Voyage au Cap-Vert : les iles de Sotavento (1/2)

La chanteuse Cesaria Evora a fait aimer le Cap-Vert. Ce petit archipel au large du Sénégal est l’une des destinations de voyage les plus attachantes que je connaisse.

Nous y sommes allés pour la première fois en 2017 et nous n’avions qu’une envie : y revenir. Ce que nous avons fait en juillet 2022 avec un voyage de trois semaines.

Dans cet article, je vous raconte la première partie de  notre voyage dans les iles de Sotavento situées dans le sud de l’archipel du Cap-Vert

Découverte des iles de Sotavento (sous le vent)

Depuis Paris, via Lisbonne, nous atterrissons à Praia, la capitale du Cap-Vert, sur l’ile de Santiago.

De là, nous visitons d’abord l’ile de Brava, puis celle de Fogo et enfin l’ile de Santiago. Ce sont les iles de Sotavento.

Dans un deuxième article je raconte la suite de notre voyage dans les iles de Barlavento à Sao Vicente et Santo Antao.

Si vous ne l’avez pas déjà lu, sachez que je donne tous les conseils pratiques pour organiser votre voyage en indépendant au Cap-Vert dans un article dédié.

Itinéraire dans les iles Sotavento

Brava : l’ile verte

Brava est la première ile du Cap-Vert que nous allons découvrir. Comme c’est la plus difficile d’accès, c’est la raison pour laquelle je l’ai choisi au début de notre séjour. De cette façon, il nous serait plus facile de réorganiser notre circuit si des imprévus de transport nous empêchaient de suivre notre programme.

Aussi, dès le lendemain de notre arrivée au Cap-Vert, nous reprenons un avion pour l’ile de Fogo. Le vol en ATR72, un avion à hélices, ne dure que 15 minutes. Nous aurions préféré faire le trajet en bateau, mais nous avons renoncé face au manque de fiabilité des navigations maritimes interiles.

ATR42 de BestFly

Cependant, Brava ne possède plus d’aéroport. La seule façon est de prendre le bateau depuis Fogo avec une traversée d’environ une heure. Cela semble simple, mais la compagnie maritime ne dévoile ses horaires que le mois précédent du voyage et, de plus, ils changent tout le temps. Et au dernier moment, les retards, pannes et annulations sont fréquents. Difficile de planifier la visite de Brava dans ces conditions ! Il faut vraiment avoir envie d’y aller.

Liberdadi CV Interhilas

Ce jour-là, par chance pour nous, tout se déroule comme prévu. L’avion et le bateau sont à l’heure ! C’est de nuit, en début de soirée, que nous abordons l’ile au port de Furna.

À peine débarqué nous montons dans un aluguer qui va nous emmener sur la côte occidentale à Fajã d’Agua un petit port de pêche. La route en lacets grimpe hardiment vers la capitale Nova Sintra avant de redescendre de façon tout aussi sinueuse vers notre destination finale.

Le chauffeur fait de nombreux détours pour amener chacun à sa porte ou prendre de nouveaux voyageurs. Un service à la carte qui fait que nous mettrons plus d’une heure pour rejoindre notre hébergement situé à 15 km du port !

Aluguer

 

Carte Brava

Fajã d’Agua : le village de pêcheurs du bout du monde

À l’arrivée de notre aluguer nous sommes accueillis par un Néerlandais. Erick et Marijke qui sont tombés amoureux de Brava une dizaine d’années auparavant et s’y sont installés pour accueillir des touristes à la Kaza di Zaza.

Chemin pavé Brava

Mais, pour des raisons familiales, ils ont décidé de mettre en vente leur propriété et de retourner aux Pays-Bas. Nous avons encore eu la chance de pouvoir y loger. Notre petite maisonnette est très simple et basique, mais avec une vue superbe sur la baie de Fajã d’Agua.

L’impression de bout du monde est totale. Pendant notre séjour nous ne serons, sur Brava, que nous et une famille d’Européens. Pas d’autres touristes ! Un luxe qui devient rare. D’ailleurs pas question de demeurer incognito. Tous les iliens savent où nous sommes passés ! On nous le dira gentiment plusieurs fois.

