Pourquoi Åre ?

Habitués aux gigantesques domaines comme les Trois Vallées ou l’espace Killy nous appréhendions la taille des stations suédoises avec leurs montagnes moyennes culminant rarement au-dessus de 1000 mètres.

C’est pourquoi d’emblée nous choisissons la plus grande station : Åre située à environ 600 km au nord de Stockholm près de la frontière norvégienne. Et, cerise sur le gâteau, il y a même un train de nuit pour s’y rendre depuis la capitale. Un parfum d’aventure s’annonce seule contrainte nous devrons faire des tests « covid » à l’aller et au retour.

Faire du voyage vers Åre un plaisir

Le moyen le plus simple est de voler jusqu’à Östersund avec une escale à Stockholm puis de louer une voiture. Åre n’est plus qu’à une heure et demie de route.

Nous choisissons une autre option plus fun et dans l’esprit « land-trip ». Nous ne prendrons l’avion que jusqu’à Stockholm puis continuerons en train.

Et pour augmenter le plaisir, nous prévoyons un transit long à Stockholm. Notre vol Air France atterrit à midi pour un train qui ne partira qu’à 22 h 55.

Le double avantage est que nous ne nous inquiéterons pas d’un éventuel retard de la compagnie aérienne et nous aurons suffisamment de temps pour nous balader en ville et dîner.

Le jour J arrive enfin ! Notre test antigénique négatif est le sésame qui nous permet de rentrer en Suède. En moins de 20’, l’Arlanda Express nous emmène à 200 km/h dans le centre de Stockholm.

Un rêve que Paris attend depuis des années avec le CDG Express sans cesse reporté. De plus, une tarification intelligente fait qu’il est toujours plus attractif de prendre le train qu’un taxi que l’on soit un, deux, trois ou quatre.

En ville nous avons trouvé un super plan avec une chambre d’hôtel à… 53 EUR petit déjeuner compris !!! Oui, vous avez bien lu ! Alors, pourquoi s’en priver comme « day use » ?

Nous pouvons laisser nos bagages dans la chambre, nous reposer après notre balade en ville et de nous doucher avant de rejoindre notre voiture-lit. Et, sachant que nous ne pourrons prendre le petit déjeuner, l’hôtel nous prépare un petit sac à emporter.

À ce prix, la chambre n’a pas de fenêtre et ressemble à s’y méprendre à une cabine intérieure de bateau de croisière. Pour les plus jeunes, c’est une bonne alternative à l’auberge de jeunesse avec un confort plus élevé. L’hôtel est le First Hotel Kungsbron qui juxtapose la gare Centrale.

Nous ne nous étendrons pas sur notre balade dans Stockholm qui avait un petit air de nostalgie vers les lieux que nous aimions bien fréquenter lorsque nous y habitions. Cela fera l’objet d’un articles plus spécifique.

Les rues et les magasins nous semblent cependant bien déserts. Les restaurants sont ouverts, mais doivent fermer à 20 heures et limiter drastiquement leur capacité. Le « covid » est bien un fléau mondial.

Ce qui frappe aussi est l’absence de masque très rarement porté. Cela donne tout de suite plus d’humanité à une foule même dispersée. Un sentiment que nous avions oublié en France

Nuit en wagon-lit comme autrefois !

22 h 55. Notre train quitte lentement la gare Centrale. Notre voiture-lit première classe a le charme suranné de celles où je travaillais il y a bientôt 40 ans. Cela me rappelle l’époque, avant le TGV, où les skieurs empruntaient les trains de nuit pour aller dans les Alpes ou les Pyrénées.

En 2021, nous avons en plus, le privilège d’une toilette et une douche privative. C’est avec le doux bercement du roulement que nous nous endormons.

Après une très bonne nuit, nous nous réveillons à Östersund dans un paysage enneigé et avec les lacs gelés. La magie de la Scandinavie hivernale fait déjà son effet. Il y a une voiture-bistrot où un déjeuner (léger) nous est offert. Il complète celui que nous a donné l’hôtel la veille.

Åre : Une station de ski pour de « vrai » !

9 h 21. Nous arrivons en gare d’Åre. Dès la sortie du train, nous voyons les pistes de ski alpin.

Et, à première vue, nous sommes plutôt contents ! Les descentes semblent bien sportives. Åre ce ne sont pas des montagnes à vaches même si le haut du domaine n’est qu’à 1200 mètres et le bas à 400 mètres.

La récupération des clés de notre location de voiture se fait à la caisse du supermarché adjacent à la gare ! Très pratique pour faire nos courses de la semaine. En plus du saumon, « lax » en suédois, et des boulettes de viande nous trouvons même du « Mont d’or ». Nous pourrons nous faire une boite chaude comme chez nous

Deuxième étape : la location des skis. Nous perdons un peu de temps pour trouver un loueur qui propose une formule pas trop onéreuse pour changer nos skis à volonté entre le fond et l’alpin. Il est de plus situé dans le village de Björnen, relié au domaine skiable d’Åre, mais 15’ plus proche de notre chalet. Bonne nouvelle, car nous étions un peu inquiets de l’éloignement de notre hébergement par rapport aux pistes !

Et maintenant en chemin vers le chalet. Nous partons par une petite route de montagne encore tout enneigée. À notre gauche, la montagne d’Åre, à notre droite des forêts d’épicéas, de pins sylvestres et de bouleaux entrecoupés de lacs gelés et recouverts de neige. C’est superbe ! Et nous sommes tout seuls sur la route.

