviaire entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, celle entre Belfast et Dublin.

Le train est géré conjointement par les chemins de fer d’Irlande du Nord, Translink, et ceux de la République d’Irlande, Irish Rail, sous le nom d’Enterprise. Au départ de Belfast, je dois acheter mon billet sur le site de Translink et non d’Irish Rail. C’est dommage, car chaque compagnie applique sa propre grille tarifaire, et Translink est nettement plus chère que sa partenaire du sud. Pour un billet de première classe, je paye 56 EUR au lieu de 35 EUR tel que vendu sur le site d’Irish Rail, mais avec obligation de faire émettre le billet dans une gare de Dublin.

Une Première classe avec un air de déjà vu

Je voyage en Première classe. L’harmonie des fauteuils rappelle étonnamment celle de l’un des TGV français.

Train Entreprise Belfast Dublin

Le confort est moyen et surtout l’inclinaison est très étrange : au lieu d’offrir un dossier inclinable vers l’arrière pour plus de confort, ils s’inclinent vers l’avant, comme pour aider une personne âgée à se relever !

Inclinaison fauteuil 1ere Enterprise

Une hôtesse assure un service payant à la place. Au milieu du train se trouve une voiture-bar pour les secondes classes. Un peu comme sur le Titanic d’autrefois, il n’est pas possible de circuler entre la Première et la seconde, car un portillon verrouillé délimite les deux espaces !

Belfast Dublin à petite vitesse

Nous quittons la quelconque gare de Lanyon Place, petite et peu fonctionnelle pour vite nous retrouver dans la verdoyante campagne irlandaise.

Le trajet se termine le long de la mer, offrant des vues sur de vastes plages.

Paysages Belfast Dublin

Mon train met 2 h 10 pour couvrir la distance de 170 km entre les deux villes. Les autorités réfléchissent d’ailleurs à une ligne à grande vitesse, car le train, tracté par une locomotive diesel, n’est pas très compétitif par rapport à la route.

Entre les deux Irlande, nous traversons une frontière non seulement entre deux pays, mais entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Pourtant je ne verrai aucun officier d’immigration ou de douanier, car nous sommes dans la « Common Travel Area » où la liberté de mouvement des personnes reste la même qu’avant le Brexit.

À Dublin, la gare de Connolly n’est guère plus attrayante que celle de Belfast

Les Irlandais ont encore du chemin à faire pour rendre la ligne ferroviaire plus attrayante. À la fin de l’année 2024, une nouvelle gare flambant neuve, la Belfast Grand Central Station, remplacera la gare de Lanyon. Ce changement devrait constituer une première étape vers un service amélioré.

Me voilà à Dublin après sept jours de voyage depuis Paris et trois jours depuis Londres !

J’aurais pu être plus « efficace » en y allant en avion et j’aurais été à destination en moins de deux heures. Cependant, mon choix de « slow travel » m’a donné l’opportunité de découvrir des villes auxquelles on pense moins.

Sur cette partie du trajet, j’ai découvert Liverpool, qui m’a captivé par son héritage maritime et son lien indélébile avec les Beatles, et Belfast, avec ses cicatrices visibles des Troubles, mais qui m’a aussi montré une ville en pleine reconstruction et cherchant à se réinventer.

Les traversées en ferry et en train ont ajouté une dimension paisible et introspective à mon voyage, ce qui était bienvenu après des visites intenses dans les villes traversées.

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