Faja d'Agua

L’aéroport abandonné de Brava

Le lendemain de notre arrivée, nous décidons de profiter d’une journée cool après notre long voyage. Nous commençons par une visite d’aéroport ! Il n’a fonctionné que de 1992 à 2004. Face à l’atlantique et au pied des montagnes de Brava, l’aéroport d’Esperadinha s’est vite révélé trop dangereux à cause des vents violents de travers.

Aéroport Brava

En 2022, c’est l’occasion d’une visite pour le moins originale. Le terminal passager est bien délabré, mais la piste encore presque fonctionnelle. Déambuler sur celle-ci excite vivement mon imagination et me renvoie plus de 50 ans en arrière lorsque nous habitions en Algérie. Mon père y travaillait comme expatrié pour la construction d’une usine de liquéfaction de gaz. Nous résidions près de l’aéroport de Skikda qui venait d’être désaffecté. La piste d’atterrissage était un terrain de jeu fantastique pour le petit gamin de 8 ans que j’étais !

Auteur sur la piste de l'aéroport de Brava

Nous poursuivons notre balade le long de la côte jusqu’à la plage de Ribeira do Morro. L’occasion de nous plonger dans l’Atlantique qui est tout calme ce jour-là.

Plage de Ribeira do Morro

Au retour, nous nous arrêtons à des piscines naturelles où se retrouvent joyeusement les Cap-Verdiens pour barboter.

Piscines naturelles à Faja d'Agua

Première randonnée vers Nossa Senhora do Monte

Nous passons aux choses sérieuses pour notre deuxième jour à Brava : une vraie randonnée avec 700 m de dénivelé par une étroite vallée jusqu’au petit village de Nossa Senhora do Monte.

Randonnée vers Nossa Senhora de Monte

Notre marche commence dans le lit d’une rivière jusqu’au hameau de Lagoa. Ce sont quelques maisons et cases entourées de verger. Notre sentier passe au milieu des cours des maisons où les habitants nous saluent gentiment.

Comme d’en beaucoup d’endroits au Cap-Vert, les hameaux sont difficiles d’accès. Les Cap-Verdiens doivent marcher parfois plusieurs heures pour retourner dans leur ferme ou aller cultiver leurs plantations. Si la charge à transporter est trop lourde, ce sont des mules qui prennent le relais.

Hameau de Lagoa

Sur l’ile nous remarquons de nombreux champs abandonnés. La raison est que les pluies sont très irrégulières selon les années et qu’il est compliqué, voire impossible, de savoir si les semences vont prendre ou non. Derrière la douceur de son peuple se cache un pays très rude et pas toujours hospitalier.

Champs abandonnés Brava
Ferme abandonnée à Brava
Champs à Brava

Au bout de la vallée avec la rivière, nous retrouvons un magnifique sentier pavé comme on en trouve beaucoup à travers le pays. Heureusement pour nous, car le chemin devient très raide !

Chemin pavé Brava

Enfin, nous arrivons dans le joli petit village de Nossa Senhora de Monte où nous nous restaurons dans un petit café avec les vieilles villageoises hypnotisées par un film d’épouvante qui passe à la télévision !

Nossa Senhora de Monte

Nous revenons par le même chemin pour finir par une détente méritée dans les piscines naturelles de Fajã d’Agua

Randonnée vers le mont Fontainhas et Nova Sintra

Brava est une toute petite ile qui fait moins que la surface de Paris intra-muros. Mais son relief est très accidenté et la parcourir à pied demande de l’effort. C’est pourquoi nous décidons de quitter Fajã d’Agua sur la côte pour nous installer à Nova Sintra pour notre dernière nuit. Cela nous permettra de faire une autre excursion à l’intérieur de l’ile et de découvrir la capitale de l’ile à notre aise.

Nous logerons à la Villa Vicente chez Aisha et Elsa. Elles viennent nous chercher à la Caza di Zaza et nous déposent près de Nossa Senhora do Monte pour notre balade vers le sommet de l’ile. C’est dans un excellent anglais avec l’accent typique du sud des États-Unis qu’elles nous accueillent ! Nous apprendrons qu’Aisha et Elsa sont sœurs et qu’elles sont nées à Atlanta et ont grandi là-bas. Elles revenaient régulièrement voir leurs grands-parents sur l’ile de Brava et, depuis quatre ans, ont décidé de s’implanter définitivement pour ouvrir une petite auberge à Nova Sintra. Elles nous ont dit ne pas avoir regretté leur choix.