Juste avant d’arriver à notre chalet nous longeons un lac libre de glace. Nous découvrirons qu’il débouche sur un barrage et donc le mouvement de l’eau l’empêche de geler.

C’est une manière de rappeler que la Suède est l’un des pays les plus en avance avec la production d’une électricité quasi exempte de combustibles fossiles, combinant nucléaire et énergies renouvelables essentiellement hydroélectriques.

Notre chalet est la résidence principale d’une dame dans la cinquantaine. Elle nous fait visiter ce qui sera notre logement et nous laisse les clés. La confiance règne, car ses placards et ses armoires avec tous ses effets personnels restent libres d’accès.

Nous avons l’impression que c’est une cousine qui nous a prêté sa maison et non un Airbnb impersonnel.

Bien sûr, il y a un sauna pour nous récompenser de nos journées de ski. Le logement est cosy, lumineux avec ses larges baies vitrées. Le mobilier est un mélange de meubles traditionnels et d’Ikea. On se sent bien en Suède !

Une expérience de ski très alpine

En ces temps de « covid », c’est avec un plaisir un peu coupable que nous avons chaussé nos skis alpins.

Les Suédois ont pris une autre approche que la France en laissant les stations ouvertes, mais avec des mesures de protection renforcées. Qui a raison ? Difficile de répondre.En tout cas, nous avons apprécié le modèle suédois avec une mise en avant de la distanciation sociale sans obligation du port du masque.

La première bonne surprise est la qualité de la neige : elle est excellente partout. Les températures restent négatives plus longtemps que dans les Alpes et surtout sont plus constantes même en mars. La neige se transforme moins par des gels et dégels successifs. En plus, comme il a neigé pendant notre séjour nous avions la satisfaction de skier sur du velours.

La seconde bonne surprise est la taille du domaine. Nous avons skié trois jours en tout et avec des parcours toujours différents. Il y a des pistes bien raides où l’on peut se faire quelques poussées d’adrénaline, mais aussi des pistes toute douces où l’on se laisse aller à la rêverie. Le paysage est lui aussi plutôt varié : forêts de résineux ou de bouleaux et dans le haut un environnement très polaire avec des bâtiments complètement givrés. Et au loin, le regard porte toujours sur de magnifiques perspectives de zones inhabitées.

Skier à Åre a aussi quelques inconvénients.

La topographie du domaine sur plusieurs vallées fait que certains remonte-pentes stratégiques sont parfois un peu embouteillés.

Peut-être que cela a été renforcé par les mesures « Covid » où de nombreux sièges étaient neutralisés ?

Les files d’attente étaient organisées comme dans les aéroports pour permettre à chacun de garder la distance règlementaire d’un bâton de ski entre chaque skieur.

Ski de fond comme en Laponie

Nous sommes aussi des amateurs de ski de fond. L’expérience est bien différente du ski alpin avec une meilleure immersion dans la nature sans les artifices des remonte-pentes. L’effort physique est à la fois plus doux et plus endurant.

Notre technicité fait que nous le pratiquons plus sur un rythme de balade que de course. Nous nous sommes donc souvent retrouvés plutôt à la traine des Suédois qui galopent sur ces skis depuis leur plus jeune âge.  Mais peu importe, car nous souhaitions surtout profiter des superbes paysages sauvages et de l’impressionnant silence de la nature pendant l’hiver.

Nous avons skié dans deux endroits de la région.

Tout d’abord à Björnen. Les boucles font entre 5 et 15 km de long. Nous avons choisi la plus longue qui se fait en 2 à 3 heures.

Pendant notre séjour, nous avons eu tous les temps, du blizzard au grand soleil. Le ski de fond se prête mieux que l’alpin aux mauvaises conditions météo. Il procure même une sensation d’aventure avec le vent qui vous fouette le visage et les traces qui disparaissent au fur et à mesure que vous avancez.

Le deuxième endroit où nous avons skié est Södra Årefjällen, plus précisément au départ du village de Vålådalen. Et là, nous avons eu un coup de cœur !

La boucle de 18 km que nous avions choisie se déroule dans des paysages de forêts entrecoupés de grandes clairières qui laissent apparaître de nombreuses montagnes enneigées à l’horizon.

De plus, nous avons commencé dans un brouillard qui avait givré les bouleaux qui a laissé place à un superbe ensoleillement… que la météo n’avait pas prévu ! Tout à fait magique !

Un séjour « bi-ski » qui nous a enchantés !

Nous avons adoré l’alternance ski de fond et ski alpin. Les plaisirs qu’ils procurent sont très complémentaires et évitent la sensation de routine que l’on peut ressentir lors d’un séjour monoactivité.

Notre voyage de 7 jours a malheureusement été un brin trop court. La prochaine fois nous essayerons de partir de préférence 10 jours pour mieux en profiter. Il faut aussi considérer qu’il est difficile de skier dès le premier jour. Prendre ses marques dans un pays moins familier que le nôtre nécessite un peu plus de temps.

« Last but not least », le contact avec les Suédois a été très agréable. C’est un peuple plutôt réservé, qui cache une vraie chaleur et gentillesse. Nous avons fait plusieurs rencontres avec des Suédois curieux de voir ce que venaient faire des « Frenchies » dans leurs contrées septentrionales.

L’idée de ce voyage est née avec les contraintes du « Covid ». Mais nous retournerons certainement à Åre car nous avons été enchantés de notre séjour » bi » ski de fond et ski alpin !