C’est l’occasion de dire un mot sur la diaspora cap-verdienne qui est d’environ 700 000 personnes pour une population locale de seulement 580 000. Au moins 250 000 Cap-Verdiens seraient installés aux États-Unis et beaucoup d’entre eux sont originaires de Brava. Ils reviennent pour les vacances et construisent des maisons qui se démarquent des autres par un côté un peu plus tape-à-l’œil !

Maison émigrant Américain

Notre randonnée du jour consiste à grimper sur le mont Fontainhas qui culmine à 976 m. On dirait plus une grosse colline qu’une montagne.

Les paysages que nous traversons sont étonnements verts ! Nous nous croyons plus aux Açores ou en Normandie qu’au Cap-Vert. Il faut dire que nous sommes fin juillet et que, cette année, les pluies sont au rendez-vous. La nature est magnifique.

Du haut du mont Fontainhas, nous découvrons les anciens cratères dont la forme est encore bien visible.

Mont Fontainhas
Vue depuis le Mont Fontainhas
Champs d'hibiscus à Brava

Nova Sintra

Nous passons la fin de la journée à Nova Sintra qui est une jolie bourgade aérée. Comme fréquemment au Cap-Vert, les villages et les villes sont bien entretenus malgré la pauvreté économique du pays.

Nova Sintra à Brava

Nova Sintra place centrale

Brava a été un coup de cœur.

Sa difficulté d’accès fait qu’elle est souvent ignorée des touristes et des voyagistes. Lors de notre séjour, nous avons croisé une seule autre famille d’Européens ! Tant mieux ! Nous y retournerons certainement un jour et pour plus longtemps que quatre jours.

Nova Sintra et Fogo au loin

Fogo : l’ile volcan

Nous revenons sur nos pas avec le bateau pour Fogo. À l’aller, nous y avions simplement transité. Cette fois-ci, nous prenons le temps de découvrir l’ile.

À bord du «Praia d’Aguada»

Nous embarquons sur le Praia d’Aguada qui est un vieux bateau mixte cargo passager. Il a été construit en 1999, mais nous lui donnerions facilement 20 ans de plus. Nous avons l’impression qu’il a servi de modèle à Hergé pour les albums de Tintin et du Capitaine Haddock ! À cause du déchargement de la cale, plus long que prévu, effectué avec la grue du navire, nous partons avec deux heures de retard.

Une centaine de jeunes de retour d’un rassemblement chrétien sont à bord avec nous. Chants, danses et fous rires nous entourent pendant toute la traversée qui ne dure qu’un peu plus d’une heure pour atteindre le minuscule port de Fogo. Nous ne sommes qu’une poignée à descendre en début de soirée, car la majorité des passagers continue vers Santiago. Heureusement pour nous, parce que l’escale est longue à cause du fret et le bateau ne repartira que vers minuit. Mis à part une petite dizaine de privilégiés qui auront accès à une cabine, tout le monde cherchera à s’allonger sur le pont ou à se vautrer, à l’intérieur, sur d’inconfortables fauteuils.

Nous mesurons bien la difficulté pour les Cap-Verdiens de se déplacer dans leur pays. L’insularité a du charme, mais est une source de grande entrave pour une économie pauvre.

Port de Brava
Cabine à bord du Praia d'Aguada
Praia d'Aguada
Embarquement du ferry à Brava
Chargement du ferry Praia d'Aguada
Sièges intérieurs à bord du Praia d'Aguada
Retour rassemblement chrétien à Brava
Praia d'Aguada

Le volcan de l’ile de Fogo

Si l’on va à Fogo, c’est avant tout pour visiter son majestueux volcan encore actif. Sa dernière éruption remonte à seulement 2014.

Nous montons gentiment en taxi, sur une quarantaine de kilomètres, jusqu’au bord de la Caldeira à 1700 m d’altitude. Et là c’est un choc visuel ! Le grand Pico s’érige devant nous du haut de ses 2829 mètres au milieu d’un paysage de cratères et de laves. Tout autour de la Caldeira se dresse une énorme muraille de plusieurs centaines de mètres de haut. Le panorama est à la fois austère et magnifique et je conseille fortement d’y dormir au moins deux nuits pour bien en profiter. 

Nous logeons à la Casa Alcindo, tenue par un couple capo-verdien et français. L’hôtel est simple et on y mange très bien. Par contre, pour éviter que les voyageurs gaspillent l’eau très rare, elle est uniquement froide. Inutile de dire que notre douche est rapide.

La photo par satellite sur Google Earth est spectaculaire. Fogo c’est avant tout un volcan !

Vue satellite Fogo (Google Earth)

Chã das Caldeiras :

Nous passons notre première journée à nous balader à pied dans la Caldeira. Les traces des coulées de lave de 2014 sont très visibles. Elles ont englouties de multiples maisons et une route. Depuis les villageois sont revenus malgré l’hostilité du volcan. En effet, la terre est très fertile et les cultures nombreuses. La plus remarquable ce sont les vignes qui donnent un vin tout à fait agréable à boire ! Nous ne nous en priverons pas pendant notre voyage.

Raisin de Fogo
Vignerons à Fogo
Coulée de lave dans la caldeira
Vignes sur l'ile de Fogo
Verger sur l'ile de Fogo
Casa Alcindo
Maison engloutie par la lave
Village de Bangaeira

Ascension du Gran Pico

Le lendemain est le grand jour de notre expédition sur le Grand Pico ! Nous partons à 6 h du matin pour éviter la chaleur. Nous sommes accompagnés d’un guide. La montée de 1100 m est longue, parfois un peu escarpée, mais sans difficulté particulière. Sur quelques passages nous devons nous aider des mains pour grimper plus facilement.

À 10 h nous sommes au sommet, au bord du cratère du Grand Pico avec une dizaine de touristes. Notre guide nous informe qu’en hiver, qui est la haute saison touristique, on peut s’y retrouver à une cinquantaine. Dans un environnement aussi fragile, cela permet de comprendre qu’il suffit d’une faible fréquentation pour créer des nuisances de sur-tourisme. D’où l’importance de partir avec un guide qui vous dit quoi faire ou ne pas faire pour préserver le lieu autant que possible.

Nous contournons le cratère pour descendre sur une autre face du Grand Pico vers le Petit Pico. La descente dans les lapillis qui sont des petits fragments de lave, est tout simplement jouissive : nous nous enfonçons jusqu’à la hauteur des genoux et nous laissons glisser vers le pied du Grand Pico !

Chã das Caldeiras est un lieu d’exception qui restera comme l’un des souvenirs les plus marquants de notre voyage au Cap-Vert.

Ascension vers le Gran Pico
Ascension vers le Gran Pico
Ascension vers le Gran Pico
Cratère du Gran Pico
Ascension vers le Gran Pico
Au sommet du Gran Pico !
A l'intérieur du cratère du Gran Pico
Descente du Gran Pico
Cratère de l'éruption de 2014
Gran Pico

Randonnée vers Mosteiros et la côte nord de Fogo

Le jour suivant nous quittons Alcindo, notre hôte, pour descendre, à pied, jusqu’à Mosteiros au niveau de la mer.

Après avoir quitté la Caldeira et son paysage lunaire, nous pénétrons dans la forêt dense et humide de Monte Velha. Le contraste est saisissant !

Forêt Monte Velha

Heureusement pour nous la journée est belle sinon les sentiers très abrupts et glaiseux auraient pu être plus difficiles par temps de pluie.

Chemin vers Mosteiros

Nous avons de splendides points de vue sur la côte nord. À mi-hauteur, nous sortons de la forêt pour nous retrouver dans les plantations.

Mosteiros

À Mosteiros, nous nous rassasions du plat typique des restaurants cap-verdiens : un poisson grillé accompagné de riz, de légumes (en fait des pommes de terre frites !) et de crudité. Simple, mais frais et fait maison.

Emilio, notre chauffeur sur l’ile de Fogo, nous attend comme prévu. Il nous emmène aux Salinas. C’est l’un des rares endroits de l’ile où il est possible de se baigner. Le lieu est séduisant avec des petites baies d’anciennes laves découpées qui forment comme des piscines naturelles. Nous nageons avec plaisir après nos journées de randonnées. Au-dessus de nous la côte s’élève de manière abrupte et spectaculaire.

Plage Salinas
Salinas
Côte nord de Fogo

Sao Filipe la jolie capitale de Fogo

Pour notre dernière nuit sur Fogo, nous choisissons de dormir dans un écolodge pas loin de la capitale de l’ile : Sao Filipe.

La Fora écolodge est une belle découverte. Helen et Aaron, un couple d’Américains, ont créé cet écolodge dans la campagne. Au loin nous apercevons Brava.

Fora ecolodge

Vue Fora Ecolodge sur l'ile de Brava

Sao Filipe est une jolie petite bourgade avec ses rues pavées qui mérite d’y passer quelques heures. Elle est établie sur une colline assez pentue, jusqu’à des falaises qui surplombe une immense plage de sable noir. Un bain nous tente bien, mais on nous l’a fortement déconseillée à cause des courants qui sont dangereux.

Sao Filipe se sont aussi de jolies maisons coloniales dont certaines abritent d’agréables petits hôtels de charme.

Une particularité des villes du Cap-Vert sont les peintures murales artistiques  que l’on retrouve un peu partout. 

Sao Filipe
Sao Filipe
Sao Filipe
Sao Filipe

L’ile de Fogo mérite plus que la seule visite de son volcan

Le principal attrait de Fogo est son volcan qui est exceptionnel. Mais nous avons trouvé que l’ile mériterait une découverte plus approfondie notamment sur sa côte nord. Nous y sommes restés quatre jours, mais un séjour plus long ne nous aurait pas déplu.

Fogo

Santiago : l’ile africaine

Comme à l’aller, c’est par la voie des airs que nous rejoignons Praia sur l’ile de Santiago. Cette fois-ci, nous allons prendre plus de jours pour parcourir l’ile. Lors de la préparation du voyage, nous avons eu du mal à nous faire une idée du temps qu’il fallait passer pour la visiter.

Les avis sur les forums ne nous ont pas beaucoup aidés. Elle est souvent décriée, notamment sa capitale Praia, pour des problèmes de surpopulation et d’insécurité. Mais on la dit aussi offrant de très beaux paysages. Le mieux étant finalement d’aller nous faire notre propre opinion !

Praia la capitale à l’allure africaine

Praia est la capitale du Cap-Vert. La ville n’est pas très grande puisqu’elle ne possède que 150 000 habitants. Mais à l’échelle du Cap-Vert dont la population n’est que de 550 000 habitants, c’est énorme. De ce fait, c’est l’endroit du pays où l’on ressent le plus la pauvreté et un développement urbain anarchique.

On la surnomme parfois le petit Dakar à cause de son ambiance très africaine.

Vivre à Praia est certainement intéressant et pas désagréable. On trouve deux ou trois plages comme Quebra Canela qui sont animées et où il est plaisant de nager avec les locaux.

Le quartier résidentiel d’Achada de Santo Antonio est calme et plutôt joli. C’est là où nous avons dormi à la Syd’s Guesthouse. La maison d’hôte est simple mais calme et le petit déjeuner copieux et bon.

Praia offre aussi quelques restaurants sympathiques. Nous avons testés et appréciés le Roma tenu par un Italien ou, juste à côté, le Orla.

Cependant l’attrait touristique de Praia est assez limité. La ville historique située sur un spectaculaire plateau est vite visitée.

L’endroit que nous avons préféré est le marché. Il se divise en deux parties. La magnifique halle alimentaire et, un peu plus loin, le Mercado de Sucupira qui est le plus vaste du Cap-Vert.

Comme nous sommes restés que peu de temps à Praia je ne veux pas en tirer de conclusions trop hâtives, mais je pense que pour un voyage de seulement trois semaines au Cap-Vert il est souhaitable de ne pas s’y attarder, car il y a plus intéressant à voir.

La traversée de l’ile de Santiago

À Santiago, nous avons loué une voiture. Ce fut un excellent choix qui nous a donné la liberté d’aller où nous souhaitions. La circulation est peu dense et les routes principales sont de bonne qualité.

Nous avions prévu de rester trois jours à Tarrafal dans le nord de l’ile. Nous nous y rendons par une route qui parcourt l’ile en son centre. Ce premier jour nous avons de la chance, car le temps est splendide. Les vues sur des vallées profondes et fertiles, des pics vertigineux, les villages sont gratifiantes. À chaque lacet, nous faisons de belles découvertes.

Côte nord de Fogo
Côte nord de Fogo

Contrairement aux autres iles, Santiago est très habitée. Les villages sont nombreux et nous traversons également deux bourgs de taille plus importante : Sao Domingos au sud et Assomada au nord.

Assomada

Nous passons par le magnifique Parc de Serra Malagueta qui est le point de départ de randonnées.

Notre intention initiale était d’y revenir le jour d’après, mais la météo devenue plus maussade nous en a malheureusement dissuadé.

Parc Serra Malaguenta

Tarrafal : sa plage et son camp 

Tarrafal est supposée être la station balnéaire de Santiago. On y trouve déjà une jolie promenade aménagée le long d’une corniche avec même une piste cyclable. La plage de sable blond dans une belle anse est plaisante, surtout au moment du retour des pêcheurs.

Mais la ville ne possède aucune harmonie architecturale et le plan d’urbanisme est brouillon. On sent que les autorités veulent développer Tarrafal mais les moyens ne sont pas là. Elle n’a pas le charme de Sao Filipe à Fogo ou de Nova Sintra à Brava.

Nous dormons au Kingfisher Village. C’est un hôtel avec de jolis petits bâtiments autour d’une cour arborée. Il est plutôt cher selon les standards cap-verdiens, mais nous pensons qu’il mérite d’y séjourner deux ou trois nuits. L’accès à la mer se fait par des échelles.

Tarrafal est une étape presque obligée pour bien comprendre l’histoire tragique de ce pays. Juste à côté se trouve le bagne de Chão Bom de sinistre mémoire.

Il a fonctionné de 1936 à 1974. Il a d’abord accueilli des opposants portugais à la dictature Salazar et par la suite des indépendantistes cap-verdiens, des Guinéens et des Angolais. Chacun avait son bâtiment attitré.

Les conditions de vie étaient épouvantables et la visite du lieu permet de s’en rendre compte. Le travail forcé était de rigueur et les récalcitrants étaient enfermés de façon inhumaine à plusieurs dans une minuscule cellule sans fenêtre appelée le frigideira. Le plus ignoble était le médecin du camp qui faisait tout pour accentuer les souffrances des prisonniers en rationnant, par exemple, les médicaments. Une visite bouleversante.

Bagne de Chao Bom

Cidade Velha : l’ancien port du trafic des esclaves

Le dernier jour, avant de reprendre l’avion vers São Vicente, nous avons fait un détour pour visiter Cidade Velha. Aujourd’hui c’est un paisible petit village autour d’une jolie plage. Mais jusqu’au XVIIIe siècle, c’était une grande ville et un important centre névralgique dans la traite négrière entre l’Afrique et les Amériques.

Près de la plage se trouve une colonne en marbre. C’est un sinistre pilori où étaient torturés et tués les esclaves qui tentaient de s’enfuir.

Cidade Velha

Pilori des esclaves à Cidade Velha
Sao Filipe

L’ile de Santiago : une visite un peu frustrante

Nous avons été un peu frustrés par notre visite de l’ile de Santiago. Autant la première journée fut splendide, autant les suivantes, lors de notre séjour, furent brumeuses et pluvieuses. Nous n’avons donc pas pu découvrir l’ile comme nous l’aurions souhaité. Heureusement, notre hôtel à Tarrafal était agréable et nous en avons profiter pour ralentir le rythme et nous reposer.

La première partie de notre voyage dans les iles Sotavento du Cap-Vert s’achève. Nous quittons Praia avec un ATR72, un avion à hélices, pour un petit vol de 45′ vers São Vicente. Je vous raconte la seconde partie de notre voyage dans l’article consacré aux iles de Barlavento.

ATR72 BestFly

 

Commentaires

3 Commentaires 

  1. Joli descriptifMerci

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  2. Bonjour,
    Merci beaucoup pour toutes ces informations. Ça a été très utile pour l’organisation de notre voyage. Nous partons en octobre 2024.
    J’aurais aimé savoir quelle compagnie de location de voiture aviez-vous choisi à Santiago.
    Daniel

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    • Bonjour Daniel,
      Nous avions loué une voiture auprès de Delcar rent a car (www.delcar.cv). Nous avions eu des échanges de mail au préalable et ensuite tout c’est très bien passé. Un chauffeur nous l’a livré à l’aéroport.
      Cordialement
      Jacques

      Répondre

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